Fini ! Et je dois dire que je suis partagé entre "excellent" et "mouais...", ça ne va pas être facile d'apporter une conclusion bien tranchée. Un peu des deux je suppose. Ptet ben qu'oui ptet ben qu'non : vive la Normandie !
On peut dire que la gestation de ce bouquin aura pris du temps en tout cas ! Le mystère de Plagueis "le sage" est donc maintenant entièrement levé, et ce de manière magistrale. Luceno est un vieux routard maintenant, on le connaît, capable du très bon comme du médiocre. Son dernier opus en date,
Millenium Falcon, faisait partie de la seconde catégorie. Qu'en est-il de
Plagueis ?
On connaît son style, j'ai cependant le sentiment qu'il s'est un peu affiné d'un point de vue purement linguistique. Ce qui est très bien ! Mais son style au père Luceno, c'est aussi son obsession légendaire pour les références à tout va... et
Plagueis ne déroge pas à la tradition. Ce qui est bien... et moins bien. Pour beaucoup de gens je sais que c'est le gros point fort de l'auteur. Pour ma part je serais plus circonspect. Je distingue trois types de références : les utiles qui font avancer l'histoire, les accessoires qui passent bien sans nuire à la fluidité et donc sont sympas, et les lourdingues casées de force juste pour dire "j'ai fait une référence". Et le problème c'est que Luceno lui ne fait pas cette distinction. Et que ça devient parfois limite ridicule tant on a le sentiment que certaines sont balancées de manière totalement artificielle. Heureusement, dans le cas de
Plagueis, la première catégorie est aussi bien représentée.
D'où les références qui font avancer l'histoire. Parce que c'est avant tout de ça qu'il s'agit avec
Darth Plagueis. Un raboutage de tous les éléments possibles et imaginables piochés à droite à gauche sur les magouilles menées par Palpy (et on le sait maintenant, Plagueis) jusqu'à l'épisode I. Là encore c'est très bien... ou pas. Niveau cohérence, c'est en béton armé, Luceno est un maître dès qu'il s'agit de construire un truc dans ce style. A ce niveau, je crois bien que lui seul en était capable. Oui mais. Oui mais ça pioche tellement ici et là qu'on a parfois le sentiment de lire un article encyclopédique
king size. Un article encyclopédique très bien foutu au demeurant, la question n'est pas là. On n'a en revanche beaucoup moins l'impression de lire un
roman. Le récit manque singulièrement de relief, ce n'est pas très vivant... c'est très factuel et assez peu événementiel. Luceno aligne les faits de façon ultra millimétrée mais il en résulte une certaine froideur du récit et une distanciation assez problématique vis-à-vis des personnages.
Le bouquin se compose de trois parties, étalées sur 35 ans, de -67 à -32. La première introduit Plagueis est reste la plus vierge en terme d'éléments pré-existants. On est vraiment avec le personnage, c'est sympa et donne un bon a priori. On se dit que les Sith ont fait du chemin depuis Bane ! Cet enthousiasme s'est ensuite pas mal essoufflé pendant la deuxième partie, qui connaît cependant un soubresaut quasi salvateur sur sa fin. Et enfin avec la troisième ça retombe un peu avant de regagner en vitesse alors que l'on s'approche de plus en plus de l'épisode I... et la fin est franchement délectable il faut l'avouer ! Soyez prévenus, il n'y a quasiment pas d'action du tout, il ne s'agit pour ainsi dire exclusivement que de manœuvres politico-financières. C'est pas un problème en soi, mais couplé au côté très factuel dont je parlais précédemment, eh bien... il en résulte qu'il y a assez peu de rebondissements ou de surprises, d'où un problème de rythme assez prononcé.
L'autre aspect des reprises d'éléments pré-existants, c'est que Luceno y fait bien sur référence pour tout bien relier, mais qu'il survole les éléments en questions, il ne détaille pas pour ne pas refaire redite. Autrement dit, à moins d'être un fan acharné de l'UE et de tout connaître sur le bout des doigts, il y a forcément des moments où on se dit qu'on rate un truc. On ne peut pas dire que ça empêche la compréhension à proprement parler, mais on a quand même l'impression de passer à côté de quelque chose. Alors oui cela dénote du travail d'orfèvre réalisé par Luceno pour que tout colle, c'est plutôt bien, mais...
Darth Plagueis n'est pas vraiment un bouquin pour le néophyte. Déjà que moi, qui ne me considère pas comme totalement ignorant de l'UE à défaut d'être calé sur tout, ait eu cette impression, alors le type qui débarque... à moins de consulter sans arrêt Anakinworld (l'encyclo de référence bien sûr !
) je ne vois pas comment on peut apprécier le truc à fond. Là encore la qualité/le défaut (rayez la mention inutile) du Luceno en mode encyclo ambulante, c'est que le bouquin ne tient absolument pas debout tout seul. Couplé à différentes sources par contre, oui, ça passe, mais le fait de se renseigner aussi souvent casse complètement le rythme de lecture et sort le lecteur du bouquin.
Pour finir, parce qu'il faut en parler, les personnages. Ce n'est pas dur il y en a deux : Plagueis et Sidious. Le reste, c'est de la figuration. Mais le parti pris est logique et cohérent avec la démarche donc je ne vois pas forcément ça comme un point négatif. Bon je ne vais pas trop en dire sur Plagueis parce qu'évidemment cela reviendrait à spoiler, mais franchement il est à la hauteur de son mythe et à une vraie évolution sur l'ensemble du bouquin, qui aurait pu s'intituler
The Life and Times of Darth Plagueis the Wise sans soucis ! Quant à Sidious, le personnage n'est pas amoindri ni écrasé par celui de son maître. C'est parfait. C'était le gros danger de montrer sa jeunesse et son apprentissage, et Luceno s'en sort avec brio ! Le tandem est très bien géré. Encore une fois j'y reviens, mais il est dommage que le côté factuel du récit distancie un peu le lecteur de ces deux là.
Voilà. Donc pour conclure mon pavé :
Darth Plagueis est un excellent article d'encyclopédie. Un bon roman ? C'est plus discutable. Quelques fulgurances sauvent heureusement un peu le bouquin de ce point de vue. Finalement, le gros point fort de
Darth Plagueis est aussi son gros point faible. Bon ça vaut le coup quoiqu'il en soit, après on ne voit plus l'épisode I de la même façon, voire toute la prélogie, à un degré moindre.