L'Héritier de l'Empire. Très déroutant au premier abord de revisiter ce bouquin dix ans après la première lecture. L'effet nostalgie joue bien. Globalement je n'ai pas grand chose à redire.
Les personnages des films fidèles à l'image qu'on se fait d'eux. Introduction de personnage devenus incontournables par la suite : Talon Karrde. Mara Jade. Gilad Pelleaon. Thrawn. Borsk Feyl'ya. Et j'en oublie sans doute.
Karrde est tout de suite sympathique dans le rôle du contrebandier qui veut à tout rester neutre même si on se doute bien que ses idées le font plutôt tendre du bon côté. Mara Jade est au début très opaque. Au bout d'un moment c'en est presque irritant, car on ne sait pas pourquoi elle se comporte de la sorte... jusqu'à la petite "excursion" dans la jungle de Myrkr avec Luke du moins. Elle devient véritablement intéressante surtout ensuite en fait. Pelleaon est également attachant dans son genre, fidèle aux idéaux de l'Empire et pourtant on sent tout de suite que ce n'est pas un mauvais bougre. Fey'lya... bah c'est Feyl'ya quoi, dans toute sa splendeur ! On peut citer Winter aussi, la discrète mais intelligente et attachante (dans son genre) seconde de Leia.
Et enfin... Thrawn ! C'est amusant de le retrouver à ses débuts, surtout lorsqu'on a lu Outbound Flight peu avant, tant le contraste est important. Dans l'ensemble il est très bien mais il y a quand même deux ou trois moment où il se comporte un peu en salaud "gratuitement" (raser tout un bâtiment en représailles sur Wayland, exécution sommaire d'un enseigne, etc). Certes c'est le méchant, mais lors de ces passages, Vador n'aurait pas renié de tels actes. Un peu too much. Même en tant que tel, en ne tenant pas compte de ce que le personnage est devenu par la suite, ça casse un peu son côté froid, calculateur et réfléchi. Un élément était tout de même assez appréciable. Quand il dit à Pellaeon qu'il a du "détruire un monde" parce qu'il n'a pas compris l'art de l'espèce... La façon dont c'est dit, on peut quand même penser qu'il n'a pas fait ça juste par pure méchanceté, pour dire "je ne vous comprends pas donc mourrez mouahahahah". Zahn écrit qu'il a l'air triste quand il en parle. Je pense plutôt qu'il n'est pas parvenu à comprendre cet ennemi par son art et donc qu'il n'a pas pu élaborer de stratégie pour les neutraliser... et qu'il n'a pas eu d'autre choix pour les contrer que de les détruire. D'ailleurs il dit à Pellaeon que maintenant il commence à cerner leur art, et on sent vraiment du regret qu'il n'ait pas pu faire autrement. Il dit que c'est un de ses (ou son plus grand je ne sais plus) échecs dans ses campagnes dans les Régions Inconnues. En fait je trouve que cette anecdote le rend même assez sympathique et que ça contrebalance un peu les autres trucs que j'ai cité. Il n'a pas détruit gratuitement mais n'a pas eu le choix devant un ennemi imprévisible, et le regrette. Ca ressemble déjà plus au personnage que l'on connait ensuite.
Ah j'oubliais. C'Baoth bien sûr ! Dans ce tome on le sent déjà instable, sur une pente glissante niveau santé mentale. Là encore, c'est très sympa de le redécouvrir après avoir lu Outbound Flight, ça donne une nouvelle saveur à ses élucubrations. Notamment lors des mentions du "Vol Extérieur" (comme ça a été traduit en français à l'époque). Zahn a su bien développer son truc de manière cohérente n'empêche. Évidemment quelques soucis de dates par rapport à la Guerre des Clones, mais sinon c'est vraiment appréciable. Tout comme les mentions par Thrawn de son exil dans les Régions Inconnues par son peuple. Tout ce background a considérablement été développé depuis, mais voir les prémices de tout ça, après coup et en connaissance de cause, c'est vraiment sympa.
Autrement niveau histoire c'est bien construit. Zahn introduit un peu tout ce petit monde. Thrawn montre à quelques reprises son génie, même si la majeure partie du roman consiste en la mise en place de ses plans. Comme quand il arrive à deviner que la voix de Leia est en fait imitée par 3PO par exemple. L'analogie Thrawn/Pelleaon avec Holmes/Watson est criante quand le premier explique au second son raisonnement, sur un ton patient un peu paternaliste. Sur la fin, l'astuce des taupes minières bien trouvée aussi... même si on en vient presque à regretter que la Nouvelle République s'en sorte in extremis presque sur un coup de chance. De même que l'astuce de Luke pour échapper au rayon tracteur des impériaux. Livre bien rythmé, entre action, enquête (Luke sur Dagobah en particulier, c'était bien sympa), intrigues politiques, etc. Et personnages réussis. Vraiment pas grand chose à redire sur ce premier tome donc.
La Bataille des Jedi. C'est là que je trouve que c'est plus mitigé. Ce n'est pas mauvais, mais je trouve que ce roman constitue un vrai ventre mou dans la trilogie. Au final, il ne se passe pas tant de choses que ça.
Je ne reprends pas mon speech sur les personnages, c'est la même chose. Si ce n'est que Mara est moins hermétique et donc plus intéressante. Le nouveau venu, Garm Bel Iblis, est pas mal... mais son introduction peut être un peu trop "maladroite" (j'y reviens après). Enfin, Thrawn un peu moins salaud que dans L'Héritier... mais nettement plus en retrait, sans coup d'éclat particulier.
Finalement, c'est l'histoire qui "pèche" (toutes proportions gardées attention, c'est loin d'être mauvais, je me positionne surtout par rapport au consensus populaire qui veut que cette trilo soit parfaite et irréprochable). Il ne se passe pas tellement de choses vraiment significatives. Je retiens surtout l'intrigue de Leia avec les noghris, que j'ai bien appréciée, et qui aura son importance par la suite dans ses conséquences. Mais sinon, il s'agit surtout des luttes intestines de la Nouvelle République avec l'opposition Feyl'ya/Ackbar... et l'Empire est très en retrait dans ce tome, réduisant (presque) la menace sérieuse posée par l'attaque des taupes minières en fin de L'Héritier à un vague handicap. La Nouvelle République se plombe un peu toute seule. Thrawn a été malin sur ce coup en faisant accuser Ackbar de trahison, mais ça reste une stratégie assez passive. Mais pourquoi pas. L'autre intrigue, autour de la flotte Katana, n'apporte pas grand chose non plus au final. Certes c'est un atout non négligeable pour un camp comme pour l'autre... mais je ne sais pas, encore une fois, beaucoup de pages pour assez peu. Car par la suite, la flotte Katana sera à peine mentionnée, réduisant un peu l'enjeu en un rideau de fumée. D'ailleurs, c'est à cette occasion que Bel Iblis est introduit. Le personnage est plutôt bien, mais encore une fois, c'est peut être un peu longuet sur ses tergiversations sur le fait de rejoindre Mon Mothma... ses motifs semblent un peu capricieux vis-à-vis de la menace potentielle en face. Il y aurait eu peut être moyen de faire ça de manière un peu plus fluide. Les magouilles des contrebandiers (Niles Ferrier...) passent presque pour retarder l'échéance aussi. La bataille finale pour la possession des vaisseaux de la flotte Katana est un peu caduque vu que Thrawn en a déjà récupéré la majeure partie. J'ai tout de même bien aimé la rencontre Luke/C'Baoth et l'association forcée Luke/Mara par la suite. Donc bon, ça se lit bien mais finalement tome un peu mou et relativement peu important pour la suite, même s'il introduit quelques éléments indispensables comme tout ce qui tourne autour des noghris.
L'Ultime Commandement. Pour moi le meilleur des trois ! C'est vraiment l'aboutissement de tout ce qui a précédé. Tout est en place, on rentre tout de suite dans le vif du sujet.
C'est dans ce tome que les personnages sont au mieux. Mara est véritablement intéressante (bien loin de celle d'Allegiance donc) avec son dilemme. C'Baoth a définitivement perdu la raison et pète complètement les plombs. Thrawn aligne les coups de génie et surtout ne se comporte pas en salaud "bête et méchant" comme les quelques fois dans L'Héritier notamment. C'est là qu'il a vraiment la classe ! Bel Iblis se pose dans le camp de la Nouvelle République comme l'alter ego de Thrawn pour la stratégie (bien que moins génial bien sûr ! ). Que du bon !
Niveau histoire, comme je disais on ne perd plus de temps en mise en place. Les deux tomes précédents ont déblayé le terrain... et la campagne de Thrawn commence véritablement ! Avant ce n'était que des escarmouches si l'on peut dire... au point de (presque) se demander si la menace représentée par l'Empire à cette époque n'avait pas été un peu gonflée par la suite, parce que bon. Mais non bien sûr, c'est juste qu'avant ce n'est que de l'échauffement. Avec ce troisième tome, Thrawn sort le grand jeu. Dès le début avec la prise d'Ukio il berne l'ennemi en faisant croire à une nouvelle superarme ! Et ensuite pour deviner les stratégies de l'adversaire, etc. Les parties avec les contrebandiers sont vraiment sympas aussi (avec Karrde, Aves, Gillespee, Mazzik, Par'tah, Ellor, Ferrier...). Et enfin toute la partie finale sur Wayland excellente. Même si, pour faire un peu la fine bouche, les moments avec Lando dans le complexe des cylindres Spaarti ont un peu tendance à casser le rythme de l'alternance assaut de Bilbringi par la Nouvelle République et les contrebandiers/confrontation Luke et Mara vs. C'baoth et Luuke. Enfin bon, vraiment pour pinailler. Bon la mort de Thrawn se fait vraiment à cinq pages de la fin de manière un peu précipitée alors que tout allait au plus mal pour la République, c'est sûr que ça fait un peu coup de bol inespéré pour eux... néanmoins, grâce à tout ce qui a été fait précédemment autour des noghris, c'est cohérent et ne fait pas trop artificiel. Et Thrawn meurt en pleine gloire si on peut dire, ce qui est sans doute mieux ainsi.
Mention spéciale à la naissance de Jaina et Jacen ! Après tout ce temps c'est émouvant de relire cette scène !
Bref, le troisième tome est le meilleur et justifie à lui seul tout le bien que l'on peut penser de cette trilogie ! L'Héritier est vraiment bien mais sert surtout à la mise en place (nécessaire, ce n'est pas un reproche loin de là) des éléments. La Bataille est plus aléatoire malgré de bons moments. Et L'Ultime Commandement est le fruit de tout ce qui a précédé et excellent de bout en bout ! Dans tous les cas, le style de Zahn est fluide et les personnages sont plutôt biens écrits. Une fois de plus, je ne peux que constater le gouffre avec Allegiance. Ca me conforte dans l'idée que Zahn s'est bien foiré sur ce coup là mais que ça ne remet en aucun cas en cause ses bouquins précédents !
Enfin, point annexe : je lu la trilo en français (si si j'ai ressorti mes vieilles VF du Fleuve). Bah déjà à l'époque le Fleuve c'était pas parfait mine de rien... pas mal de coquilles quand même ! Heureusement la plupart sont plus des maladresses qu'une véritable incompétence comme ce qu'on a pu voir ensuite, mais bon. Des erreurs de mises en pages. Des tournures de phrases maladroites par le traducteur (quand on a l'habitude de lire en VO, ça saute d'autant plus aux yeux car intuitivement on devine les mots originels de l'auteur). Pas excessivement scandaleux mais bien présentes quand même. Toutefois il y a un truc qui m'a fait bondir tant c'est énorme et digne du Fleuve des pires moments (quoique ça vienne de la traduction des Presses de la Cité je suppose) : une confusion entre le verbe être et le verbe avoir ! Ce n'est pas une faute de traduction à proprement parler mais une faute de français !
Ca fait mal aux yeux !Le traducteur a écrit :Ca paraît toujours plus facile de se cacher dans l'ombre que ça ne l'ait réellement, dit Karrde.
Dans l'ensemble c'est très correct mais ce n'est pas nickel... je ne regrette pas d'avoir laissé tomber la VF depuis un bon moment !
Voilà, j'espère que ça aura réveillé de bons souvenirs à certains, cette trilo reste un gros morceau de l'UE !