Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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H@n Solo
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Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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Prologue



Nar Shaddaa. La lune des contrebandiers. Qui survole le satellite de Nal Hutta a aussitôt tendance à le comparer avec Coruscant, à une échelle réduite. Et en effet, les similitudes existent : les deux planètes sont extrêmement urbanisées et leurs grattes-ciels respectifs montent à des hauteurs si vertigineuses qu’il n’est pas rare que la cime des plus hauts d’entre disparaisse sous les couches nuageuses de la stratosphère. Sur Coruscant, certaines zones sont protégées, comme les monts Manarai et les deux pôles enneigés, et d’autres recouvertes uniquement par de longues enfilades de bâtiments bas, surtout dans les espaces accaparés par les consortiums industriels. Sur Nar Shaddaa, en revanche, aucune espace n’est perdu : les Hutts, qui la contrôlent, ont fait utiliser chaque pouce de terrain disponible pour l’édification d’immeubles de permabéton. Un autre point commun existe entre les deux planètes : ses bas-fonds.
Comme sur la capitale de la République, les bas-fonds de Nar Shaddaa sont colonisés par ce qu’il faut bien appeler «la fange de la fange». La planète a beau être une plaque tournante importante pour le crime intergalactique, toute personne qui prétend faire son trou dans les métiers à risque que sont la contrebande, le mercenariat, l’escroquerie ou le meurtre, n’arrive pas toujours à ses fins. Dans ce monde marginal – et sans doute même plus que dans un mode de vie plus traditionnel – , la concurrence est rude et tous les coups sont permis.
Il est fréquent que certains êtres arrivent sur la lune des contrebandiers, la tête pleine de rêves de richesses faciles et de reconnaissance, mais le chemin qui y mène est semé d’embûche. Aussi n’est-il pas rare de croiser dans les bas-fonds de la planète-cité ceux que la réussite a dédaigné.
A vrai dire, beaucoup d’entre eux ne ressemblent plus à ce qu’ils étaient en arrivant. Les grandes gueules se sont tues. Les vêtements subtilement débraillés ont laissé place à des haillons informes. Même l’apparence générale de ces êtres n’a plus grand-chose à voir avec les standards habituels des espèces auxquels ils appartiennent.
Avec le temps, tous ces laissés-pour-compte finissent par se ressembler et à former une sorte de caste de ratés. Certains fuient toute autre présence, d’autres s’associent et se constituent des territoires, surtout autour des zones où sont stockés les déchets du monde « d’en haut », comme ils l’appellent. Pour eux, le contenu des poubelles est tout simplement vital : ils y trouvent de la nourriture, et parfois même des biens à troquer…pour subsister un peu plus longtemps.
Tous ces êtres abandonnés par la bonne fortune, dédaignés par le succès, ne souhaitent plus se sortir de leur humiliante condition : ils savent que cela leur est impossible. Une fois tombé dans l’oubli sur Nar Shaddaa, nul ne se relève. Ceux qui entretiennent vainement cet espoir déchantent rapidement, ou meurent tout aussi vite.
Les survivants sont désespérés, cyniques, et vivent en permanence l’échec de leur triste vie. Ils ont pris leur parti de leur condition, et savent pertinemment que rien ne leur permettra d’en sortir. Rien. Alors ils se contentent de végéter, non plus par volonté mais par instinct, certains même par habitude. Ils essaient par tous les moyens de retarder la fin violente qui les attend inéluctablement. Chaque moment est employé à survivre, à lutter. En attendant l'ultime délivrance offerte par la mort.

Les Hutts, dans un esprit de prévoyance qui ne leur ressemble guère, ont pris soin de bâtir proprement leur cité labyrinthique, au sens où ils l'ont doté d'un système d'épuration des déchets sophistiqué dès leur arrivée. C'est ainsi qu'un immense fleuve de déchets plus ou moins toxiques et vaguement liquides coule le long d'une large conduite souterraine, exhalant des odeurs méphitiques qui pourrissent l'air et les êtres qui le respirent, flots incessants de remugles infâmes qui s'attaquent à toute vie assez inconsciente pour vivre en ces lieux.

Pourtant, il y a de la vie en ces lieux. Des êtres autrefois intelligents squattent les berges de cet écoulement nauséabond. Mais ceux-là sont les pires des habitants des bas-fonds, dont ils représentent l'ultime déchéance. Ils ne sont plus rien. Moins que rien. A force, ils ont perdu la capacité de penser, et n'ont même plus conscience d’eux-mêmes. Ceux-là ne vivent pas, ils sont, tout simplement. Par un dernier effort civilisé mais inconscient, il leur arrive de se regrouper, mais ils ne forment en aucun cas une équipe, juste une somme d'anciennes individualités, réunis sans but.
Ils ne communiquent presque plus, même plus par gestes. Ils sont moins que les pâles copies des êtres qu'ils ont été. Un de ces groupes gît sur les berges. Plus que loqueteux, ses membres n'ont pas pris la peine de se lever depuis des mois. Pourquoi le feraient-ils ? Pourquoi penseraient-ils même à le faire ?
De temps à autre, tenaillés par la faim, ils se traînent lamentablement en grognant, lentement, vers cette bouillie informe qui coule à leurs pieds, et s'y abreuvent, bien que leurs entrailles se rebellent contre l'ingestion de ces substances qui ne font qu'altérer et détruire leurs organismes déjà défaillants.

A l'écart de tout groupe gît une créature qu'on a beaucoup de peine à croire vivante, de prime abord. C'est un amas de chairs et de guenilles, et l'on serait bien en peine de préciser où se termine l'un quand l'autre commence. Il faudrait un examen attentif pour se rendre compte que cet être appartient à une espèce reptilienne.
Son corps, dépourvu de toute pilosité, était jadis recouvert de petites écailles laiteuses et très serrées, qui lui garantissaient une protection naturelle bien plus solide qu'un simple épiderme de chair. Mais aujourd'hui, beaucoup sont tombées, lorsque sous le coup de démangeaisons furieuses, il est les a grattées jusqu'à les voir se détacher de son corps. Elles sont devenues molles et d'une couleur aussi terne que grisâtre. Elles ne mouchettent plus que la moitié de son corps, qu'elles partagent avec des plaques d'épiderme verdâtres, encroûtés et purulentes. Par ces chairs flasques suintent parfois un sang si vicié qu'il en est noirâtre, au lieu d'être du vert à base de cuivre inhérent à son espèce.
Son corps fut musculeux, mais il est désormais comme fondu, d'une maigreur aussi hâve que cadavérique. Ses derniers ongles-griffes ne sont plus capables de déchirer d'autres chairs que les siennes.
Ses yeux jadis perçants, entièrement noirs, sont recouverts d'une fine pellicule jaunâtre de mauvais aloi. Ses traits fins, autrefois taillés à la serpe, font ressortir ses os saillants, pommettes, crête frontale et menton pointu.
Son corps semble disloqué, ce qui n'a rien d'étonnant. De temps à autres, des gangs des niveaux supérieurs descendent à ce niveau et improvisent des parties de chasse, ou plus simplement des battues. Ils se défoulent sur les créatures qu'ils y croisent, et qui n'ont plus grand-chose de vivant. Un mois plus tôt, l'un de ces groupes est venu et en a fait sa cible. Ils l'ont roué de coups tout en se gaussant de lui, par pur plaisir sadique. Ils se sont esclaffés en entendant ses os se briser sous les impacts. Ils ont fini par abandonner cette pulpe sanguinolente qui, pendant que ces mauvais traitements lui étaient infligés, n'a pas émis une plainte ni ne s'est rebellé.
Car cet être ne vit plus, il n'est plus qu'une coquille vide. Son esprit s'est replié sur lui-même jusqu'à disparaître. Plus rien ne l'atteint, aucun stimuli n'est capable de le faire réagir. Rien. Le néant total.
Une semaine auparavant, c'est une adolescente zeltronne qui est passée devant lui, irradiant de peur, et courant comme si les tous les diables de l'univers étaient à ses trousses. De ce fait, ses poursuivants étaient trois humanoïdes, aux yeux brillants de haine et de convoitise. Ils l'avaient rattrapée un peu plus loin et entraînée dans un boyau adjacent. Elle avait hurlé plusieurs heures avant de se taire brusquement. Eux avaient fini par réapparaître, hilares et contents d'eux. Sans elle.

En d'autres temps, en d'autres lieux, dans une autre vie pour tout dire, jamais l'être reptilien n'aurait laissé ce genre de choses se produire. Il aurait tout balayé sur son passage et exterminé cette fange inhumaine quasiment sans effort. Mais tout a changé depuis un an maintenant, depuis ce jour maudit où il a achevé de perdre tout ce qu'il chérissait. Il a exterminé sa famille, de ses propres mains maudites. Il a tué son seul véritable ami dans la foulée. Il a fini par sombrer dans une catatonie dont rien ne semble capable de le sortir.

Tel qu'il est présentement, seule une analyse de ses tissus organiques pourrait montrer qu'il est un Skelor, espèce reptilienne en voie d'extinction. Mais, en l'état, nul ne saurait en dire plus à son sujet. Personne n'est plus là, même pas lui, pour donner le moindre indice de son identité. La galaxie a oublié le nom de Tel'Ay Mi-Nag. Lui y compris.
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H@n Solo
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Chapitre I



Skelor I

Ovelar Nantelek, Zabrak natif d’Iridonia, était heureux. Bientôt, quand il mettrait ses plans à exécution, il le serait encore plus, et le destin de la galaxie en serait changé à jamais. Pour l’heure, il se contentait de savourer l’instant présent. Le calme avant la tempête.
De taille moyenne et d’apparence ordinaire, nul ne voyait rien de remarquable en lui de prime abord. Une vingtaine de petites cornes, pas plus longues que cinq centimètres, parsemaient le dessus glabre de sa tête. En revanche, l’arrière de son crâne était nanti d’une épaisse chevelure poivre et sel qui lui descendait jusqu’au milieu du dos. Son visage, en temps normal placide et raisonnable, se paraît quand les circonstances l’exigeaient d’une expression farouchement déterminée. Alliée à un charisme certain, il était un homme respecté par tous ses interlocuteurs, surtout au début de sa carrière. Aujourd’hui, il avait dépassé depuis longtemps ce stade du faux-semblant et se contentait de régner sur ses ouailles par son instrument de pression favori : la peur.

Ovelar Nantelek avait beau être le nom sous lequel il était venu au monde, quatre-vingt ans plus tôt, il ne revêtait que peu d’importance à ses yeux, car il ne représentait qu’un artifice, une façade. Il en possédait un autre, connu d’un cercle très limité d’initiés. Pourtant, c’était ce deuxième nom qui caractérisait toute son existence et lui donnait tout son sens : Dark Omberius.
Pour être plus précis, ce nom était en fait un titre, porté par le Seigneur Noir des Sith. Doté d’une grande réceptivité à la Force, il avait été repéré dès son plus jeune âge par Dark Cerator, son prédécesseur et Maître, qui lui avait enseigné la maîtrise du Côté Obscur de la Force. Mais plus encore, il lui avait transmis la philosophie plusieurs fois millénaire des Sith. Ainsi qu’un but, inscrit dans son esprit depuis et pour toujours : contribuer à la chute de l’Ordre Jedi, leur ennemi mortel.
Il y avait plus de six cent ans désormais que les Seigneurs Sith ourdissaient leur revanche, dans l’ombre. Six siècles passés à développer leurs pouvoirs, depuis la funeste bataille de Ruusan, qui avait sonné le glas des ambitions des Sith…du moins au grand jour. Dark Omberius estimait qu’il devait diriger cette galaxie, comme ses prédécesseurs l’avaient déjà fait par le passé, et voulait la libérer de la mainmise Jedi. Le Seigneur Sith s’était avéré bien plus puissant dans la Force que ne l’avait escompté son maître. Il avait à peine atteint la vingtaine d’années quand il s’était débarrassé de Dark Cerator. A compter de ce moment, il avait eu les coudées franches et s’était senti prêt. Il allait devenir l’instrument de la vengeance des siens, et mettre au pas la République et ses maudits Jedi.

Omberius était très patient, et avait agi sur plusieurs fronts. Sous son nom d’Ovelar Nantelek, il s’était lancé dans la politique, avait un but ambitieux à l’esprit : fédérer sous son autorité les nombreuses colonies indépendantes crées par ses frères de race. Ces colonies, éparpillées sur les frontières de la République, représentaient cinq systèmes stellaires, en plus de leur planète-mère, Iridonia.
Au bout de quinze ans d’efforts de tous les instants et de machinations politiques, il en était enfin devenu le maître, interlocuteur incontournable pour la République. Il avait alors trente-cinq ans et n’était plus appelé que Ovelar Nantelek l’Unificateur par les siens.
Il avait continué à avancer, pas à pas : derrière la « ceinture » formée par l’Hégémonie Zabrak se trouvaient plusieurs systèmes intéressants à ses yeux pour des raisons stratégiques. Elles tombèrent toutes sous sa coupe, les unes après les autres, ouvertement ou non.
Par le biais d’intermédiaires, il avait corrompu le Conseil des Sages Ho’Din, dirigeants de la planète Moltok. Il avait alors été un jeu d’enfant de convaincre certains des plus grands guérisseurs et scientifiques Ho’Din de travailler pour lui secrètement. Comme bien d’autres êtres faibles de la galaxie, il avait suffit pour cela de leur faire miroiter des richesses incommensurables. Leur objectif était d’étudier les midi-chloriens, en vue de créer un virus anti-Jedi. Ce plan était particulièrement séduisant aux yeux de Dark Omberius, car les Jedi n’avaient pas peur de mourir ; les priver de leurs pouvoirs, en revanche…Certains mercenaires à sa solde, triés sur le volet, écumaient l’espace non républicain pour découvrir des êtres sensibles à la Force, les capturer et les livrer aux Ho’Din qui travaillaient pour lui. Autant de sujets d’expériences pour arriver à leurs fins. A ses fins.
Le deuxième point d’orgue de son plan avait été la découverte de Clereian : située près d’un trou noir, la petite planète était évitée comme la peste car son accès était extrêmement dangereux. Une vision dans la Force avait poussé Dark Omberius à s’y intéresser de plus près. Grâce à ses pouvoirs, atteindre la planète n’avait pas été loin d’être un jeu d’enfant. Et il n’avait pu que bénir la Force en s’apercevant que Clereian regorgeait de fer, dans des proportions qu’il avait rarement constaté ailleurs. Ne restait plus qu’à l’exploiter, car des projections d’armées de droïds et de croiseurs de guerre avaient alors dansé devant ses yeux, tel un appât irrésistible.
Il confia cette tâche a son apprenti, Dark Glaro. Sous son impulsion, Clereian fut peu à peu colonisée par des droïds ouvriers et miniers, acheminés là par petits groupes. La planète commença dès lors à livrer ses richesses. La première usine créée servit à construire de nouveaux droïds ouvriers, chargés à leur tour de parsemer la planète de nouvelles usines. Puis vinrent les usines d’extraction et de traitement du fer, d’armement, les droïds ouvriers, etc. Quelques années de production intensive suffirent pour qu’il soit envisageable de créer une véritable armée. Surgit alors le dernier point, le plus délicat : se doter d’une flotte de guerre.

Dark Omberius ne laissait rien au hasard : il avait besoin d’une dernière planète pour parachever ses préparatifs, et il choisit Skelor I. Cette ridicule petite planète était la capitale du système du même nom, vaguement colonisé par les autochtones, des êtres reptiliens si dépourvus d’imagination que le terme de Skelor ne désignait pas seulement le nom de leur système et de toutes leurs planètes, mais aussi de leur propre peuple.
Dirigés par une dynastie royale, les Skelors étaient profondément attachés à leur indépendance et avaient de tout temps rejeté les propositions d’adhésion des émissaires de la République. Sans alliés, et pourvus d’un minable chantier naval qui fournissait une petite flotte incapable de les défendre correctement, ils furent une proie facile pour Dark Omberius. Cinq années de machinations par des agents politiques infiltrés avaient suffi à préparer le terrain à l’invasion. Le coup d’Etat avait été rondement mené par des autochtones mécontents appuyés par des mercenaires Zabraks, Rodiens et Togoriens. La marginale armée royale, bien plus efficace pour le décorum que pour les actions de guerre, avait été balayée en un rien de temps.
Frapper vite et fort avait été le mot d’ordre, et des dizaines de millions de Skelors l’avait payé de leur vie. Quelques grandes villes avaient été rayées de la carte, bombardées depuis l’espace, et des camps de transit avaient été édifiés à la hâte pour parquer les Skelors « rebelles », tel du bétail. Beaucoup furent vendus comme esclaves : la république avait beau avoir résolument pris position contre l’esclavage, elle représentait plus l’exception que la règle parmi les diverses puissances de la galaxie.
La famille royale, symbole de l’unité et du rassemblement des Skelors, avait été une cible privilégiée des envahisseurs. La garde royale en avait séparé les membres et tenté de les faire évacuer de la planète. Seule une sœur du roi y était parvenue. Comme tous les rares Skelors qui avaient pu fuir, elle était partie dans le dénuement le plus total. Ceux qui avaient malgré tout réussi à s’enfuir étaient devenus des errants miséreux, citoyens de seconde zone partout où ils allaient, population précaire et sans espoir d’avenir.
Depuis, des dirigeants fantoches et grassement payés s’étaient succédés à la tête de la République Skelor instaurée, et Dark Omberius avait fait transformer le petit chantier naval en un complexe bien plus important et productif. Aujourd’hui, trente ans après le coup d’Etat, la structure tournait à plein régime et avait livré la flotte de guerre dont Omberius avait rêvé. Clereian, de son côté, fournissait les dizaines de milliers de droïds nécessaires à la bonne marche des navires.
Ne restait plus qu’à attendre des résultats probants de la part des Ho’Din et Dark Omberius pourrait enfin se lancer dans une guerre ouverte. Et d’après eux, le moment était proche…

***
Nar Shaddaa

– Tel’Ay ! Tel’Ay ! Ça y est, Dibidel est en train d’accoucher ! lança le Rodien en se tenant les côtes, essoufflé par sa course.
Tel’Ay se leva d’un bond et quitta la pièce chichement éclairée, au grand dam de ses amis Rodiens, qui étaient en train de le ratisser au sabbac. Le messager sur les talons, il se retrouva à l’air libre et manqua défaillir, tellement la nuit était polaire : le simple fait d’inspirer lui valut la sensation d’être transpercé de mille poignards. Faisant fi de la douleur, il se maudit de ne pas s’être couvert et courut vers l’échelle métallique qui allait le mener au niveau supérieur du village. Le froid lui brûla les mains quand elles entrèrent en contact avec les barreaux de l’échelle. Des lambeaux de sa peau écailleuse y restèrent collés, et de ses doigts apparut du sang verdâtre, gelé instantanément au contact de l’air. Il ignora ce qui n’était pour lui que de simples désagréments et monta prestement, son cœur reptilien battant à tout rompre.
Il allait être père ! Cela avait beau faire des mois qu’il le savait, il ne pouvait s’empêcher d’être émerveillé à chaque fois qu’il se faisait cette réflexion. Moment magique en soi, qui transcendait toutes les peurs liées à la lourde responsabilité que cela impliquait. Et cet événement était un incroyable retournement de situation pour lui, qui dès sa naissance avait été engagé dans une voie qui n’aurait jamais du l’amener là un jour.
Enfin parvenu au second niveau du village, il franchit l’antichambre de l’infirmerie, protégée de l’extérieur par une porte épaisse de plus de cinquante centimètres et formée de plusieurs couches d’isolants disparates. Cette pièce-ci était largement éclairée, ses murs étant ceinturés de néons d’une blancheur éclatante. Les deux guérisseuses rodiennes de la colonie s’affairaient autour du lit médical occupé par Dibidel.
Le Rodien qui était venu chercher Tel’Ay ferma la porte derrière eux, enleva ses moufles chauffés et sa surveste anti-froid. Avisant les mains de Tel’Ay, il secoua la tête en soupirant, avant de fouiner dans les armoires de l’infirmerie, à le recherche de bandages et de pansements. Il se nommait Seperno et était le chef tacite de la colonie de Velinia III, accepté et reconnu en tant que tel grâce à son charisme et son dévouement.
Les deux Rodiennes, aussi rompues soient-elles à l’art de la médecine, étaient bien en peine d’aider Dibidel à mettre son enfant au monde : capables de pratiquer la chirurgie sur les membres de leur espèce, elles n’avaient quasiment aucune notion de médecine skelorienne. Les Skelors étaient en effet un peuple au bord de l’extinction, et la diaspora qui avait suivi les événements survenus sur Skelor I avait été loin de faciliter la centralisation de données médicales sur eux. En terme d’aide, elles ne pouvaient apporter que leur présence à Dibidel, qu’elles ne voulaient pas laisser seule, et se fier à leur instinct en cas de problème.
Tel’Ay ne remarqua même pas Seperno quand celui-ci entreprit de lui bander les mains. Il ne voyait que sa fière compagne, mère de leur enfant. Jamais il ne l’avait trouvée aussi belle qu’à ce moment. Ses yeux intégralement noirs brillaient de passion et de fièvre. Ses traits fins étaient aussi beaux à ses yeux que la première fois qu’il les avait caressé du regard, deux ans auparavant. Tout en elle lui plaisait, aujourd’hui plus que jamais. La fine crête frontale qui surplombait ses yeux, le délicieux ovale de son crâne dépourvu de toute pilosité, le doux parfum de lait de djerayy qui émanait de son épiderme écailleux. Deux ans qu’il vivait dans un rêve éveillé, où chaque instant se gravait dans un bonheur en duracier.
Dès que sa main eut été bandée, il empoigna celle de sa compagne, qui entreprit de la broyer en poussant un long sifflement de douleur. Les yeux noirs de Tel’Ay et les yeux à facettes des Rodiens se posèrent sur le ventre proéminent de la Skelor. Une plaie latérale se dessina à la base du renflement, et une sorte de résine jaunâtre en suinta. Dibidel écarta du bras l’une des Rodiennes qui s’avançait déjà, un linge absorbant à la main. Deux minuscules poings fermés apparurent au milieu de la résine. Les lèvres de la « plaie » s’ouvrirent lentement avec un bruit de succion, et le haut d’un petit crâne émergea à son tour, tandis que Dibidel se mordait la langue fourchue jusqu’au sang pour se retenir de hurler sous le coup de la douleur qui explosait juste sous son ventre. Le Skelor nouveau-né finit d’extirper le reste de son corps en poussant de pitoyables petits caquètements et sifflements. A bout de forces, Dibidel relâcha tous ses muscles, pantelante et haletante.
Le nouveau-né tomba piteusement sur le lit et Tel’Ay, sans lâcher la main de Dibidel, glissa l’autre sous le dos de son fils. Un sourire radieux barrant ses traits, il amena l’enfant devant ses yeux, l’examina quelques secondes, fièrement, avant de le poser au creux de l’épaule de sa compagne. Le visage de celle-ci, bien qu’inondé de larmes, baignait de bonheur tandis qu’elle contemplait la petite créature fripée et blanchâtre qui se pelotonnait contre elle, les yeux clos.
L’éternité vint tenir compagnie à Tel’Ay.
Dibidel avait décidé que l’enfant se nommerait Ro’Lay, en hommage à son aïeul à elle, Ro’Lay Tra-Emqer le Grand. Pour sa désignation patronymique, elle choisit Nag-Emqer, pour souligner que l’enfant appartenant aux deux clans. Ro’Lay Nag-Emqer, fils de Tel’Ay Mi-Nag et de Dibidel Rdan-Emqer, venait de faire son apparition dans la galaxie. Quel destin lui serait réservé ?

L’être autrefois connu sous le nom de Tel’Ay Mi-Nag, recroquevillé sous un tas d’ordures et assailli par des moisissures suintant des murs des égouts de Nar Shaddaa, ouvrit les yeux et poussa un hurlement déchirant. Il se répercuta dans les longs couloirs glauques, rebondit de murs en murs, et n’eut pas le temps de disparaître qu’un deuxième déchirait à son tour l’air fétide. En vinrent bien d’autres, pendant des heures, vibrant d’indicibles souffrances et de regrets éternels.
Ce souvenir, le plus beau de sa vie d’antan, était parvenu à se frayer insidieusement un chemin dans les méandres sinueux de son esprit vide depuis un an, dans son sommeil. Ce fut comme une renaissance, entachée du poids des crimes du Skelor. Tel’Ay revint à la conscience, de la manière la plus douloureuse qui pouvait être. Et jamais plus il ne pourrait oublier, désormais. Un fait déterminant s’imposa à son esprit : il devait vivre, et porter le poids de son fardeau.
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***
Skelor I

La créature, humanoïde, avançait d’un pas sûr et conquérant. Ecailles blanc mat, silhouette trapue, crâne lisse au-dessus d’une crête sourcilière surplombant deux yeux entièrement noirs. Un Skelor. Il martelait le sol de ses bottes ferrées, dans un claquement sec qui se répercutait sourdement. Comme s’il voulait punir les dalles qu’il foulait d’être là.
Le corridor indistinct dans lequel il progressait était veiné de rais de lumière bleu nuit, et bien que les détails autour de lui soient flous, la détermination du Skelor ne faisait aucun doute. Dans ses yeux brillaient une flamme dure.
Dark Omberius, tétanisé, sentit la peur s’infiltrer à travers toutes les pores de sa peau, et venir glacer sournoisement toutes les cellules de son corps. Lui, le Seigneur Noir des Sith, l’Ombre de l’Ombre, voilà qu’il se trouvait habité, d’une manière incompréhensible, par une terreur sans nom. Le pire était qu’il était incapable de faire le moindre mouvement. Impossible de lever le petit doigt, tandis que le Skelor allumait son étrange sabrolaser, pourvu d’une lame bleue parcourue de minuscules éclairs pourpres. L’être leva son arme au-dessus de sa tête et l’abattit violemment sur Dark Omberius, une expression vengeresse sur le visage.

Dark Omberius se réveilla en sursaut. Il se redressa sur sa couche, à bout de souffle, trempé de sueur et la bouche pâteuse.
Rapidement, un sourire carnassier illumina ses traits. Bénie soit la Force, se dit-il avec reconnaissance. C’était la quatrième fois de sa vie que Dark Omberius faisait un rêve de ce genre, prémonitoire. La Force lui révélait à nouveau un ennemi susceptible de causer sa perte. Son sourire s’accentua : il allait se débarrasser de cette menace comme des précédentes…d’une manière définitive. Ensuite, il pourrait retourner à ses plans d’éradication de l’Ordre Jedi.
Le moment était venu de mettre à l’épreuve ce jeune Devaronien qu’il avait arraché à l’influence de Maal Gami, et qui avait anéanti la Confrérie Sith à laquelle il appartenait, pour la plus grande satisfaction de Dark Omberius.
Il existait encore quelques sectes Sith à travers la galaxie et Dark Omberius ne supportait pas la moindre concurrence : il excellait tant dans l’art de la méditation dans les arcanes du Côté Obscur de la Force qu’il avait réussi à détecter l’existence des héritiers de Maal Taniet. Et il ne doutait pas de pouvoir reproduire le même résultat avec les autres Sith. Il les exterminerait tous, ainsi que l’Ordre honni des Jedi, et pourrait alors régner sans partage sur la galaxie, débarrassé de tous ses ennemis potentiels.
Il lui faudrait également faire un choix quand à son successeur : Dark Glaro, son apprenti et bras droit depuis trente ans, ou ce nouveau venu, Séis, qu’il avait rebaptisé Dark Seïd. Il avait longuement hésité à le prendre comme apprenti, conscient de transgresser la Règle des Deux instaurée par Dark Bane pour la pérennité de l’Ordre Sith. Il avait finalement décidé de prendre le risque, s’arrangeant pour que ses élèves ignorent leur existence mutuelle. Il trancherait le moment venu, selon l’utilité de chacun.

***
Nar Shaddaa

L’immense créature longiligne se releva d’un bond, excédée par les cris de détresse qui lui vrillaient les tympans depuis de trop longues heures déjà. Elle poussa un jappement de colère et se mit à boitiller dans les corridors suintants d’humidité malsaine, en prenant bien garde à ne pas trébucher sur les diverses immondices et les nombreuses plaques de moisissures qui bordaient la rive du fleuve infâme des déchets qui s’écoulaient en un flot languissant.
Il n’y avait plus beaucoup de place pour les réflexions dans son esprit atrophié, et ce depuis les nombreuses années où elle végétait dans les égouts de Nar Shaddaa, véritable antichambre de la mort.
Dans une autre vie, elle était née Wookiee. Mais elle possédait une tare qui la rendait différente de ses congénères, et qui lui avait rapidement valu d’être reniée par les siens et l’exil. Elle était lâche. Sa chute en devint inéluctable. Née sous le nom de Naveromanaria une trentaine d’années auparavant, il ne lui avait pas fallu plus de vingt ans d’existence derrière elle avant d’être bannie par les siens.
Elle tenta de se lancer dans la carrière de garde du corps, comptant sur sa stature pour éviter de s’attirer des ennuis. Las ! Elle s’était écroulée au premier affrontement. Elle renouvela cette pitoyable expérience plusieurs fois avant de se laisser sombrer dans l’oubli et dans la honte. Les bas-fonds de Nar Shaddaa étaient l’endroit idéal pour cela, avait-elle estimée, après avoir admis qu’elle ne serait jamais digne de devenir une vraie Wookiee. Elle avait essayé de dépasser sa faiblesse, pourtant. Mais rien n’y avait fait.
Son épaisse toison, autrefois argentée et rayée de zébrures noires, avait disparue sur plus de la moitié de son corps. Des plaques de poils s’en détachaient encore de temps à autre, laissant apparaître une peau malsaine et rongée par l’air insalubre. Peu lui importait. Elle avait méritée ce qui lui arrivait.

Présentement, ces yeux injectés de sang ne reflétaient que de la folie, tandis qu’elle se rapprochait de l’être qui ne cessait de geindre, pleurer et surtout hurler, comme s’il prenait un malin plaisir à la torturer et à la rendre folle. Elle le trouva enfin : les cris provenaient d’un tas de chiffons tachés et de cartons moisis, qui bougeait en même temps que des râles de souffrance en émanaient.
Elle décocha un coup de pied dévastateur dans le tas. Ce faisant, elle manqua s’affaler, sa jambe d’appui, mal remise d’une vieille blessure, menaçant de céder. Quand une silhouette s’extirpa de la masse informe en geignant, Naveromanaria l’empoigna par le cou et la souleva de terre avec une facilité déconcertante. Elle tendit son autre bras en l’arrière, prête à faire exploser la tête de la chose d’un coup de poing vengeur. Mais elle suspendit son geste quand ses yeux plongèrent dans ceux de l’être.
Toute la misère, toute la douleur de la galaxie semblaient s’être données rendez-vous dans les yeux laiteux qu’elle fixait. Une minuscule étincelle de lucidité germa dans son esprit abruti. Elle ne le vit alors plus comme une pollution sonore à éradiquer, mais comme un frère. L’expression dans les yeux de la créature correspondait en tous points à son propre état d’esprit délabré et noyé dans l’auto-apitoiement. Naveromanaria serra Tel’Ay Mi-Nag contre elle, tout doucement, et le berça en murmurant de vieilles comptines wookiees.
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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Chapitre 2


La grand-place d’Ilyria-Na, cercle suffisamment vaste pour qu’un croiseur s’y pose, était noire de monde. La foule en liesse criait sa joie et son bonheur de voir la paix enfin revenue, d’autant plus que pour beaucoup d’entre eux, l’espoir de vivre une telle journée arriver semblait disparu depuis longtemps. Jour historique qui marquait la fin de la diaspora skelorienne, commencée trente ans auparavant après la chute de la planète.
Ver’Liu So-Ren, revêtu des atours des rois de Skelor, conservait une attitude digne et sereine. Pourtant, intérieurement, un étau d’émotions contradictoires écrasait son cœur. Il baignait dans le bonheur et le ravissement, à voir cette foule qui le réclamait et l’admirait, lui, l’héritier du clan royal qui, de manière tout à fait inespérée, avait finalement réussi à monter sur le trône et chasser l’envahisseur zabrak de Skelor I. Une grande tristesse l’envahissait également, en songeant à toutes les souffrances que son peuple avait enduré depuis l’invasion, quelques trente ans auparavant.
Mais tout cela appartenait au passé, désormais. Le char en bois de volin tiré par deux paisibles runderks,et dans lequel il se tenait debout, l’air altier, s’ébranla doucement et suivit l’interminable tapis blanc qui traversait la foule en délire. Jusqu’au palais de ses ancêtres.

Ver’Liu So-Ren ouvrit les yeux mais resta immobile, aux aguets. La puanteur de la salle des machines D12, faite d’huiles de lubrifiants et de produits chimiques aussi nauséabonds que toxiques, assaillit aussitôt ses narines pourtant habituées à cette sensation quotidienne. Il s'assit sur sa misérable paillasse humide et moisie et chassa d’un coup de pied quelques rats qui traînaient par là, aussi larges que ses cuisses.
Il se sentait dépité et frustré par son rêve. Mais il ne pleurerait pas sur son sort. Ni aujourd’hui ni jamais. Il était l’héritier du trône et devait s’en montrer digne. Toujours.
Néanmoins, il savait qu’il n’était plus l’héritier de rien du tout depuis bien longtemps. Né quatorze ans après la chute de Skelor I, fils de la sœur du dernier roi…et du dernier garde royal qui l’avait fidèlement suivi en exil. Tout ça pour se retrouver à exécuter diverses tâches ingrates d’apprenti mécanicien à bord du Carolusia, une station spatiale antique perdue au milieu de nulle part. Son père était mort alors qu’il ne marchait pas encore. Sa mère avait survécu jusqu’au mois précédent, avant d’être emportée par une longue maladie de poitrine, qu’elle avait contractée quelques années auparavant. La misère extrême dans laquelle ils avaient vécu l’avaient empêchée de se soigner correctement.
Ver’Liu n’avait rien. N’était rien. Aucun avenir ne l’attendait. Nul allié à ses côtés. Mais le rêve dont il venait de sortir lui avait semblé si…réel. Il eut envie de hurler, car cette vision semblait si inaccessible, si improbable. Mais il y arriverait ! Rien ne pourrait l’abattre ! Un jour, il quitterait cet endroit minable et partirait à la conquête de son trône, à la force du poignet, pas à pas. La force de sa volonté et sa détermination sans faille, qui s’étaient développées depuis sa plus tendre enfance, l’y aideraient ! Il libérerait son peuple de l’oppression zabrak et régnerait sagement et fermement.
Bien qu’âgé d’à peine seize ans, Ver’Liu était doté d’une maturité et d’une force de caractère étonnantes, forgées par une vie qui n’avait été qu’une succession d’épreuves et de luttes. Mais il avait surtout un but, qui le poussait en avant. Il avait parfaitement conscience que son projet démentiel et démesuré semblait totalement irréaliste, mais il avait balayé ses propres doutes et banni toute peur en lui depuis des années. Il savait ce qu’il avait à faire et le ferait, ou mourrait en tentant d’accomplir son destin. Il finit par sourire, après avoir décidé que son rêve avait un caractère prémonitoire. Et se leva, prêt à entamer une nouvelle journée de travail au sein de la section technique de la Station Spatiale Itinérante Carolusia.

De longues heures plus tard, Ver’Liu So-Ren quitta le conduit de maintenance avec soulagement. Avec son mètre cinquante, il était l’un des rares techniciens à pouvoir s’y faufiler, mais le court-circuit avait été difficile à déceler, surtout avec un contremaître qui ne cessait de pester après lui via comlink. Mais se faire rabrouer sans raison par moins compétent que soi faisait partie du boulot, et Ver’Liu avait appris à l’accepter depuis longtemps.
Peu lui importait les vociférations de son supérieur humain : seules comptaient l’expérience qu’il emmagasinait et la paye quotidienne. Il allait jusqu’à ressentir de la compassion pour le contremaître, qui n’avait absolument rien dans sa vie en-dehors du boulot. Celui-ci terminé, il empochait son salaire et s’empressait d’aller la dépenser à l’un des bars de la station. Ce soir, il perdrait encore au sabbac et boirait trop, comme toujours. Et le lendemain, tout recommencerait : piques et engueulades toute la journée, puis bar. Ver’Liu ne pouvait pas haïr cet homme, car selon lui, il était presque handicapé. Il s’était figé un jour dans un certain schéma de pensée et n’avait jamais réussi à en sortir, oubliant que tout être était perfectible. Toujours.
Il remontait les corridors lentement. Ses muscles ankylosés le faisaient souffrir, à cause de la position inconfortable dans laquelle il avait été contraint de travailler pendant des heures. Il s’en moquait éperdument. Comme tous les soirs ou presque, il était passé par la seule succursale bancaire de la station pour y déposer son maigre pécule du jour. Maigre, certes, mais qui grossissait de jour en jour. Ver’Liu vivait dans un dénuement presque total, avec en point de mire l’objectif de quitter un jour ce trou infect.
Plus que deux intersections et il retrouverait la misérable paillasse sur laquelle il dormait toutes les nuits, dans la salle des machines D12, laissée à l’abandon depuis des années. Mais passé la première intersection, une certaine agitation capta son attention : des plaintes et le claquement caractéristique d’une gifle.
– Personne ne peut t’entendre, sale petite voleuse ! Tu peux crier autant que tu veux !
S’ensuivit des bruits étouffés de lutte. Ver’Liu fit volte-face, sans réfléchir plus avant, et chercha l’origine de ce tohu-bohu. Il s’engagea dans un couloir secondaire et ce qu’il vit le mit dans une colère froide. Un Duro, haut d’au moins deux mètres, tenait à bout de bras une humanoïde bien plus petite, et dont les jambes battaient l’air désespérément.
– Lâche-la, Duro, ordonna d’une voix ferme Ver’Liu en avançant avec détermination.
L’interpellé tourna brusquement la tête et posa ses yeux rouges et globuleux sur lui. Il éclata de rire en voyant le moustique qui prétendait se mettre en travers de sa route.
– Tu veux jouer, gamin ? A ta guise ! dit-il en lançant sa victime en direction d’un mur. Celle-ci s’y affala lourdement en poussant un grognement sourd, avant de tomber face contre terre, inerte.
– Je ne joue pas. Etre plus fort et plus grand qu’un autre ne justifie pas de lui taper dessus.
– De quoi tu te mêles, avec ton baratin minable, pauvre petit con ? Cette garce a essayé de me voler mon portefeuille, et elle va me le payer ! Elle fera moins sa maligne quand je lui aurais brisé les poignets !
– Je ne le tolérerai pas, répliqua Ver’Liu en extirpant de sa ceinture la longue dague effilée qui ne le quittait jamais.
Il se ramassa sur lui-même, prêt à bondir sur le Duro, qui lui rendait pourtant pas loin de cinquante kilos. Celui-ci fut surpris par la réaction du jeune reptilien, d’autant qu’il semblait savoir ce qu’il faisait. Quand il se rendit compte qu’il ne portait rien qui puisse lui servir d’arme, il changea son fusil d’épaule et affecta un ton dédaigneux.
– Pfeuh, si tu la veux, t’as qu’à la prendre, petit. Je m’en fous comme de ma première larve !
Ayant ainsi sauvé la face, il contourna Ver’Liu à distance prudente et s’en fut d’une démarche qu’il espérait nonchalante. Le jeune Skelor, aux aguets, se retint de sourire en voyant les légers tremblements qui agitaient les jambes du Duro. Il ne se pencha sur la jeune humanoïde qu’une fois le grand humanoïde à la peau grise sorti du corridor, et la retourna délicatement.
Il contempla longtemps, sous le coup de l’émerveillement, le visage endormi : une peau écailleuse olivâtre, des traits adolescents, une fine crête sourcilière. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, il rencontrait un être appartenant à la même espèce que lui.

Il s’ébroua finalement en se maudissant intérieurement : pendant qu’il restait bêtement à la regarder dormir, peut-être son sommeil était-il en fait un coma, et que des dégâts internes se propageaient dans son corps suite au choc contre le mur. Il ne connaissait pas grand-chose aux premiers soins, mais croyait savoir qu’il était fortement déconseillé de déplacer une personne inconsciente.
Pourtant, il était hors de question de l’abandonner dans cette partie reculée de la station, connue pour abriter ses pires habitants, pendant qu’il partirait en quête de secours : rien de mieux pour la condamner à mort…ou pire. Il la prit donc dans ses bras, le plus délicatement possible et, titubant quelque peu sous son poids, se dirigea vers le secteur médical de la station.
Il n’eut aucun ennui dans cette partie du Carolusia, mais paradoxalement, ce fut en arrivant dans les quartiers d’habitants et de réfugiés plus fréquentables qu’il fut pris à partie.
– Lâche-là, vermine ! cria une jeune voix masculine dans son dos, alors qu’il traversait sa première foule un peu dense.
Il se retourna lentement et se retrouva à faire face à un Skelor furibond, qui devait avoir sensiblement le même âge que lui. Ver’Liu lui trouva aussitôt un air de famille avec la jeune fille dans ses bras, et désamorça la situation sur le champ, à sa manière honnête et franche habituelle.
– Mon nom est Ver’Liu. Calme-toi ! Je l’ai trouvé inconsciente et vais la remettre aux mains des archiatres de la station. Accompagne-moi, puisque tu sembles la connaître.
L’autre parut décontenancé un court instant. Il s’approcha et examina longuement la fille, avant de reporter son regard suspicieux sur Ver’Liu.
– Elle a été blessée ?
– Oui, et tu me retardes ! Il faut qu’un médecin l’examine le plus tôt possible, pour éviter que son cas n’empire.
Le ton impérieux de Ver’Liu sembla faire effet sur son interlocuteur, mais il hocha la tête et répondit :
– Je suis Nal’Kia, et elle c’est ma sœur, Sionarel. Je ne peux pas te laisser l’emmener voir un médecin. Ma famille n’a pas les moyens d’en consulter. Mon père saura quoi faire.
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(suite du chapitre 2)

Ver’Liu fut embarrassé par la réponse. Bien sûr que rien n’était gratuit dans cet univers ! Il était bien placé pour le savoir. Il n’avait même pas réfléchi à ce simple fait que la médecine était hors de prix, surtout pour des Skelors, réputés pour être parmi les peuples les plus pauvres de la galaxie. Il n’avait fait qu’obéir à une pulsion, une espèce de solidarité ancestrale, sans penser aux conséquences. Face à la gêne évidente de Nal’Kia quant au manque d’argent de son clan, Ver’Liu hésita brièvement sur la marche à suivre. Sa décision prise, il lui dit simplement :
– Ce sera de ma poche. Suis-moi.
Il reprit sa route sans se retourner, mais entendit Nal’Kia le rattraper, avant de le suivre en silence. Ver’Liu se demanda s’il avait pris la bonne décision : après tout, il ne connaissait pas ces gens, même s’ils étaient Skelors, tout comme lui. Et la note des médecins risquait d’alléger sensiblement son pécule, alors qu’il en avait besoin pour quitter ce lieu. Alors qu’ils arrivaient enfin dans le secteur médical, Ver’Liu décréta qu’il avait eu raison : techniquement, il était le suzerain des Skelors, il était de sa responsabilité de veiller sur leur bien-être. De plus, l’aider avait été son premier réflexe, ce qu’il appréciait après-coup. Il irait jusqu’au bout de sa démarche.

Le docteur à qui ils eurent affaire était un grand Gotal, qui eut du mal à se laisser persuader de les laisser entrer. Ce ne fut qu’après leur avoir demandé une crédipuce – que lui fournit Ver’Liu, et s’être assuré qu’elle était suffisamment approvisionnée, qu’il daigna enfin s’occuper de Sionarel. Ses deux assistants droïds l’installèrent sur un lit médical, et il lui fit passer un scanner. Il ricana en voyant le résultat. Après avoir mis un pansement au bacta sur une grosse bosse apparue sur la front de la Skelor, il se tourna vers Ver’Liu et Nal’Kia.
– Elle n’a rien. Le choc l’a fait s’évanouir et c’est tout. Réveillez-la et débarrassez le plancher.
Il se paya sur la crédipuce de Ver’Liu et les abandonna sans plus de cérémonie.
Nal’Kia se sentit très bête de s’être inquiété pour rien, et regrettait d’avoir laissé Ver’Liu s’engager dans cette démarche. Celui-ci, a contrario, était satisfait d’apprendre que la jeune n’était pas en danger : mieux valait prendre ses précautions, quitte à se faire peur pour rien, que de ne pas prendre ses responsabilités et le regretter par la suite. La perte de quelques crédits n’était rien à côté de la santé d’un être vivant.
Ils quittèrent l’antenne médicale dix minutes plus tard, en soutenant Sionarel qui, si elle s’était réveillée entre-temps, était encore trop groggy pour s’être remis les idées en place. Elle les suivit du pas automatique d’un droïd, en silence. Cette fois-ci, ce fut Nal’Kia qui les guida : il les mena à l’un des corridors les plus larges, très fréquenté, et tapissé de portes menant à des appartements.
Voir autant de monde autour de lui tourna un vague sentiment de tournis à Ver’Liu, qui passait la plupart de son temps dans des secteurs isolés de Carolusia. Quand Nal’Kia composa un code sur l’une des portes et leur fit signe d’entrer, Ver’Liu ne put s’empêcher d’être excité et anxieux tout à la fois. A l’exception de ses parents, c’était la première fois de sa vie qu’il rencontrait d’autres Skelors. Comment allaient-ils l’accueillir en apprenant qu’il était l’héritier du trône, descendant d’une lignée qui n’avait rien pu faire pour empêcher la planète de tomber sous la coupe de dissidents anti-royauté ?
La réaction du clan de Nal’Kia et Sionarel le laissa abasourdi. A peine leurs parents l’eurent-ils vu qu’ils se jetèrent littéralement à ses pieds. Les yeux en larmes, ils remercièrent le Sweeer, le Grand Reptilien, de l’honneur incommensurable qu’il leur faisait en les mettant en présence du descendant des grands rois de Skelors. La dernière personne qui composait le clan fut plus mesurée : Lar’Jon, oncle de Nal’Kia et Sionarel, comme devait l’apprendre Ver’Liu par la suite, se contenta de s’incliner respectueusement devant lui, dans l’attente d’une autorisation de sa part à quitter cette marque d’humilité et de soumission envers un personnage sacré.
Il fallut un bon moment avant que les parents reviennent à plus de pondération. Ver’Liu profita du premier moment de calme pour prendre la parole et tenter de comprendre ce qui provoquait chez eux une telle émotion. Comme il était trop gêné pour regarder les deux jeunes gens de son âge, il ne vit pas l’expression de leurs visages, aussi abasourdie que la sienne.
– Relevez-vous, je vous en prie, fit-il d’un ton qu’il aurait voulu plus naturel. Je…vous…n’avez pas à vous conduire d’une telle manière avec moi.
– Vous plaisantez, votre grandeur ? rétorqua le père, les yeux brillants de dévotion. Vous êtes membre de la divine famille royale de Skelor, c’est le moins que nous puissions faire pour vous exprimer notre fierté de vous rencontrer !
– Je…je ne le veux pas, je ne le mérite pas, asséna Ver’Liu, extrêmement mal à l’aise. Et puis comment savez-vous que je fais partie de la famille royale ?
– La tache noire qui coure sur votre front ne trompe pas : c’est une particularité physique possédée uniquement par les descendants du Grand Roi Dio’Roda.
Bien sûr, imbécile qu’il était ! se tança intérieurement Ver’Liu. Sa mère possédait en effet cette tache de naissance et lui avait répété à maintes reprises que c’était la marque des rois, et que seule leur lignée en était nantie.

Il passa plusieurs heures en compagnie de ce clan, qui le traita avec une déférence telle qu’il en fut plus d’une fois gêné. Les parents de Nal’Kia et Sionarel se nommaient Amo’Kar et Seleniel : âgés d’une quarantaine d’années, ils n’avaient qu’une dizaine d’années lors des invasions zabraks. Comme beaucoup de Skelors issus de la diaspora, leurs parents leur avait conté l’histoire de leur peuple et de leur planète sous un jour idyllique, une sorte de paradis perdu où le mal avait triomphé du bien. Ver’Liu fut surtout impressionné par les espoirs qui les animaient : à leurs yeux, il était inévitable que les Skelors reviennent un jour en triomphateurs sur leur monde, menés par leur souverain. A savoir lui-même, affirmèrent-ils après avoir obtenu de lui la confirmation qu’il était le seul survivant de la lignée.
Il apprit en outre que parmi la diaspora, certains Skelors étaient parvenus à refaire leur fortune et étaient retournés sur leur planète natale. Nul n’avait plus jamais entendu parlé d’eux. Skelor I faisait désormais partie d’une confédération de plusieurs systèmes stellaires, dominée par une majorité de Zabraks, et dont aucune information ne filtrait. La planète avait toujours été isolée : seule une route hyperspatiale, dangereuse mais qui avait le mérite d’exister, y menait. Sa mise à l’écart naturelle avait été accentuée après l’invasion par des raisons géopolitiques : en effet, quiconque voulant s’y rendre devait obligatoirement traverser cette confédération d’envahisseurs, qui avait pris le nom d’Hégémonie Zabrak.
Skelor I fut ainsi placée sous l’éteignoir. Que s’y était-il passé durant ces trente dernières années ? Qu’étaient devenus les Skelors contraints de rester sur place par l’impossibilité de quitter les lieux ? Nul n’était capable de répondre à ces questions. Tout était imaginable, y compris le pire.
Le plus difficile pour Ver’Liu fut de voir que les adultes du clan l’accueillirent comme un demi-dieu : ils ne possédaient que très peu de choses en dehors de leurs hardes, mais n’hésitèrent pas une seconde à partager leur maigre et insuffisante pitance avec lui. La mère, Seleniel, prépara une décoction infâme, soupe à l’arôme indéfinissable. S’il avait été humain, Ver’Liu se serait empourpré violemment en constatant que ce repas, dont les quantités auraient à peine suffit à rassasier deux personnes, fut servi pour eux six, et qu’il en eut la part la plus importante.
La tête bourdonnant d’informations à digérer, d’une nouvelle donne à assimiler, Ver’Liu prétexta une fatigue qu’il était loin de ressentir pour prendre congé de ses hôtes. Il lui fallait réfléchir…sur beaucoup de sujets. Sa tête menaçait d’exploser tandis qu’il regagnait la salle des machines D12 d’un pas quelque peu hagard. L’overdose de données menaçait de le submerger à chaque pas. Les expressions sur les visages des membres du clan défilèrent pour la énième fois devant son esprit : l’adulation dans les yeux de Amo’Kar et Seleniel, la mélancolie et la tristesse chez Lar’Jon, un air revêche pour Nal’Kia. Quant à Sionarel, qu’il avait épié de temps à autre, elle était restée muette quasiment tout le temps, rêveuse peut-être ? Ver’Liu avait du mal à se faire à l’indifférence dont elle avait fait preuve envers lui : que n’aurait-il pas donné pour un sourire ou un simple regard de la part de cette jeune fille, qu’il avait trouvé attirante au premier coup d’œil ?
Cette nuit-là, le sommeil ne put l’emporter sur les interrogations et les réflexions issues de l’esprit enfiévré de Ver’Liu So-Ren.

***
Après quelques trop courtes heures de sommeil teintées de cauchemars et de visions de sa vie d’antan, Tel’Ay Mi-Nag finit par ouvrir les yeux. Il se sentait épuisé et prit conscience des ravages subis par son corps pendant l’année où il avait cessé d’exister, où il avait été absent. Mais son esprit n’était ni engourdi ni las : l’image des siens, se tordant de douleur sous ses propres attaques furieuses et déchaînées, repassait en boucle devant ses yeux. Il l’avait fait. Il avait trahi l’enseignement de ses maîtres pour devenir un Sith de l’ancien temps, aveuglé par toute une gamme d’émotions négatives, et dont la haine avait été le point d’orgue.
Le rêve au cours duquel il avait revécu la naissance de Ro’Lay l’avait extirpé de sa non-existence. Revivre cet événement et ceux qui l’avaient vu perdre les deux êtres qu’il avait le plus chéris au monde l’avaient ramené à la vie consciente, qu’il avait cherché à fuir en se réfugiant dans un état catatonique. Il éprouva du mépris pour lui-même d’avoir ainsi renoncé.
Mais ce temps-là était désormais révolu. Il allait faire ce qu’il aurait du depuis bien longtemps : assumer ses actes et en subir les conséquences. Sa famille disparue, ne lui restait plus que son héritage de Sith. Il allait remettre son sort entre les mains de son maître, Maal Gami. Il l’avait trahi deux fois : la première pour aller fonder une famille, et la seconde en tournant le dos à toutes les valeurs qu’il lui avait inculqué. Non seulement lui et Kuun avaient échoué à accomplir la mission qu’il leur avait confié, à savoir mettre la main sur des holocrons Jedi et Sith, mais pire encore, il s’était allègrement vautré dans le plus grand interdit de la Confrérie de Maal Taniet : se laisser submerger par le Côté Obscur de la Force. Il lui fallait rallier Meros V le plus tôt possible, afin de comparaître devant Maal Gami.

Il avisa la pitoyable créature qui tournait et se retournait dans son sommeil à ses côtés, en poussant de temps à autres des grognements sourds et étouffés. Il la revit le prendre dans ses bras et le bercer, elle qui ne le connaissait pourtant pas. Pauvre créature aussi brisée que lui, mais qui avait pourtant essayé de lui apporter du réconfort, dans un effort pitoyable mais qui toucha Tel’Ay. Nul ne méritait de vivre ainsi. Aujourd’hui qu’il se relevait pour faire face à son destin, il décida de tendre la main à la Wookiee pour l’extirper à son tour de cette fange.
Quels qu’aient été les traumatismes qu’elle avait subi par le passé, le simple et machinal geste de compassion qu’elle lui avait manifesté le décida à lui rendre la pareille. Il les sortirait de là, décréta-t-il. A cette pensée, ses yeux abîmés brillèrent d’une farouche détermination, telle qu’ils n’en avaient pas connu depuis bien longtemps.

C’est à ce moment qu’il s’avisa qu’ils n’étaient pas seuls dans ce corridor aux murs suintants d'humidité corrosive. Des bruits de pas et une conversation étouffée parvinrent à ses oreilles.
– Faites moins de bruit, bande de crétins ! Vous allez faire fuir notre gibier.
– Désolé, Doc, j’avais pas vu le truc de ferraille. Vous êtes sûr qu’il y a des êtres vivants dans le coin ?
– Mon scanner ne me trompe pas, imbécile ! Ils sont deux, soyez sur vos gardes et préparez-vous à tirer.
Intrigué, Tel’Ay releva la tête, s’assit et vit trois êtres devant lui, à trois mètres environ. Un Ho’Din, très grand et longiligne, senseur portatif dans une main et grosse mallette en bandoulière à l’épaule. Légèrement en retrait, deux Weequays cherchaient à percer la relative obscurité des lieux, les mains crispées sur des carabines-blasters.
Le cerveau de Tel’Ay enregistra cette vision en moins d’une seconde, et le trio réagit sur le champ à sa présence.
– Tirez ! cria le Ho’Din en le désignant du doigt.
Comme au ralenti, Tel’Ay vit les Weequays pointer leurs armes sur lui et la Wookiee qui, tirée du sommeil, commençait à son tour à se redresser. Instinctivement, Tel’Ay focalisa ses sens sur la Force. Elle était là, en lui, comme toujours, prête à le servir. Il sentit brièvement son incommensurable puissance, qu’il avait emmagasiné sans s’en rendre compte pendant son année de non-vie. Mais alors qu’il allait y puiser pour se débarrasser des importuns, dont il ne comprenait pas le but, il se rendit compte qu’il n’y parvenait pas. Une part de son esprit lui en refusait l’accès, comme si elle l’en estimait indigne.
Les Weequays tirèrent chacun une salve de rayon bleue, qui percutèrent violemment Tel’Ay et Naveromanaria. Ils tressautèrent sous l’impact et s’affalèrent lourdement au sol, tels des pantins désarticulés.
L’un des Weequay se pencha sur Naveromanaria et dit :
– OK, c’est parfait, ici. Elle est paralysée et a l’air à peu près intacte, même si elle est moche et qu’elle pue.
L’autre s’accroupit auprès de Tel’Ay, retombé sur le ventre, et le retourna. La lueur furieuse dans les yeux du Skelor ne parut pas l’émouvoir.
– Pareil pour celui-là, Doc, pas de problème. Qu’est-ce que vous prévelez aujourd’hui ? Cœurs, reins, poumons ?
– Les trois, répondit le Ho’Din en ouvrant sa mallette. J’ai plusieurs clients en attente, ces derniers jours. Ils payent rubis sur l’ongle et n’ont pas envie d’attendre sur les listes officielles de dons d’organe. Il faut dire qu’elles sont trop longues. Qui ira se plaindre de voir disparaître le genre de sous-êtres qui vivent dans les bas-fonds ?
Ses deux acolytes ricanèrent grassement, satisfaits : leur commission serait bonne !
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***
Le jour comme la nuit étaient des données subjectives à bord du Carolusia. Les premiers commandants avaient établi deux cycles, l’un diurne et l’autre nocturne, basé sur des journées d’environ vingt-quatre heures, comme sur Coruscant, la capitale de la république. Durant le cycle nocturne, la luminosité générale était donc baissée de moitié, enfin de donner l’impression d’une nuit.
Quand l’intensité des luminaires augmenta, indiquant le début de la « journée », Ver’Liu était plus alerte que jamais. Les heures d’intenses réflexions auxquelles il s’était livré n’avait pas encore fait tomber l’excitation et la fébrilité, qui tenaient son esprit éveillé. Ces heures avaient été déterminantes pour lui, jugea-t-il. Désormais, il savait où il allait, et il savait en quoi il s’était trompé.
Ses parents, surtout sa mère, lui avaient depuis toujours ressassé qu’il était l’héritier du trône, et qu’il y remonterait un jour. Il y avait cru et y croyait toujours, mais se rendait compte d’une chose essentielle : jusque-là, il n’avait jamais rencontré d’autres Skelors. Ils n’étaient qu’une abstraction à ses yeux. Il s’était vu roi parce qu’il aurait du l’être, techniquement parlant. Mais au fond, il n’avait jamais su si ses sujets seraient d’accord, et il avait ignoré quel avait été vraiment leur sort pendant les trente ans de diaspora.
L’exaltation d’Amo’Kar et de Seleniel envers lui avait fait prendre conscience d’un élément essentiel : son peuple comptait réellement sur lui, et il était composé de gens pensants, pas de sujets qui lui obéiraient aveuglément quoi qu’il fasse. Enfin, si, peut-être, mais il repoussa une telle vision des choses : son peuple n’avait pas à se mettre gratuitement à son service. Au contraire, c’était Ver’Liu qui avait des obligations et de lourdes responsabilités. A lui de se montrer digne des espoirs qu’il suscitait. A lui de sauver son peuple de la misère dans laquelle il végétait.
Il se jugea pitoyable un instant : il avait toujours su ce qu’il voulait, mais n’avait jusque-là rien fait concrètement pour se rapprocher de son trône. Mais tout allait changer désormais. Il allait demander l’aide de la seule entité politique assez puissante pour le soutenir efficacement, à savoir la république. Skelor I n’en ayant jamais été membre, il était possible qu’elle refuse de l’appuyer, mais Ver’Liu était prêt à signer un traité d’adhésion en contrepartie. Cela suffirait-il ? Ver’Liu n’en avait aucune idée, mais il ne voyait pas d’autre solution pour arriver à ses fins. Il comptait en outre sur une organisation qui l’avait toujours laissé rêveur et admirateur : l’Ordre Jedi. Son credo était de défendre la justice et la paix, or elles avaient été bafouées trente ans auparavant sur Skelor I.
Sa décision arrêtée, il se leva et alla dans le corridor marchand. Il lui fallait une nouvelle tenue, suffisamment solennelle pour lui asseoir un minimum de crédibilité. Il prendrait ensuite rendez-vous avec le commandant du Carolusia : muni de toutes les preuves de son identité et de la justesse de sa cause, il espérait le convaincre de contacter les autorités de la république. S’il était pris au sérieux, il pourrait défendre son peuple.
Les prochains jours seraient déterminants pour lui, sa planète et son peuple, mais Ver’Liu ne s’effraya pas des difficultés énormes qui se dresseraient immanquablement sur sa route. Il ferait ce qu’il avait à faire. Tout simplement.

***
Dega Nomirani sortit des bâtiments préfabriqués d’un pas pressé, son holo-projecteur à la main. Ouf ! Après des semaines de travail acharné, lui et son équipe avaient enfin terminé de rédiger leur rapport sur la concentration impressionnante de fer sur Clereian. Le géophysicien était ravi : les délais que leur avait donné leur employeur étaient très courts, mais il avait assuré que leurs émoluments seraient à la hauteur de l’effort consenti. Et ils avaient déjà reçu une substantielle avance pour venir étudier la planète dans le plus grand secret. Cela ne pouvait que réjouir le petit Coruscantais. Peut-être même pourrait-il quitter la capitale galactique avec la forte somme qui leur avait été promise. Il s’imaginait déjà couler une retraite paisible sur une planète reculée, une jeune Twi’lek à peine nubile à ses côtés.
Il sortit de sa rêverie quand il avisa la sombre silhouette du commanditaire de l’étude. Le jeune Dévaronien lui tournait le dos, les bras croisés. Perdu dans ses pensées, peut-être ? Dega l’ignorait. Tout ce qu’il savait était que l’humanoïde cornu n’était guère patient et peu sociable : alors que les dix scientifiques habitaient à temps plein dans leurs laboratoires provisoires, où ils pouvaient vivre et travailler, ce mystérieux Séis résidait…nul ne savait où.
Tous les matins de ces trois dernières semaines, il se rendait aux laboratoires pour être mis au courant de l’avancée des travaux en cours, puis disparaissait ou restait debout, contemplatif peut-être, pendant des heures. Sans qu’il se l’explique, Dega ressentait toujours un malaise sourd en sa présence. Alors qu’il ne lui restait plus que dix mètres à parcourir pour le rejoindre, et qu’il songeait à se racler la gorge pour ne pas prendre son interlocuteur par surprise, celui-ci se retourna lentement. La longue cape qui lui recouvrait le corps était d’une noirceur immaculée.
Dega s’arrêta et déglutit nerveusement. Comment le Dévaronien avait-il réussi à l’entendre, alors qu’il marchait sur une plate-bande herbeuse ? Il resta quelques secondes à regarder le visage impénétrable de Séis. Ses petits yeux vifs et encaissés étaient aussi noirs que son humeur était glaciale. Sa peau jaunâtre était dépourvue de toute pilosité et on pouvait voir sur son front bas les deux grosses cornes sombres qui caractérisaient les membres de son espèce.
– Vous désirez, docteur Nominari ?
– Nous avons terminé, monsieur Séis, bafouilla le pauvre Dega en tendant l’holo-projecteur d’une main qui tremblait à peine. Avec quatre jours d’avance sur l’horaire imposé.
Séis s’empara de l’holo-projecteur et le mit aussitôt en route. Il ignora royalement Dega qui souriait piteusement. Les données qui défilèrent sous ses yeux le remplirent d’aise, et il sourit intérieurement : son maître avait eu raison, encore une fois. Cette misérable planète, Clereian, regorgeait de fer. Une nouvelle pierre à ajouter à l’édifice construit par Dark Omberius. La phase finale de son plan se rapprochait à grands pas : bientôt, ils avaient se constituer un empire galactique et éradiquer enfin ces maudits Jedi, qui se pavanaient sur Coruscant. L’ombre des Sith allait pouvoir planer à nouveau sur la galaxie et lui, Séis, serait assis à la droite du Maître.
– Excellent travail, docteur, fit Séis en rangeant l’holo-projecteur dans les plis de sa cape. Regardez d’où vous venez, ajouta-t-il d’un ton doucereux en posant les yeux sur les laboratoires portatifs.
Intrigué, Dega se retourna à son tour. Trois secondes plus tard, une explosion déchira le complexe, dans un fracas de fin du monde. Des flammes jaillirent vers le ciel, surmontées d’épaisses volutes de fumée noire. L’onde de choc jeta Dega à genoux, tremblant de toute part. Son cerveau n’arrivait pas à appréhender ce qui venait de se passer. Il bredouilla quelques mots indistincts, encore sous le choc. Il eut à peine le temps de penser à ses camarades morts qu’un bourdonnement se fit entendre dans son dos. Tétanisé comme il l’était, il n’eut pas la force de tourner la tête.
Séis le décapita d’un simple mouvement de poignet nonchalant, puis alla jeter le corps et la tête dans le brasier ardent. Il sortit son comlink et fit relayer la communication par les systèmes de son vaisseau, jusqu’à Skelor I.
– Mission accomplie, maître. Vous aviez vu juste, cette planète est exactement celle qu’il nous faut.
– Bien, jeune apprenti, répondit une voix déformée et à peine audible. Les scientifiques ?
– Morts. Je m’apprête à quitter la planète pour venir vous rejoindre, maître.
– N’en faites rien, Dark Seid. Nos plans ont quelque peu changé, car j’ai eu une vision dans la Force. Un ennemi pourrait se dresser sur notre route, et je veux que vous vous en occupiez personnellement.
– Je suis à vos ordres, maître. De qui s’agit-il ?
– A vrai dire, je l’ignore pour le moment. Mais si je vous dis que c’est un Skelor et qu’il manie un sabrolaser, peut-être cela vous éclairera-t-il ?
– Que…vous pensez à Tel’Ay Mi-Nag ?
– C’est possible, en effet. Vous m’avez dit que lorsque vous aviez anéanti vos condisciples sur Meros V, deux d’entre eux étaient en mission pour Maal Gami, dont un Skelor ?
– Oui, maître. Kuun Hadgard et Tel’Ay Mi-Nag. Mais ils doivent tous deux être morts : souvenez-vous que même par le biais du Gant de Vèntorqis, je n’ai pas réussi à déceler leur présence.
– Je sais ce que j’ai perçu. Le Skelor qui m’est apparu n’était pas un Jedi, mais il maîtrisait la Force, mon instinct me le crie. Et je ne crois aux coïncidences. Menez votre enquête, retrouvez la trace de vos anciens camarades et éliminez-les.
– Bien, maître, acquiesça Séis, perplexe, avant de couper la communication.

Il regagna rapidement son petit transporteur PX-7 et s’engouffra dans sa cabine. Il sortit de son écrin le Gant de Vèntorqis, que Dark Omberius l’avait autorisé à conserver. Les expériences qu’ils avaient tous deux mené dessus s’étaient avérées décevantes pour le maître, car l’artefact réagissait plus en présence de Séis. Dark Omberius en avait conclu que le Gant était en quelque sorte connecté à la fréquence de Force utilisée par les Sith de l’école de Maal Taniet. Il s’avérait donc inutile pour lui, bien qu’il augmentât les pouvoirs de Séis.
Séis se plongea dans la Force et se mit en état de transe méditative. Il ceignit son poing du Gant de Vèntorqis et ouvrit ses sens à la galaxie. Il ne perçut d’abord rien, avant d’être attiré par une minuscule flammèche, moins qu’une perturbation. Quelque chose d’à peine vivant, qui semblait lutter pour sortir de profondeurs abyssales. Cette présence lui était familière. Dark Omberius avait eu raison, une fois de plus. Tel’Ay Mi-Nag était en vie. Du moins pour l’instant.
Quand Séis sortit de sa transe, il se sentit vidé de toute force. Le nom de Nar Shaddaa flottait à la lisière de son esprit. Il s’étonna de voir que la nuit tombait sur Clereian. Il rangea le Gant dans son étui de bois précieux et alla déclencher les protocoles de décollage du navire. Il avait à faire ! Son maître serait à nouveau fier de lui !

***
Le Weequay décocha un sourire goguenard à Tel’Ay en se penchant sur lui. Il posa son fusil-blaster sur le sol et tendit les mains vers le Skelor, pour le débarrasser de ses guenilles. Quand Tel’Ay lui décocha un sourire carnassier, il mit une très longue seconde à comprendre que le Skelor n’était pas paralysé. Ce laps de temps suffit à sceller sa perte.
Vif comme l’éclair, Tel’Ay s’empara du blaster, le fit tourner entre ses mains, le pointa sur le Weequay et tira. L’être fut violemment projeté en arrière, en poussant un grognement de douleur. Tel’Ay bondit sur ses pieds et décocha plusieurs rafales en direction de l’autre Weequay et du Ho’Din. Sous le coup de la surprise, ils n’eurent pas le temps de réagir et s’écroulèrent à leur tour.
Tel’Ay manqua défaillir : l’adrénaline retombant, son cœur battait la chamade et ses jambes tremblaient. L’effort qu’il venait de faire avait presque épuisé ses ressources physiques, tombées à un niveau incroyablement bas après toute cette année d’inaction totale.
Il attendit que son malaise s’éloigne, puis fit passer le commutateur du fusil-blaster du mode « paralyser » au mode « tuer ». Il marcha calmement vers le premier Weequay, se délecta de la terreur qu’il lut dans ses yeux, et tira à bout portant, en pleine tête. Le second subit le même sort.
Il rejoignit le Ho’Din, plaça la gueule du fusil-blaster tout contre son front et prit la parole. Sa voix rauque lui sembla cassée, même à ses propres oreilles. Il n’avait pas parlé depuis bien trop longtemps.
– Si j’ai bien compris la conversation que tu as eu avec tes hommes, tu es docteur. Hum, il semblerait que ta formation ait été bâclée : je suis un Skelor, connais-tu la particularité physiologique liée à mon peuple ?
L’incompréhension dans les yeux du Ho’Din lui donna la réponse, et il continua :
– Les paralyseurs n’ont aucun effet sur un Skelor.
Cette mise au point faite, il appuya sur la détente.
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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***
Nassil Veraian était nonchalamment adossé à un réverbère démesuré, sur la Grande Promenade, vaste avenue des quartiers les plus huppés de Coruscant. Autour de lui, la foule était dense et très cosmopolite. Au bout de l’avenue, à quelques centaines de mètres de là, l’impressionnante coupole abritant le Sénat républicain scintillait de mille feux sous l’action des rayons du soleil.
Nassil n’éprouvait que mépris pour tous ceux qui l’entouraient. A ses yeux, ils ne valaient guère mieux que des insectes. Ces imbéciles pavoisaient et se gargarisaient en passant de boutiques luxueuses en restaurants chics, attifés selon les tous derniers standards d’une mode très versatile. Ils n’avaient rien compris à la vie, et il allait leur donner une leçon qu'ils n’étaient pas prêts d’oublier.
Le seul élément fondamental de la galaxie se résumait au mot pouvoir. Et Nassil Veraian possédait le plus grand d’entre eux : il était capable de détruire la vie. Tous les pantins qui s’agitaient autour de lui arboreraient une mine bien différente dans quelques minutes, lorsque qu’ils serreraient leurs moignons sanguinolents contre leur corps, et qu’ils contempleraient les cadavres que seraient devenus les amis avec qui ils auraient plaisanté quelques secondes auparavant.
C’était ce genre d’à-côté à son travail d’assassin professionnel qu’il affectionnait le plus. Certains appelaient cela des dommages collatéraux. Pour Nassil, c’était un rappel de son pouvoir, presque une signature.
Alors que le gang auquel il appartenait n’avait pas reçu de mission depuis longtemps, il avait été ravi d’être contacté par une Bothan, Ashylir’Kroeifa. Comme beaucoup de membres de son espèce, elle se servait de ses réseaux familiaux et personnels pour gravir les échelons de la vie politique. Son ambition démesurée l’avait poussée à intégrer le Corps Diplomatique Bothan détaché auprès de la république. Son but ultime étant de devenir Chancelière de la République, rien de moins.
Trois mois plus tôt, elle était devenue conseiller spécial du sénateur bothan, Jeroed’Erfey. Le soutien de plusieurs clans majeurs de Bothawui lui avaient valu son importante position, mais Ashylir s’était très vite rendu compte de son incompétence. Il estimait être arrivé au plus haut qu’il pouvait l’espérer et ne menait plus désormais qu’une vie de débauche et de luxe. Le second obstacle sur la route qui la conduirait dans les plus hautes sphères de l’Etat était un mâle, Jiger’Orsorul, conseiller spécial tout comme elle mais occupant son poste depuis des années. Il avait toujours été convenu qu’il succéderait à Jeroed’Erfey, une fois que celui-ci serait mort ou aurait démissionné. Elle le haïssait autant qu’il la méprisait.
Récemment, Ashylir avait compris à quel point les deux Bothans étaient intouchables. D’où le recours à Nassil Veraian, un assassin connu dans certains cercles pour être efficace et discret. Une fois embauché, le tueur avait constitué un dossier volumineux sur son employeur et sa future victime. Une fois les habitudes de sa cible étudiées et décryptées, il avait décidé de la marche à suivre. Ce serait efficace, ah ça oui, mais spectaculaire, par-dessus le marché ! Les Coruscantais n’étaient pas prêts d’oublier cette journée mémorable.

Il sourit quand il repéra le landspeeder de Jiger’Orsorul, qui progressait très lentement à travers la foule de badauds. Son statut n’était pas assez important pour qu’il ait le droit d’utiliser l’un des couloirs aériens qui menaient directement au Sénat : ceux-ci étaient réservés aux sénateurs, voire aux Jedi.
Tout comme son supérieur, Jiger’Orsorul aimait l’ostentation et cela se ressentait en voyant son landspeeder, intégralement peint d’un rouge rutilant qui se remarquait de très loin. Il était surmonté d’un habitacle hermétique à vitres blindées et teintées. Voilà qui était bien typique de la paranoïa congénitale des Bothans, selon Nassil. Mais aujourd’hui, elle ne sauverait pas sa victime.
L’assassin traversa tranquillement la foule, en direction du speeder. Ses mains coururent sous les replis de son ample tunique, et détachèrent le petit rectangle d’un rouge métallique qu’il portait en pendentif sous ses vêtements. Il exerça une pression sur une partie de l’objet et entendit un discret bip de confirmation. Tout allait bien : sa bombe était opérationnelle.
Quand il croisa le landspeeder, qui avançait au pas, il posa la mine magnétique sur le côté de la carrosserie qui abritait le moteur du véhicule. Il continua nonchalamment son chemin. Du gâteau, cette mission ! Dans cinq minutes, ce conseiller de sénateur ne serait plus que poussière. Tout comme les dizaines de minables qui traîneraient autour de lui à ce moment-là ce qui, selon Nassil, ne serait pas une bien grande perte. Mais pour l’heure, il lui fallait disparaître : rester pour se délecter du spectacle était hors de question car trop dangereux.

Quelques heures plus tard, Nassil Veraian sortait de l’atmosphère de Coruscant, aux commandes de son chasseur. Avant de passer en hyperespace rejoindre le reste du gang, il se brancha sur la fréquence des information officielles, se réjouissant par avance d’entendre les nouvelles qui indiqueraient la réussite de son contrat. Il déchanta vite : le bulletin spécial faisait état de l’attentat du Sénat, comme le nomma un journaliste, mais le nom de la victime lui fit froncer les sourcils. Jeroed’Erfey, le sénateur, et non Jiger’Orsorul, son conseiller. Il décida de surseoir de quelques minutes à son départ pour écouter plus attentivement le compte-rendu. Une trentaine de morts était à déplorer, ce dont Nassil se moquait éperdument, mais il apprit rapidement la cause de la bourde qu’il avait commise : cet après-midi-là, le sénateur avait emprunté son landspeeder à son subordonné.
Ses cheveux faillirent se dresser sur sa tête quand il se rendit compte de ce qu’il avait fait : il avait tué un Sénateur de la République ! bientôt, de très grands moyens seraient mis en place pour trouver le coupable, peut-être même avec des Jedi en renfort ! Finalement, Nassil se rassura en estimant que sa piste était impossible à remonter. Il ne devait rien rester de la mine. Ashylir’Kroeifa ne parlerait pas non plus : cela serait compromettant pour elle. Et d’un autre côté, Nassil estimait que, malgré son erreur, la Bothan serait ravie, car elle serait débarrassée de l’un de ses deux ennemis.
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H@n Solo
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Chapitre 3


Tel’Ay ne resta pas inactif en attendant que la Wookiee retrouve sa mobilité. Il explora consciencieusement les poches des Weequays et du Ho’Din, et fit un tas de toutes leurs possessions : datacarte, quatre blasters, deux fusils-blasters, deux dagues, quelques crédits et la mallette du docteur Ho’Din.
Il trouva des barres énergétiques dans cette dernière et en avala deux sur le champ. Elles ne feraient que masquer la fatigue qui l’écrasait, mais seraient indispensables tant qu’il n’aurait pas recouvré quelques forces. Elle contenait également des pansements de bacta et de l’antiseptique en quantités non négligeables. Tout cela servirait, mais Tel’Ay n’y toucha pas : il verrait avec la Wookiee pour se partager les médicaments, en privilégiant les lésions et blessures les plus graves.
Il se débarrassa également de ses guenilles informes au profit de l’une des combinaisons des Weequays. Elle était en cuir mat et de couleur marron, et commençait à être singulièrement usée aux articulations. Mais quand il l’enfila, il eut l’impression de revivre, malgré l’odeur entêtante de sueur du précédent propriétaire.

Il se pencha ensuite sur son problème avec la Force. Très étrange, en vérité. Il la percevait et vit qu’il pouvait l’utiliser d’une manière passive. Il étendit ses perceptions autour de lui et put identifier toutes les êtres vivants sur cent mètres à la ronde. Au premier plan prédominait la terreur de la Wookiee, presque tangible, ce qui ne manqua pas de l’interloquer : cette espèce impressionnante était pourtant réputée pour être dotée d’un caractère fort, d’une vitalité à toute épreuve et du plus grand des courages. D’un autre côté, si cette femelle traînait à ce niveau des bas-fonds de Nar Shaddaa, c’est qu’il y avait bien une raison. Quel qu’ait été le traumatisme dont elle avait souffert, il avait visiblement été suffisant pour la transformer en loque, comme lui.
Avisant l’un des blasters, il tenta de le faire léviter jusqu’à sa main. Ses efforts restants vains après cinq tentatives, il renonça, perplexe. Il haussa les épaules, résigné. Si la Force le rejetait, il s’en passerait, voilà tout. Ça ne l’empêcherait pas de quitter cette planète et de comparaître devant son Maître. La tâche ne serait qu’un peu plus ardue, mais Tel’Ay s’en moquait éperdument : il ferait face à ses responsabilités, quoiqu’il arrive.

La Wookiee finit par sortir de sa paralysie. Elle tremblait de tous ses membres, ce que Tel’Ay interpréta d’abord comme une conséquence du choc. Il se rendit compte par la suite que les tremblements ne cessaient pas, et en conclut qu’ils étaient la manifestation physique de la peur dans laquelle elle semblait vivre en permanence.
Tel’Ay s’aperçut également qu’il comprenait les grognements émis par sa compagne, grâce à sa maîtrise désormais passive et erratique de la Force. Il la comprenait d’autant mieux qu’elle ne s’exprimait pas par phrases, mais plus par une suite de mots, comme si elle n’était pas capable de s’exprimer correctement. Il ne savait pas si ce phénomène était le fruit d’une déficience momentanée ou d’un handicap plus profond, et s’en moquait. Il sortirait de là cette Naveromanaria, s’il avait bien compris son nom. Trop peu pratique pour être utilisé, Tel’Ay avait décidé de le transformer en Anaria, ce qui n’avait pas eu l’air de déranger la Wookiee.

Le Skelor répartit entre Anaria et lui les armes et les diverses affaires collectées, et donna le signal de départ. Il refusait de rester une seconde de plus en ces lieux sordides. Ils attendraient d’être dans des niveaux supérieurs pour se soigner : Tel’Ay estima en effet que vue l’insalubrité régnante, traiter une plaie ne servirait sans doute à rien, même à l’aide de bacta. Anaria le suivit docilement, un pâle sourire aux lèvres, même si Tel’Ay n’était pas convaincu qu’elle ait compris les explications qu’il lui avait donné.
Ils marchèrent des heures, lentement : leur condition physique ne valant rien ou prou, ils étaient obligés de faire des pauses fréquemment. De plus, comme ils montaient, ils étaient parfois obligés de s’en remettre à des échelles métalliques sans âge. Les barreaux rouillés étaient parfois branlants, et souvent glissants. Tel’Ay craignit plus d’une fois que le poids d’Anaria fasse céder les barreaux corrodés, mais ils tinrent bon.

Ils débouchèrent enfin à un niveau habité par la lie de la société hutt. Mais à côté de l’endroit d’où ils venaient, le lieu pouvait aisément passer pour un centre rayonnant de civilisation. Leurs armes bien en évidence, et Anaria étant une Wookiee, nul ne vint leur chercher noise. Tel’Ay troqua deux de leurs armes contre quelques crédits supplémentaires, qu’ils investirent dans un repas gargantuesque, acheté à un Humain tenant une petite échoppe ambulante.
Ils négocièrent également d’autres médicaments et se trouvèrent une chambre crasseuse dans un hôtel miteux. Malgré les quelques blattes et cafards qui y régnaient, l’endroit était luxueux à côté des égouts dont ils venaient. Tel’Ay eut le sentiment de vraiment revenir à la vie quand il fut sous la douche sonique. Il la quitta à regret au bout d’une longue heure de bonheur et laissa la place à Anaria. Ils passèrent le reste de la soirée à panser leurs multiples blessures. Tel’Ay en silence, et Anaria monologuant doucement, tel un enfant vivant dans un monde imaginaire. Il remarqua une plaie profonde et infectée à l’arrière du crâne de la Wookiee. Peut-être était-elle responsable de son délabrement mental apparent ?
Tel’Ay s’en préoccuperait le lendemain. Pour l’heure, il était épuisé par leur périple : il se laissa tomber sur le lit le plus proche et sombra dans un néant salvateur, exempt de tout rêve, cauchemar ou autre vision. Le calme ultime. Avant la tempête.

***
Dès que son transporteur sortit de l’hyperespace au large de Nar Shaddaa, Séis lança ses sens dans la Force. Le Gant de Vèntorqis l’aida à faire le tri parmi la multitude de formes de vie qu’il détecta. Il se concentra plus avant et une présence familière s’imposa à son esprit. Il reconnut l’aura de Tel’Ay Mi-Nag. Une fois de plus, son maître avait vu juste.
Séis n’éprouvait pas la moindre inquiétude à l’idée d’affronter son ancien condisciple. Un an plus tôt, il se serait fait battre par lui, sans nul doute. Mais depuis, Séis avait découvert de nouvelles arcanes de la Force. Et le Gant de Vèntorqis lui assurait un avantage déterminant, en tant que focalisateur de Force.
Un sourire carnassier déforma les traits dévaroniens de Séis : il allait écraser le Skelor. Le sentiment d’infériorité qu’il avait longtemps eu à son égard n’était plus qu’un lointain souvenir, et il connaissait tous les pouvoirs possédés par Tel’Ay. Le dernier disciple de Maal Gami ne serait bientôt plus.

***
Ver’Liu obtint facilement un rendez-vous avec le commandant du Carolusia. Il fut étonné et heureux de voir que ce personnage, responsable d’une Station Spatiale Itinérante comptant quelques vingt mille âmes à son bord, trouvait encore le temps de recevoir les doléances des « habitants ».
Il se prépara soigneusement, et se fit faire une tenue sur mesure par un tailleur, copie presque conforme de la tenue militaire des souverains de la planète : Grâce aux quelques holos que sa mère avait pu sauver en fuyant Skelor I, il savait à quoi ressemblait la tenue d’apparat arborée par ses ancêtres rois en tant que généraux en chef des armées. Son uniforme, élaboré en à peine deux jours par un tailleur local, était de couleur noire, mais bien moins ostentatoire que la tenue originelle. Les deux seuls signes distinctifs que Ver’Liu s’était autorisé à conserver étaient une représentation stylisée du Dieu-Serpent, en fils d’argent, au niveau de son biceps gauche, ainsi qu’un petit écusson représentant les Armes de la famille royale, au milieu de sa poitrine.
Il amena également avec lui tous les éléments pouvant prouver son identité : identoplaques familiales, dont la sienne, holos de la famille royale, et quelques symboles de son pouvoir, sceptre, fine couronne d’or et dague de cérémonie. Suivant une inspiration de dernière minute, il avait fait remplir un document par Amo’Kar, Seleniel et Lar’Jon, dans lequel ils attestaient la légitimité de Ver’Liu, en se basant sur la tache de naissance qui couvrait son front.
Arrivé une demi-heure en avance à son rendez-vous, la secrétaire avenante le fit asseoir sur un sofa cossu en attendant que le commandant soit disponible pour le recevoir. Il s’installa et patienta, image de calme et de sérieux. Mais intérieurement, il bouillait : son destin allait se jouer ici.
A l’heure du rendez-vous, l’interphone bipa sur le bureau de la secrétaire : elle eut une courte conversation et désigna à Ver’Liu la porte du bureau du commandant, qui s’ouvrit sur ces entrefaits. Le jeune Skelor se leva, ajusta machinalement sa tenue, dans laquelle il ne se sentait guère à l’aise. Il prit son attaché-case, porteur des éléments qui devraient attester son identité, et entra.

Veckmar Talorin, commandant de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, était Calamarien. Ses expressions faciales étaient indéchiffrables pour Ver’Liu. Néanmoins, il crut lire de la fatigue dans les yeux globuleux de l’être. La climatisation du bureau étaient réglée pour distiller une fine brume fraîche, sûrement calquée sur les conditions de vie de la planète aquatique dont était originaire le commandant Veckmar. Ver’Liu fut tout de suite à l’aise : d’après ses informations, Skelor I baignait dans une atmosphère similaire.
Le Calamarien obèse, après les présentations d’usage énoncées d’une voix rocailleuse, croisa ses mains palmées sur sa vaste bedaine, et écouta le plaidoyer de Ver’Liu.

Deux heures plus tard, Veckmar donna son congé à Ver’Liu, après lui avoir assuré que sa demande d’aide serait transmise aux services diplomatiques de la République. Le commandant avait été très sceptique au départ, se demandant s’il n’avait pas tout simplement affaire à un escroc ou un fou. A la fin de l’entretien, il était convaincu de la légitimité de son interlocuteur.
Il avait connecté son terminal informatique sur celui de sa secrétaire, et activé les micros de son bureau, afin que sa secrétaire puisse entendre la conversation. Il avait pris soin de pianoter un bref message à son intention, mais elle avait très bien compris où il voulait en venir : elle devait contrôler en direct toutes les assertions du jeune reptilien, pour déterminer son niveau de crédibilité.
Ce n’était pas la première fois qu’ils procédaient ainsi : Veckmar avait derrière lui un long passé d’enquêteur policier. Il s’était livré à un interrogatoire subtil mais pointu, et n’avait jamais réussi à surprendre Ver’Liu en flagrant délit de mensonge.
En tant que commandant du Carolusia, Veckmar était le dirigeant d’une micro-entité politique indépendante, forte de vingt-mille âmes. La station était néanmoins traditionnellement alliée à la République, avec qui elle collaborait de temps à autre, surtout en tant que lieu d’escale pour des navires républicains. C’est en se basant sur ces liens de longue date qu’il décida de transmettre la demande d’aide de Ver’Liu. Au pire, cela ne changerait rien pour le Carolusia. Au mieux, il y gagnerait un surcroît d’influence.
Lui et sa secrétaire mirent une heure à élaborer le dossier appuyant la requête de Ver’Liu So-Ren, et le transmirent aussitôt en direction de Coruscant, via les systèmes-relais qui parsemaient l’espace.
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Chapitre 3


Tel’Ay ne resta pas inactif en attendant que la Wookiee retrouve sa mobilité. Il explora consciencieusement les poches des Weequays et du Ho’Din, et fit un tas de toutes leurs possessions : datacarte, quatre blasters, deux fusils-blasters, deux dagues, quelques crédits et la mallette du docteur Ho’Din.
Il trouva des barres énergétiques dans cette dernière et en avala deux sur le champ. Elles ne feraient que masquer la fatigue qui l’écrasait, mais seraient indispensables tant qu’il n’aurait pas recouvré quelques forces. Elle contenait également des pansements de bacta et de l’antiseptique en quantités non négligeables. Tout cela servirait, mais Tel’Ay n’y toucha pas : il verrait avec la Wookiee pour se partager les médicaments, en privilégiant les lésions et blessures les plus graves.
Il se débarrassa également de ses guenilles informes au profit de l’une des combinaisons des Weequays. Elle était en cuir mat et de couleur marron, et commençait à être singulièrement usée aux articulations. Mais quand il l’enfila, il eut l’impression de revivre, malgré l’odeur entêtante de sueur du précédent propriétaire.

Il se pencha ensuite sur son problème avec la Force. Très étrange, en vérité. Il la percevait et vit qu’il pouvait l’utiliser d’une manière passive. Il étendit ses perceptions autour de lui et put identifier toutes les êtres vivants sur cent mètres à la ronde. Au premier plan prédominait la terreur de la Wookiee, presque tangible, ce qui ne manqua pas de l’interloquer : cette espèce impressionnante était pourtant réputée pour être dotée d’un caractère fort, d’une vitalité à toute épreuve et du plus grand des courages. D’un autre côté, si cette femelle traînait à ce niveau des bas-fonds de Nar Shaddaa, c’est qu’il y avait bien une raison. Quel qu’ait été le traumatisme dont elle avait souffert, il avait visiblement été suffisant pour la transformer en loque, comme lui.
Avisant l’un des blasters, il tenta de le faire léviter jusqu’à sa main. Ses efforts restants vains après cinq tentatives, il renonça, perplexe. Il haussa les épaules, résigné. Si la Force le rejetait, il s’en passerait, voilà tout. Ça ne l’empêcherait pas de quitter cette planète et de comparaître devant son Maître. La tâche ne serait qu’un peu plus ardue, mais Tel’Ay s’en moquait éperdument : il ferait face à ses responsabilités, quoiqu’il arrive.

La Wookiee finit par sortir de sa paralysie. Elle tremblait de tous ses membres, ce que Tel’Ay interpréta d’abord comme une conséquence du choc. Il se rendit compte par la suite que les tremblements ne cessaient pas, et en conclut qu’ils étaient la manifestation physique de la peur dans laquelle elle semblait vivre en permanence.
Tel’Ay s’aperçut également qu’il comprenait les grognements émis par sa compagne, grâce à sa maîtrise désormais passive et erratique de la Force. Il la comprenait d’autant mieux qu’elle ne s’exprimait pas par phrases, mais plus par une suite de mots, comme si elle n’était pas capable de s’exprimer correctement. Il ne savait pas si ce phénomène était le fruit d’une déficience momentanée ou d’un handicap plus profond, et s’en moquait. Il sortirait de là cette Naveromanaria, s’il avait bien compris son nom. Trop peu pratique pour être utilisé, Tel’Ay avait décidé de le transformer en Anaria, ce qui n’avait pas eu l’air de déranger la Wookiee.

Le Skelor répartit entre Anaria et lui les armes et les diverses affaires collectées, et donna le signal de départ. Il refusait de rester une seconde de plus en ces lieux sordides. Ils attendraient d’être dans des niveaux supérieurs pour se soigner : Tel’Ay estima en effet que vue l’insalubrité régnante, traiter une plaie ne servirait sans doute à rien, même à l’aide de bacta. Anaria le suivit docilement, un pâle sourire aux lèvres, même si Tel’Ay n’était pas convaincu qu’elle ait compris les explications qu’il lui avait donné.
Ils marchèrent des heures, lentement : leur condition physique ne valant rien ou prou, ils étaient obligés de faire des pauses fréquemment. De plus, comme ils montaient, ils étaient parfois obligés de s’en remettre à des échelles métalliques sans âge. Les barreaux rouillés étaient parfois branlants, et souvent glissants. Tel’Ay craignit plus d’une fois que le poids d’Anaria fasse céder les barreaux corrodés, mais ils tinrent bon.

Ils débouchèrent enfin à un niveau habité par la lie de la société hutt. Mais à côté de l’endroit d’où ils venaient, le lieu pouvait aisément passer pour un centre rayonnant de civilisation. Leurs armes bien en évidence, et Anaria étant une Wookiee, nul ne vint leur chercher noise. Tel’Ay troqua deux de leurs armes contre quelques crédits supplémentaires, qu’ils investirent dans un repas gargantuesque, acheté à un Humain tenant une petite échoppe ambulante.
Ils négocièrent également d’autres médicaments et se trouvèrent une chambre crasseuse dans un hôtel miteux. Malgré les quelques blattes et cafards qui y régnaient, l’endroit était luxueux à côté des égouts dont ils venaient. Tel’Ay eut le sentiment de vraiment revenir à la vie quand il fut sous la douche sonique. Il la quitta à regret au bout d’une longue heure de bonheur et laissa la place à Anaria. Ils passèrent le reste de la soirée à panser leurs multiples blessures. Tel’Ay en silence, et Anaria monologuant doucement, tel un enfant vivant dans un monde imaginaire. Il remarqua une plaie profonde et infectée à l’arrière du crâne de la Wookiee. Peut-être était-elle responsable de son délabrement mental apparent ?
Tel’Ay s’en préoccuperait le lendemain. Pour l’heure, il était épuisé par leur périple : il se laissa tomber sur le lit le plus proche et sombra dans un néant salvateur, exempt de tout rêve, cauchemar ou autre vision. Le calme ultime. Avant la tempête.

***
Dès que son transporteur sortit de l’hyperespace au large de Nar Shaddaa, Séis lança ses sens dans la Force. Le Gant de Vèntorqis l’aida à faire le tri parmi la multitude de formes de vie qu’il détecta. Il se concentra plus avant et une présence familière s’imposa à son esprit. Il reconnut l’aura de Tel’Ay Mi-Nag. Une fois de plus, son maître avait vu juste.
Séis n’éprouvait pas la moindre inquiétude à l’idée d’affronter son ancien condisciple. Un an plus tôt, il se serait fait battre par lui, sans nul doute. Mais depuis, Séis avait découvert de nouvelles arcanes de la Force. Et le Gant de Vèntorqis lui assurait un avantage déterminant, en tant que focalisateur de Force.
Un sourire carnassier déforma les traits dévaroniens de Séis : il allait écraser le Skelor. Le sentiment d’infériorité qu’il avait longtemps eu à son égard n’était plus qu’un lointain souvenir, et il connaissait tous les pouvoirs possédés par Tel’Ay. Le dernier disciple de Maal Gami ne serait bientôt plus.

***
Ver’Liu obtint facilement un rendez-vous avec le commandant du Carolusia. Il fut étonné et heureux de voir que ce personnage, responsable d’une Station Spatiale Itinérante comptant quelques vingt mille âmes à son bord, trouvait encore le temps de recevoir les doléances des « habitants ».
Il se prépara soigneusement, et se fit faire une tenue sur mesure par un tailleur, copie presque conforme de la tenue militaire des souverains de la planète : Grâce aux quelques holos que sa mère avait pu sauver en fuyant Skelor I, il savait à quoi ressemblait la tenue d’apparat arborée par ses ancêtres rois en tant que généraux en chef des armées. Son uniforme, élaboré en à peine deux jours par un tailleur local, était de couleur noire, mais bien moins ostentatoire que la tenue originelle. Les deux seuls signes distinctifs que Ver’Liu s’était autorisé à conserver étaient une représentation stylisée du Dieu-Serpent, en fils d’argent, au niveau de son biceps gauche, ainsi qu’un petit écusson représentant les Armes de la famille royale, au milieu de sa poitrine.
Il amena également avec lui tous les éléments pouvant prouver son identité : identoplaques familiales, dont la sienne, holos de la famille royale, et quelques symboles de son pouvoir, sceptre, fine couronne d’or et dague de cérémonie. Suivant une inspiration de dernière minute, il avait fait remplir un document par Amo’Kar, Seleniel et Lar’Jon, dans lequel ils attestaient la légitimité de Ver’Liu, en se basant sur la tache de naissance qui couvrait son front.
Arrivé une demi-heure en avance à son rendez-vous, la secrétaire avenante le fit asseoir sur un sofa cossu en attendant que le commandant soit disponible pour le recevoir. Il s’installa et patienta, image de calme et de sérieux. Mais intérieurement, il bouillait : son destin allait se jouer ici.
A l’heure du rendez-vous, l’interphone bipa sur le bureau de la secrétaire : elle eut une courte conversation et désigna à Ver’Liu la porte du bureau du commandant, qui s’ouvrit sur ces entrefaits. Le jeune Skelor se leva, ajusta machinalement sa tenue, dans laquelle il ne se sentait guère à l’aise. Il prit son attaché-case, porteur des éléments qui devraient attester son identité, et entra.

Veckmar Talorin, commandant de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, était Calamarien. Ses expressions faciales étaient indéchiffrables pour Ver’Liu. Néanmoins, il crut lire de la fatigue dans les yeux globuleux de l’être. La climatisation du bureau étaient réglée pour distiller une fine brume fraîche, sûrement calquée sur les conditions de vie de la planète aquatique dont était originaire le commandant Veckmar. Ver’Liu fut tout de suite à l’aise : d’après ses informations, Skelor I baignait dans une atmosphère similaire.
Le Calamarien obèse, après les présentations d’usage énoncées d’une voix rocailleuse, croisa ses mains palmées sur sa vaste bedaine, et écouta le plaidoyer de Ver’Liu.

Deux heures plus tard, Veckmar donna son congé à Ver’Liu, après lui avoir assuré que sa demande d’aide serait transmise aux services diplomatiques de la République. Le commandant avait été très sceptique au départ, se demandant s’il n’avait pas tout simplement affaire à un escroc ou un fou. A la fin de l’entretien, il était convaincu de la légitimité de son interlocuteur.
Il avait connecté son terminal informatique sur celui de sa secrétaire, et activé les micros de son bureau, afin que sa secrétaire puisse entendre la conversation. Il avait pris soin de pianoter un bref message à son intention, mais elle avait très bien compris où il voulait en venir : elle devait contrôler en direct toutes les assertions du jeune reptilien, pour déterminer son niveau de crédibilité.
Ce n’était pas la première fois qu’ils procédaient ainsi : Veckmar avait derrière lui un long passé d’enquêteur policier. Il s’était livré à un interrogatoire subtil mais pointu, et n’avait jamais réussi à surprendre Ver’Liu en flagrant délit de mensonge.
En tant que commandant du Carolusia, Veckmar était le dirigeant d’une micro-entité politique indépendante, forte de vingt-mille âmes. La station était néanmoins traditionnellement alliée à la République, avec qui elle collaborait de temps à autre, surtout en tant que lieu d’escale pour des navires républicains. C’est en se basant sur ces liens de longue date qu’il décida de transmettre la demande d’aide de Ver’Liu. Au pire, cela ne changerait rien pour le Carolusia. Au mieux, il y gagnerait un surcroît d’influence.
Lui et sa secrétaire mirent une heure à élaborer le dossier appuyant la requête de Ver’Liu So-Ren, et le transmirent aussitôt en direction de Coruscant, via les systèmes-relais qui parsemaient l’espace.
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H@n Solo
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

Message par H@n Solo »

***
Après sa première longue nuit de repos, Tel’Ay Mi-Nag se réveilla l’esprit alerte, et définit ses priorités : faire soigner Anaria, si c’était possible, puis rallier Meros V pour comparaître devant son maître.
Concernant la Wookiee, il fut vite convaincu qu’elle avait de sérieux problèmes mentaux : plusieurs fois dans la matinée, elle passa sans crier gare de la douceur d’une enfant, sifflotant et babillant, à des crises de désespoir, et à des explosions de colère. Ces dernières auraient pu être dévastatrices mais le Skelor trouva vite la parade pour endiguer ce flot d’extériorisation violente : il lui parlait calmement et s’interposait entre elle et le maigre mobilier de leur chambre, pour éviter qu’elle ne le détruise. Et de ce fait, elle n’insistait pas, comme si elle avait peur de lui faire mal…ou qu’il lui en fasse, peut-être.
Plus ou moins privé de la Force comme il l’était, il devait s’en remettre à des moyens plus traditionnels pour atteindre ses buts : il lui fallait donc de l’argent.
A tout hasard et sans y croire, il alla jusqu’à un terminal bancaire et activa les codes qui lui donnaient autrefois l’accès aux comptes de la Confrérie de Maal Taniet. Ces comptes, disséminés dans la galaxie, servaient aux membres de la Confrérie pendant leurs missions, en cas de besoin. Chose étonnante, son accréditation était toujours valide, et le compte était garni de plusieurs dizaines de milliers de crédits, bien plus qu’il n’en fallait pour ses besoins.
Les poches emplies d’une somme substantielle, et accompagné d’Anaria, qu’il n’osait pas laisser seule pour lui éviter des ennuis, ils remontèrent vers les quartiers huppés, à pied car nul taxi-speeder ne descendait dans les niveaux inférieurs de la cité tentaculaire.
Ils marchaient depuis une heure quand une pointe de douleur assaillit la tête de Tel’Ay…une sorte de sonde inquisitrice, activée via la Force. L’image de Séis flotta dans son esprit : le Dévaronien n’était pas loin, sans nul doute à ses trousses. Fataliste, Tel’Ay continua sa route : il semblait bien que finalement, il n’aurait pas besoin de se rendre sur Meros V, et que Maal Gami avait envoyé Séis sur ses traces. Il fut étonné de ce choix, car le Dévaronien avait toujours été inférieur à Tel’Ay quant à la maîtrise de la Force. Avait-il fait des progrès suffisamment sérieux en un an, au point de pouvoir rivaliser avec lui et le vaincre ?
Tel’Ay devait-il même chercher à lutter, lui qui était presque privé de la Force ? Si Séis était là, ce ne pouvait être que sur les ordres de Maal Gami, or Tel’Ay était décidé à comparaître devant lui pour subir le châtiment de sa folie. Son ancien maître le jugeait-il indigne de se présenter devant lui ?
Il abandonna ces questions : les réponses viendraient bien assez tôt. Après ce court contact mental, la présence de Séis avait disparu, et Tel’Ay n’était pas capable de la percevoir à nouveau : soit Séis se dissimulait dans la Force, soit les pouvoirs de Tel’Ay étaient trop lacunaires et erratiques pour être efficaces. Le Skelor se doutait que ces deux éléments étaient en cause.

Quelques heures plus tard, au détour de la rue déserte d’une ancienne zone industrielle, Tel’Ay et Anaria stoppèrent net. Face à eux se dressait une haute silhouette encapuchonnée. Le Skelor sentit la puissance familière qui en émanait. Séis. Mais ce qui le frappa surtout fut la noirceur de son aura. Ce n’était pas un aura de Tanietien, mais plutôt d’ancien Sith, estima Tel’Ay. A ses côtés, Anaria se mit à irradier de peur à peine contrôlée, et poussa un faible gémissement.
Le Dévaronien sortit une main des replis de sa cape, rabattit sa capuche sur ses épaules, et prit la parole.
– Tel’Ay…ça faisait longtemps.
– Tu as changé, Séis. Et de beaucoup. Tu es plus puissant, je le sens.
– En effet, nul doute là-dessus, acquiesça Séis. Bien plus puissant que tu ne le seras jamais…Je suis ici sur ordre de mon maître, et ma mission consiste à te tuer.
– Hum…je m’en doute. Comment se fait-il que Maal Gami ait attendu tout ce temps avant de t’envoyer à mes trousses ?
– Maal Gami ? s’esclaffa Séis. Pauvre abruti, Maal Gami est mort depuis plus d’un an, avec tous ses élèves !
– C’est impossible ! fit Tel’Ay, abasourdi par une telle nouvelle. Qu’est-il arrivé ?
– Nous ne sommes pas les seuls Sith, Tel’Ay, répondit le Dévaronien, un fin sourire aux lèvres. Il y a un autre Ordre Sith, qui vit dans l’ombre de l’ombre. Dark Omberius est le nom de leur maître. Et je me suis rallié à sa cause quand j’ai compris que je perdais mon temps auprès de Maal Gami ! La première mission qu’il m’a confié, après m’avoir enseigné de nouveaux pouvoirs, fut de détruire la Confrérie de Maal Taniet, et je l’ai accomplie avec brio ! Tous sont morts, y compris Maal Gami. Toi et moi sommes les derniers êtres issus de cette école désormais disparue, et dans quelques instants, je serais le dernier !
Ceci dit, il exhiba sa main droite, ceinte du Gant de Vèntorqis, symbole du pouvoir de leur défunte Confrérie. Dans la gauche, un sabrolaser que Tel’Ay ne lui connaissait pas. Quand le Dévaronien l’activa, une lame rouge sang en jaillit dans un grésillement sourd.

***
Spender Lia Rogden, superviseur des communications extra-planétaires au sein des services diplomatiques de la République, s’ennuyait ferme. Sa fonction consistait à valider ou non les messages émanant de personnes autorisées, et à les transmettre à qui de droit. Rôle ingrat mais essentiel : les communications étaient ce qui assuraient le liant au sein de la République. Fonctionnaire important, il avait une trentaine d’êtres sous ses ordres.
Quand Rogden avait intégré le Corps Diplomatique, deux décennies auparavant, il avait rêvé d’une carrière glorieuse, son rêve secret étant de se lancer un jour dans la politique. Il avait vite déchanté, car n’avait pas l’envergure nécessaire pour sortir de son rôle étriqué. Il le savait depuis longtemps, sans oser se l’avouer. Rendu aigri par des années stériles de bons et loyaux services, il avait du revoir ses ambitions à la baisse. Abandonnant une gloire hypothétique qu’il n’atteindrait jamais, il s’était rabattu sur un plan B : s’enrichir sur un plan personnel.
Son rôle lui permettant d’avoir accès à toutes les informations intéressantes qui circulaient à travers l’espace, notamment via le tout récent holonet, il avait trouvé un excellent moyen de mettre du beurre dans les épinards : la revente des copies de certains messages.
Rogden n’étant pas fou et tenant à son train de vie, il ne vendait pas n’importe quelle information à n’importe qui. Ses premiers « clients » avaient été triés sur le volet, et les contenus des messages transférés n’avaient rien de sensibles, sauf sur un plan personnel. Le temps passant, il s’était constitué une véritable clientèle, capable d’exploiter des données importantes sans en dévoiler la source : hors de question de tuer la poule aux œufs d’or.
Parmi ses contacts fiables figurait un conseiller proche d’Ovelar Nantelek, notamment maître du système de Skelor. Depuis des années, il lui transmettait une copie de tous les dossiers concernant Nantelek et la région de l’espace qu’il contrôlait.

Ce jour-là, un de ses subordonnés attira son attention sur un message provenant de la station spatiale itinérante Carolusia. Dès qu’il l’eut lu, son cœur se mit à battre plus fort : le conseiller de Nantelek allait lui payer une fortune pour avoir accès à ce dossier !
Il ordonna à son employé de transmettre le dossier aux services de la Chancellerie de la République et, selon les protocoles en vigueur, en fit déposer une copie pour les archives du Corps Diplomatique. Un peu plus tard, installé à sa propre console, il en fit une nouvelle copie, qu’il envoya sur-le-champ vers le système Skelor. Suivant son habitude, il effaça ensuite soigneusement les traces informatiques de son acte, et retourna vaquer à ses activités normales, comme si de rien n’était.

***
La vue de la lame énergétique du sabrolaser de Séis provoqua une réaction immédiate d’Anaria. Elle poussa un hurlement, mélange de haine et de terreur. Une image très brève, issue de son esprit, s’imposa dans celui de Tel’Ay : par les yeux de la Wookiee, il vit un sabrolaser, de la même couleur que celui de Séis, s’abattre sur elle. La silhouette qui l’avait à la main était indistincte, encapuchonnée, mais Tel’Ay vit quelques tresses blondes en dépasser. Le Skelor n’eut pas le temps de s’appesantir sur ce souvenir vécu par la Wookiee : malgré son défaut dans la Force, il vacilla, affecté par la violence des émotions charriées par sa compagne.
Ce fut pire pour Séis, totalement ouvert à la Force comme il l’était. Le temps de lever un bouclier mental pour se protéger de la déferlante émotionnelle, Anaria fut sur lui et le balaya d’un revers du bras ravageur. Le Dévaronien fut violemment projeté en arrière et absorba le choc comme il put.
Sans plus se préoccuper de lui, Anaria s’empara de Tel’Ay par la taille, le glissa sous son bras et s’enfuit, comme si elle avait tous les diables de l’univers à ses trousses. Tel’Ay, dans la position aussi inconfortable qu’humiliante qui était la sienne, tenta vainement de la raisonner. Mais l’esprit atrophié de la Wookiee était imperméable à toute pensée cohérente, et animé d’une seule compulsion : mettre le plus de distance possible entre leur agresseur et eux.
Tel’Ay, sans la Force à son service, ne pouvait pas rivaliser avec la force physique d’Anaria. Impuissant, il ne pouvait qu’essayer de la calmer, en espérant réussir avant que Séis ne soit sur eux.

A grandes enjambées, Anaria arriva aux abords de la zone industrielle, et se jeta vers une rue plus passante. A force de se contorsionner, Tel’Ay vit que Séis les poursuivait, mais n’aurait pas su estimer s’il gagnait du terrain. La Wookiee déboula sur la voie sans se préoccuper des lanspeeders qui y circulaient, et l’un d’eux les percuta à faible vitesse. Le choc fut suffisant pour les envoyer valdinguer à terre tels des pantins désarticulés. Pendant que Tel’Ay tentait de reprendre son souffle, enfin libéré de la poigne de fer d’Aanaria, celle-ci s’était déjà remise debout et se précipitait vers le conducteur du landspeeder, descendu de son véhicule en tremblant, pour prendre des nouvelles.
Anaria le repoussa violemment, sauta aux commandes du landspeeder et cria à Tel’Ay de la rejoindre. Il le fit en clopinant du mieux qu’il le pouvait, encore ankylosé par sa chute.
La Force daigna l’avertir d’un danger imminent, mais avant qu’il ait le temps de réagir, Séis sauta sur l’arrière du landspeeder et s’apprêta à les faucher d’un coup de sabrolaser. Anaria mit brutalement les gaz à ce moment et le Dévaronien, surpris et déséquilibré, retomba sur la route derrière eux.
– Accélère, il ne va pas en rester là ! cria Tel’Ay.
Il se mit à réfléchir furieusement. Il fallait absolument qu’il trouve une solution pour se débarrasser de son ancien condisciple. Si encore il avait pu se fier à la Force, tout aurait été différent : que Séis ait des nouveaux pouvoirs ou non, Tel’Ay ne doutait pas d’être capable d’en venir à bout. Mais là…son esprit restait désespérément vierge de toute inspiration.
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H@n Solo
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

Message par H@n Solo »

***
Marcus Valorum, assis devant son luxueux bureau, se frotta les tempes, dans un geste vain pour lutter contre sa migraine grandissante. La séance exceptionnelle du Sénat, qu’il venait de présider en tant que Chancelier de la République, avait été pour le moins houleuse. Une bonne partie des sénateurs l’avait pris à partie à cause de l’attentat qui avait tué le sénateur bothan Jeroed’Erfey et trente-quatre autres personnes.
Très remontés, les sénateurs l’avaient quasiment rendu responsable de ce crime, en stigmatisant les lacunes des services de sécurité. Comme s’il y pouvait quelque chose ! Il fallait qu’il inverse la tendance rapidement : ses ennemis politiques se multipliaient ces derniers mois. La République était en pleine période d’expansion, et son influence n’avait jamais été aussi importante. Du coup, certains des sénateurs les moins scrupuleux tentaient d’affaiblir Valorum. Il voyait clair dans leur jeu : à force de le discréditer, ils espéraient provoquer de nouvelles élections et en profiter pour renforcer leurs propres positions et leur influence.
Marcus Valorum était souvent dégoûté par une telle attitude, lui qui était issu d’une vieille famille patricienne. En tant que tel, il prenait très à cœur ses devoirs de Chancelier : il n’était pas le premier de sa lignée à assumer un tel rôle, et l’honneur et la justice avaient toujours été son fil conducteur. Pour lui, le bien commun passait avant tout, et il avait bien du mal à comprendre la mentalité de ces sénateurs qui ne voulaient le pouvoir que pour se sentir importants et s’en servir à des fins personnelles.

La séance avait duré de longues heures et n’avait été pour ses adversaires qu’un prétexte pour le haranguer. Valorum avait finalement réussi à faire passer une motion, non sans mal, car peu de sénateurs avaient envie de l’écouter, trop occupés à déverser leur bile sur lui. Mais la raison avait fini par l’emporter, et la motion chargeant l’Ordre Jedi de mener une enquête sur ses événements avait été acceptée.
Sa console de communication bipa, et il ouvrit un canal quand il vit que la demande émanait du Temple Jedi. Un hologramme bleuâtre et haut d’une trentaine de centimètres apparut. Valorum eut la satisfaction de reconnaître le visage du Nikto Maddeus Oran Lijeril, le Maître le plus important de l’Ordre. La collaboration entre les deux hommes, teintée de respect dès le départ, s’était au fil du temps transformée en amitié, dont le socle commun était la prospérité de la République.
– Salutations, Marcus. La journée a été rude ?
– C’est le moins qu’on puisse dire, mon vieil ami. J’espère que vous avez de bonnes nouvelles à m’apprendre, de nature à calmer le Sénat ?
Lijeril acquiesça de la tête avant de répondre :
– En effet. Le Conseil Jedi vient de délibérer et a désigné un enquêteur pour retrouver le meurtrier du sénateur bothan : le Chevalier Tchoo-Nachril.
– Ah ? fit Valorum, légèrement déçu. Euh…ne serait-il pas possible de nommer un Jedi…hum…comment dire…plus connu ? Cela aurait plus d’impact auprès du Sénat.
– Impossible, Marcus. Nous nous refusons à nommer un enquêteur pour des raisons politiques. Mais soyez rassurés, Tchoo-Nachril a toutes les compétences requises pour mener à bien cette mission.
– Oui, bien sûr. Pardonnez-moi, Maddeus. Je pense trop en tant que politicien, ces derniers temps. Je n’ai jamais entendu parler de ce Chevalier, pourriez-vous m’en dire plus sur lui ?
– Bien sûr : c’est un Whiphid, et assez expérimenté pour prendre un Padawan, ce qu’il fera certainement à l’issue de cette mission. C’est un enquêteur de premier ordre, extrêmement tenace.
– Parfait. Je vous laisse, je vais en aviser le Sénat sur-le-champ, ça devrait alléger l’atmosphère. Quand commence-t-il son enquête ?
– Elle est déjà bien entamée, Marcus, sourit Maddeus. Je vous tiens au courant.
Marcus Valorum acquiesça et coupa la communication.

***
Tel’Ay n’en menait pas large : à la base, il détestait cordialement les machines, landspeeder inclus. Et Anaria, aux commandes, n’arrangeait pas son malaise. Il était assez sidéré de voir que, même avec son esprit dérangé, la Wookiee était une virtuose du pilotage. Elle semblait ne faire qu’un avec le landspeeder, qu’elle lançait sans la moindre hésitation à travers des couloirs de circulation encombrés. Tel’Ay crut plus d’une fois sa dernière heure arrivée, et du vite des rendre à l’évidence : malgré dans son état, Anaria pilotait bien mieux que lui ne le ferait jamais, même avec l’aide de la Force.
Ce défi était en revanche relevé par Séis : il n’avait pas fallu plus de trois minutes au Dévaronien pour surgir derrière eux, aux commandes d’une moto-speeder. Tel’Ay, qui avait commencé à espérer qu’ils pourraient le semer, avait vite déchanté : aussi douée soit-elle, Anaria ne pouvait pas distancer une moto-speeder, surtout pilotée à l’aide de la Force. La confrontation semblait inéluctable.
Anaria fonça vers un couloir aérien et entreprit de passer entre deux camions-speeders qui allaient se croiser. Tel’Ay serra les dents, persuadé qu’ils ne passeraient pas. Au moment où la collision semblait inéluctable, Anaria fit se cabrer brusquement le speeder et passa juste en dessous du camion. Le Skelor aurait pu le toucher en tendant la main vers le haut. Il constata, dépité, que Séis était lui aussi passé, mais par-dessus : il toucha légèrement un véhicule. Pas de quoi le désarçonner ni l’arrêter, mais il perdit un peu de terrain.
La Wookiee jeta un coup d’œil rapide derrière elle, grogna de dépit en voyant que leur poursuivant était toujours là. Elle maltraita les commandes et le speeder tomba comme une pierre, en direction d’une série de gratte-ciel surplombés de dômes pointus. Elle virevolta autour, et Tel’Ay ne put que louer son bon sens : Séis les rattraperait immanquablement en vitesse pure, mais leur véhicule était plus maniable que sa moto-speeder. L’obliger à zigzaguer ne pouvait que le ralentir.
Il dut lui aussi le comprendre, car Tel’Ay le vit allumer puis lancer son sabrolaser dans leur direction.
– Attention ! cria-t-il.
Anaria réagit à la vitesse de l’éclair et jeta le speeder en contrebas. Le sabrolaser, guidé par la Force, suivit en virevoltant et déchira l’arrière de leur véhicule, avant de retourner vers son maître. Des étincelles crépitèrent à l’arrière de leur speeder, et une fumée noirâtre apparut après une pétarade de mauvais augure. Grognant sa frustration, Anaria lutta contre les commandes, mais rien n’y fit : la trajectoire de leur speeder se fit erratique, et ils perdirent de l’altitude.
Séis n’eut dès lors aucun mal à fondre sur eux, tel un chauve-faucon sur sa proie. Il les dépassa et tenta de décapiter Tel’Ay au passage, d’un coup de sabrolaser rageur. Le Skelor se baissa prestement et sentit la lame d’énergie le frôler.
Séis faisait demi-tour pour un nouvel assaut, quand une explosion retentit à l’arrière du speeder d’Anaria et Tel’Ay. Ses répulseurs se coupèrent et il tomba comme une pierre, en manquant de percuter une tour. Totalement impuissant, Tel’Ay regarda le sol se rapprocher d’eux à une vitesse alarmante, quelques dizaines de mètres plus bas. C’est donc ainsi que tout se termine, pensa-t-il, avec un goût amer dans la bouche.
C’est alors qu’il envisagea une mince planche de salut. Il cria pour se faire entendre dans le vent furieux qui lui fouettait le visage.
– Anaria, suis-moi !
Et il se jeta dans le vide. Si Anaria avait pris le temps de réfléchir, elle se serait recroquevillée de terreur et aurait attendu la fin. Mais elle se contenta de sauter à la suite de Tel’Ay, instinctivement. La tête en bas, Tel’Ay tombait parallèlement à la tour. Moins de deux mètres l’en séparait. Il s’assura que sa chute l’amenait là où il le voulait, et se prépara au choc.
Les étages inférieurs de la tour étaient garnis d’auvents de tissu, qui annonçaient autant d’antiques enseignes commerciales. Juste avant que Tel’Ay ne percute la première, il avisa un grand chiffre huttais peint sur la tour, et qui correspondait au chiffre « sept » en basique. Soit les étages qui le séparaient du sol.
Lancé comme un missile, il traversa le premier auvent comme s’il n’existait pas. Le second était bien plus solide : il s’enfonça dedans dans un grincement, avant qu’un bruit de déchirure ne se fasse entendre. Il passa à travers au moment où Anaria allait l’écraser. Il commença à se rassurer : sa chute avait été stoppée net par ce solide auvent, et sa vitesse n’était plus mortelle. Les cinq derniers étaient de la même facture médiocre que le premier. Il les traversa facilement, mais fut encore un peu plus ralenti à chaque fois. Il entendit les cris des passants, tout en bas, qui avaient remarqué l’événement et le commentaient.
Le rude contact avec le sol le laissa sonné et désorienté quelques instants. Anaria s’affala à ses côtés comme un sac à patates vigeriennes, et se mit à gémir de douleur.
– Qu’est-ce qu’on s’amuse, vieux ! ironisa Séis.
Le Devaronien venait d’atterrir souplement devant Tel’Ay, et sa moto-speeder, en perdition, alla s’écraser un peu plus loin. Ce fut le signal de la fuite pour les badauds, surtout quand Séis alluma son sabrolaser.
– Dans une prochaine vie, pense à te reconvertir dans un cirque ! continua Séis, hilare.
Il s’approcha d’un pas déterminé de Tel’Ay qui, le regard absent, ne semblait pas être décidé ou capable de se relever.
Séis abattit son sabrolaser vers la tête de son ancien condisciple.

***
Ovelar Nantelek, alias Dark Omberius, quitta à regret la méditation dans laquelle il se plaisait à ourdir les complots et les machinations qui allaient faire de lui l’être le plus puissant de la galaxie. Sa console de communication bipait, lui indiquant qu’un fichier venait d’arriver à son intention. Ce dossier, transmis par une myriade de relais hyperspatiaux, portait la signature de Spender Lia Rogden, membre des services diplomatiques de Coruscant.
Il le parcourut longuement, et apprit avec surprise l’existence d’un héritier au trône de Skelor I. Ce jeune impudent n’aurait pas pu choisir un pire moment pour réclamer son héritage : Omberius était presque prêt à déclencher les événements qui lui donneraient le pouvoir. Et voilà qu’un jeune imbécile du nom de Ver’Liu So-Ren entendait se dresser sur sa route, sans le savoir !
Le seigneur noir des Sith ne tergiversa pas longtemps, et ouvrit un canal de communication avec le navire de son apprenti, Dark Seid. Il s’irrita de voir que le Devaronien ne répondait pas, et lui laissa un message : dès qu’il en aurait fini avec Tel’Ay Mi-Nag, il devrait se rendre sur la station spatiale itinérante Carolusia et débarrasser la galaxie d’un autre Skelor : Ver’Liu So-Ren.
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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Chapitre 4



Quand il eut fini sa lecture, le sénateur Duro Aar Gamonn se rassit confortablement dans son fauteuil cossu. Il posa ses coudes sur les accoudoirs, posa ses mains paume contre paume, comme pour une prière muette, et les posa sur sa bouche. Il avait besoin de réfléchir. Une opportunité comme celle-là était à saisir au vol, il le sentait clairement.
Il venait de parcourir attentivement le dossier qui venait de parvenir aux Services Diplomatiques de la République, envoyé par le commandant de la Station Spatiale Carolusia. Et son contenu était très intéressant à ses yeux. Il n’avait pas encore de plan précis en tête, mais il allait certainement pouvoir jouer sur le fait que les Skelors avaient été négligés par la République. Bien que leur planète soit indépendante, jamais la République ne lui avait tendu la main, et ce fait cadrait très mal avec la politique enthousiaste de Marcus Valorum, qui se voulait à l’écoute de tous, alliés ou non.
Si Aar Gamonn se faisait le champion de ce Ver’Liu So-Ren, en s’appuyant sur les nobles concepts de justice et de solidarité, il pourrait gagner un surcroît d’influence sur l’échiquier politique, d’autant plus intéressant que les futures élections du Chancelier Galactique approchaient à grands pas.
Il fit mander ses conseillers : ils avaient un discours à préparer, en vue de la séance au Sénat qu’il allait demander, et dont l’ordre du jour serait la restauration du pouvoir de la monarchie skelorienne.

***
Comme tout cela est étrange, pense Tel’Ay Mi-Nag.
Il est à quatre pattes et regarde Séis, son ancien condisciple, qui se dirige vers lui…lentement, tellement lentement. A ce rythme, il lui faudra plusieurs minutes pour atteindre Tel’Ay.
Mais son environnement n’est guère important. Il vient de se produire un autre fait, tout aussi étrange, et qui lui a rendu son intégrité. Il perçoit à nouveau clairement la Force, elle semble chanter une litanie cristalline dans ses oreilles. Il possède à nouveau six sens, car le plus important d’entre eux, la perception de la Force, lui a été rendu.
Fait inhabituel, il voit les auras. Celui de Séis est bleu, dans une teinte sombre. Seule exception, et de taille : le Gant de Vèntorqis, nimbé d’une luminescence vert foncée. Son propre aura a la même couleur. Des tentacules immatériels de Force émanent du Gant et cherchent à se lier à lui, comme s’il ne voulait rien avoir à faire avec Séis, comme s’il rejetait sa manière d’utiliser la Force.
Le Gant de Vèntorqis serait-il en quelque sorte accordé sur les Tanietiens, conçu pour servir ceux qui utilisent la Force selon les préceptes de la confrérie ? Tel’Ay l’ignore. la seule chose qui soit sûre est qu’il existe un lien certain entre le Gant et lui. Sans qu’il puisse se l’expliquer, Tel’Ay sait qu’il peut en user.

Séis leva son sabrolaser au-dessus de Tel’Ay, toujours à quatre pattes, l’air absent. C’est vraiment trop facile, ricana intérieurement le Sith, avant d’abattre son sabre sur le Skelor. Mais il sentit une pulsion sourdre du Gant de Vèntorqis, qui détourna sa lame. Abasourdi, il la vit se ficher dans le sol, pendant que Tel’Ay se relevait et plantait un regard de tueur dans ses yeux. Totalement décontenancé, il resta tétanisé quand Tel’Ay le repoussa d’une violente impulsion de Force. Il lâcha son sabrolaser et s’affala lourdement au sol, quelques mètres plus loin.
Il se releva péniblement et sentit une douleur jaillir dans sa main gauche : le Gant de Vèntorqis se mit à serrer sa main, comme s’il voulait la broyer, et une chaleur infernale s’en dégagea. De la fumée en émergea, une odeur de chair brûlée envahit ses narines, et sa souffrance franchit un nouveau palier. Il tenta d’arracher le Gant, vainement, jusqu’à ce qu’il se serve de la Force pour l’aider. enfin, l’artefact Sith s’en détacha, emportant avec lui des lambeaux de peau carbonisés.
Il jeta un coup d’œil à Tel’Ay : celui-ci le regardait, impassible, sûr de lui. Une peur incompréhensible envahit Séis. Un sentiment d’infériorité vis-à-vis du Skelor, qu’il croyait avoir définitivement éradiqué en rejoignant Dark Omberius, s’empara de lui. Il tenta de s’en débarrasser en reprenant son contrôle, et en décidant d’aller au bout de ce combat. Son sabrolaser vient se ficher dans sa main tendue, il l’alluma et s’approcha de Tel’Ay en contournant prudemment le Gant de Vèntorqis, resté à terre.
Tel’Ay fixa son regard sur l’auvent le plus proche de lui, et l’arracha de son support par télékinésie. Il le fit tomber devant lui, amas informe de débris. Il tendit la main et une barre métallique, d’un mètre de long environ, jaillit des restes de l’auvent et vint se loger dans sa paume. Il frappa le sol de la barre et des éclairs bleuâtres l’enveloppèrent.
Séis déglutit. Il connaissait cet antique pouvoir, qui consistait à énergiser des objets pour s’en faire des armes, mais il ignorait que Tel’Ay était capable de l’utiliser.

Séis tourna autour de Tel’Ay, lentement. Il tremblait intérieurement, et se maudit d’éprouver de la crainte, lui qui avait éliminé facilement les Tanietiens, y compris Maal Gami. N’y tenant plus, il bondit sauvagement, en renforçant ses coups de toute la puissance de sa rage et de sa haine.
Tel’Ay esquiva les attaques acharnées de Séis à l’aide de sa barre métallique, qui tint parfaitement le choc. Ses pieds semblaient ancrés au sol, et seul la partie supérieure de son corps bougeait, dans une économie de mouvements qui lui évitait de se disperser. Séis fit pleuvoir sur lui une multitude de coups, dont pas un ne porta, pendant de longues minutes.
Il finit par rompre l’assaut, haletant et couvert de sueur.
– C’est tout ? demanda froidement Tel’Ay, qui ne semblait pas le moins du monde avoir entamé ses forces.

Séis ne répondit rien. Des larmes de frustration envahirent ses yeux. Il allait mourir là, il le savait. Dans un sursaut d’orgueil, il tenta d’étrangler Tel’Ay à distance. Celui-ci brisa l’emprise de Séis facilement. Le Dévaronien lança son sabrolaser sur Tel’Ay et fit jaillir des éclairs de Force de ses doigts. Il y fit passer toutes les émotions qui l’assaillaient, ainsi que son désespoir à l’idée qu’il s’agissait que sa seule chance de l’emporter.
Tel’Ay lâcha sa barre métallique, tendit une main vers le sabrolaser de Séis, et allongea son autre bras vers Séis, paume ouverte. Simultanément, il attrapa l’arme à lame rouge, et repoussa les éclairs de Force, qui rebondirent sur son autre main. Il fut quelque peu grisé de voir que tout semblait facile. Jusqu’à l’année précédente, il n’avait jamais pensé que des éclairs de Force pouvaient être arrêtés simplement avec les mains, mais Yoda lui avait démontré le contraire avec brio. Il se sentit fier d’en être à son tour capable.
Il marcha sur Séis, qui intensifia encore ses attaques. Mais rien ne pouvait ralentir et encore moins arrêter Tel’Ay. Quand moins d’un mètre les sépara, Séis arrêta son attaque, convaincu de son inutilité. Il laissa retomber ses bras le long de son corps. Des larmes coulèrent sur son visage, tandis qu’il affrontait le regard implacable de Tel’Ay Mi-Nag. Pourquoi ? Pourquoi n’avait-il pas été assez fort ? Il avait pourtant accompli de grands progrès en l’espace d’un an. Il n’eut pas la réponse, et ne fit pas un geste quand le Skelor l’abattit avec son propre sabrolaser.

***
Tchoo-Nachril ne sortit pas déçu de son entretien avec un responsable des Renseignements de la République. L’humain à qui il avait parlé avait supervisé l’analyse des débris de l’attentat qui avait coûté la vie au sénateur bothan Jeroed’Erfey, et ses conclusions avaient été aussi pertinentes qu’utiles.
La bombe avait été identifiée : il s’agissait d’une mine miniature, et ses caractéristiques correspondaient parfaitement à un modèle fabriqué par les Armements Tenuria. Tchoo-Nachril monta dans son speeder et fendit les couloirs de circulation de Coruscant. Comme beaucoup d’entreprises d’envergure, les Armements Tenuria avaient leur siège social dans la capitale de la République, et le Jedi whipid n’eut aucun mal à obtenir l’adresse.

Une demi-heure plus tard, il se posait à proximité du gratte-ciel surmonté du logo géant de l’entreprise. Sans surprise, deux vigiles tentèrent de l’empêcher d’entrer dans l’immeuble. tchoo-Nachril n’en attendait pas moins d’eux : il était fréquent que les humanoïdes qu’ils croisaient soient intimidés par sa haute taille et son apparence générale. De plus, avec son chapeau de paille au bout pointu et sa bure de Jedi, il ne ressemblait pas du tout au genre de personnes qui franchissaient la porte de l’établissement en temps normal.
Moins de cinq minutes après qu’il se fut identifié et ait montré son ordre de mission, il fut reçu par un petit Twi’lek a l’air nerveux, et qui se présenta comme faisant partie du conseil d’administration des Armements Tenuria.
Il emmena le Jedi jusqu’à un salon cossu et fit apporter par un secrétaire un petit chariot à répulseurs empli de boissons. Après les civilités d’usage et le refus de Tchoo-Nachril de se sustenter, il dit d’un ton mielleux :
– Maître Jedi, c’est un honneur que de vous rencontrer. J’ai toujours éprouvé la plus grande admiration envers l’Ordre. Que puis-je faire pour vous ?
– Avez-vous entendu parler de l’attentat dont a été victime le sénateur bothan, Jeroed’Erfey ?
– Hélas oui ! Quelle tragédie !
– L’analyse de la scène du crime a montré que l’arme du crime est une mini-bombe « expass » fabriquée par votre entreprise.
– Ah ? répondit le Twi’lek, ébranlé. Je vous assure, Maître, que les Entreprises Tenuria se contentent de vendre leurs produits, et ne peuvent en aucun cas être inquiétés par l’usage qu’en font leurs clients.
– Je connais en effet la loi, administrateur, je vous rappelle que je la défends, ironisa Tchoo-Nachril. Mais je connais aussi les fabricants d’armes et leur…prudence, ajouta-t-il en substituant au dernier moment le mot « paranoïa », qui lui était venu instinctivement à l’esprit pour décrire les mœurs des fabricants d’armes, à celui de « prudence », plus diplomatique.
– Que voulez-vous dire, Maître ? s’inquiéta l’administrateur.
– Les entreprises telles que la votre aiment bien garder un œil sur leurs marchandises, même une fois qu’elle sont passées entre d’autres mains.
Il sortit une petite boîte métallique d’une poche de sa bure et ajouta :
– Voici les débris de la mine. J’aimerais que vous la fassiez examiner par vos hommes, avant de savoir s’il est possible de déterminer à qui elle a été vendue.
– Hum…je suis désolé, Maître, mais je crains que cela ne soit guère possible. Nous ne disposons pas des systèmes de contrôle que vous nous prêtez. Nous sommes de simples vendeurs et ne nous mêlons de rien d’autre.
Tchoo-Nachril laissa un silence pesant s’installer, et finit par se lever. Il tendit la main vers le Twi’lek, comme pour prendre congé, et fit :
– Tant pis, monsieur l’administrateur. Désolé d’avoir ainsi abusé de votre temps.
– Il n’y a pas de mal, fit son interlocuteur en s’inclinant obséquieusement. Ce fut un honneur que de vous rencontrer. J’espère de tout cœur que vous trouverez les réponses que vous cherchez.
– Je n’en doute pas une seconde. Et de mon côté, je vous souhaite bonne chance pour le passage en commission sénatoriale de votre entreprise la semaine prochaine.
– Que…que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas !
– Vous entravez mon enquête en me refusant votre aide. Quand j’aurais fait mon rapport, vous aurez des comptes à rendre aux autorités de la République. Je vous souhaite une bonne fin de journée, administrateur, conclut-il en le saluant de la tête, avant de tourner les talons et de se diriger vers la porte.
– Mais…euh…attendez, Maître Jedi, lança le Twi’lek en le rejoignant. Heu…maintenant que j’y pense, il existe…peut-être…un moyen.
Le Whiphid ne répondit rien et se contenta de présenter la boîte au Twi’lek. Celui-ci sembla encore hésiter quelque temps, puis se résigna à l’empoigner en soupirant.
– C’est par ici, fit-il, tête basse, avant de piloter le Jedi parmi les couloirs de l’entreprise.

Deux heures plus tard, Tchoo-Nachril et l’administrateur attendaient devant un laboratoire de l’entreprise. Le premier était aussi serein que le second était nerveux, et chacun d’eux ignorait consciencieusement l’autre. Un Verpine, vêtu d’une blouse mauve, sortit enfin du laboratoire, rendit sa boîte métallique au Jedi et remit un bloc de données au Twi’lek. Celui-ci lui défiler avec fébrilité les informations qu’il contenait, et il soupira d’aise quand il vit la conclusion du rapport. Sur l’un des micro-débris était apparu le numéro de série de la mini-bombe, incrusté secrètement au laser lors de l’usinage.
Il releva les yeux vers le Whiphid et lui dit :
– Bonne nouvelle, je suis en mesure de vous dire à qui cette bombe a été vendue !
– Je vous écoute, fit Tchoo-Nachril, impavide.
– Voyons voir ça, répondit l’administrateur en entrant des codes dans un terminal informatique.
Ses sourcils se froncèrent, au fur et à mesure qu’il lisait les informations qui apparurent dans une fenêtre sur l’écran.
– Cette bombe faisait partie d’une cargaison destinée à la planète Tatooine.
– Parfait. Je n’ai jamais entendu de cette planète, mais j’en trouverais trace sans mal.
– Oui, mais attendez ! La cargaison n’est jamais arrivée à bon port !
– Que voulez-vous dire ?
– Le cargo qui la transportait a été arraisonné en cours de route, et la marchandise volée.
– Par qui ?
– Des pirates, qui ont revendiqué faire partie des Archanges de Norkaï.
– Je vous remercie de votre collaboration, administrateur.

Tchoo-Nachril n’eut pas longtemps à réfléchir pour savoir ce qu’il avait à faire. Il prit rapidement congé, fit son rapport via comlink tout en rejoignant son landspeeder. Une fois aux commandes, il mit le cap vers les bas-fonds.
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***
Gloire, prestige, pouvoir, et vengeance. Voilà quelles étaient les scènes auxquelles rêvait Dark Omberius la nuit, comme présentement. Mais il fut brusquement tiré du sommeil quand un mal de crâne l’assaillit soudainement. La douleur disparut aussi vite qu’elle était apparue, mais il comprit aussitôt ce que cela signifiait. Dark Seid était mort.
Voilà qui changeait beaucoup de choses à ses plans. Il s’assit dans son lit et les rouages de son cerveau se mirent automatiquement en branle. Le complot était une seconde nature chez lui, et ourdir des plans de rechange était presque devenu un réflexe chez lui, après des années de pratique intensive de manipulations de toutes les personnes qu’il croisait.

La question du choix entre ses deux apprentis, Glaro et Seid, était résolue. Et comme chacun d’eux ignorait l’existence de l’autre, il n’y aurait pas de vague avec le survivant. Omberius se demanda s’il devait prendre un nouvel apprenti, ou un exécuteur sensible à la Force, mais il décida de laisser cette question en suspens. Elle était loin d’être sa priorité du moment.
Un fait était surtout inquiétant, avec la mort de Dark Seid : le message qu’Omberius lui avait laissé, et qui lui ordonnait de se rendre sur le Carolusia pour tuer le jeune héritier du trône des Skelor. Il y avait de fortes chances que l’assassin de Seid tente de sauver son roi présomptif, car Omberius était persuadé qu’il s’agissait du Skelor de son rêve. Probablement ce Mi-Nag qui avait étudié les voies de la Force dans la même confrérie Sith que Seid. Il fallait absolument le prendre de vitesse.

Dark Omberius se leva, alluma le central de communications, enfila sa longue robe de Seigneur Sith et en rabattit la capuche pour masquer ses traits. Il réfléchit longuement aux options qui se présentaient à lui, et décida qui il allait envoyer sur le Carolusia : parmi tous les agents subversifs qu’il connaissait, les Archanges de Norkaï lui semblèrent parfaits pour cette mission. Ces pirates, bien que limités, étaient tenaces, et accomplissaient leurs tâches sans poser de questions inutiles, d’autant plus que Dark Ombeirus les payait grassement.

***
Tel’Ay ne s’attarda guère à contempler la dépouille fumante de Séis. Il décida de garder pour lui le sabrolaser de son ancien condisciple, et se demanda brièvement où était passé le sien. Il l’avait sans doute abandonné auprès du corps de Kuun, après l’avoir tué, un an auparavant. Il faillit éprouver de la lassitude en se penchant vers son passé, mais il repoussa fermement ses souvenirs et redressa la tête. Il refusa de se laisser aller à s’apitoyer sur ses erreurs d’antan.
Il avait d’autres soucis sur les bras. Il s’assura qu’Anaria, qui gisait inerte, n’était qu’évanouie, et se renfrogna à l’idée qu’il lui fallait attendre qu’elle reprenne connaissance avant de quitter cet endroit. Heureusement, ils étaient sur Nar Shaddaa, planète où chacun s’occupait de ses propres affaires et ne mettait le nez dans celles des autres qu’à ses risques et périls. En conséquence, nul attroupement de badauds ne s’était formé autour des deux combattants pendant leur duel. Les passants s’étaient contentés de regards en coin avant de poursuivre leur chemin.
Il s’accroupit au-dessus du Gant de Vèntorqis, et resta méditatif un long moment. Tel’Ay avait la certitude que l’artefact avait en quelque sorte choisi son camp, si tant est qu’une telle chose soit possible, entre Séis et lui. Pourtant, tous deux avaient été des traîtres à leur Ordre : Séis en devenant l’apprenti d’un autre Seigneur Sith, qui utilisait la Force d’une autre manière et pour des buts différents aussi, sans nul doute. Et Tel’Ay en se laissant investir pleinement pas le Côté Obscur de la Force, qui en avait fait brièvement son esclave. Mais suffisamment longtemps pour qu’il est le temps de tuer sa femme et son fils. Avant de tuer son ami Kuun Hadgard à son tour.
Comment le Gant de Vèntorqis avait-il fait son choix ? Avait-il opté pour le Sith dont la philosophie se rapprochait le plus de celle des Tanietiens ? Où s’était-il attaqué au meurtrier de son maître ? Perplexe, Tel’Ay se rendit compte qu’il était presque prêt à considérer le Gant comme un être doté de libre arbitre.
Quoi qu’il en soit, hors de question de le laisser là. Séis avait affirmé avoir tué tous les membres de leur Confrérie, y compris leur Maître, Maal Gami. Tel’Ay ne voyait pas comment une telle chose était possible, mais il devait bien se rendre à l’évidence. Jamais Maal Gami n’aurait impunément laissé Séis s’emparer du Gant. S’il avait accompli un tel sacrilège, il n’aurait pas survécu longtemps et toute la Confrérie aurait été lancée à ses trousses. Non, Maal Galmi et les siens étaient tous sûrement morts à l’heure qu’il était.
Mais le Skelor devait s’en assurer. Avant de croiser la route de Séis, il avait décidé de rallier Meros V pour subir son châtiment. Il comptait toujours s’y rendre, mais pour se rendre compte par lui-même de ce qui s’y était produit.

Il prit le Gant dans sa main. Il était plus léger qu’il ne l’aurait cru. Il perçut son pouvoir. Il en ceignit sa main gauche, et ses perceptions furent soudainement accrues. C’était un outil puissant, pas de doute là-dessus. Il retourna auprès du corps de Séis et fouilla ses poches. Il trouva quelques crédits, qu’il laissa, et surtout une carte magnétique, commande d’ouverture de vaisseau. Au moins, il n’aurait pas à se poser la question de comment quitter la planète.
Grâce au Gant, il sut aussi qu’il n’avait pas besoin d’attendre le réveil d’Anaria pour s’occuper d’elle. L’artefact semblait en effet conçu pour que les réserves d’énergie de son détenteur soient toujours pleines, et Tel’Ay sut qu’il pourrait puiser dans la Force sans effort pendant un long moment. Il n’était pas idiot et savait qu’il y aurait un prix à payer, mais il estima que ce n’était guère le moment d’y songer. Chaque chose après l’autre.
Avec l’aide la Force, il prit la Wookiee dans ses bras, sans effort. Qu’importait s’il attirait l’attention, il ne resterait plus très longtemps sur cette planète. Il s’orienta instinctivement et prit la direction de l’astroport, à pied.
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***
Tchoo-Nachril se faufila dans un dédale de ruelles enfoncé dans les entrailles de Coruscant. Les niveaux inférieurs de Coruscant représentaient l’opposé, à plus d’un titre, des quartiers à ciel ouvert. Ici, rares étaient les endroits que baignait la chaleur du soleil. Tout n’était que ruines, saletés et décrépitude. Mais cette partie de la ville-planète n’en était pas moins vivante que les autres. Seul le type de population qui y vivait était différent, ainsi que leur mode de vie.
Dans ce monde à part se côtoyaient tous les êtres vivant en marge de la société. Membres de la pègre, contrebandiers, trafiquants en tous genres. Un rappel constant, pour Tchoo-Nachril, du fait que quels que soient les efforts des Jedi, il y aurait toujours, quelque part, des êtres vivants dont l’existence serait régie par le Côté Obscur de la Force. Comme ses pairs Jedi, il devait souvent se contenter d’empêcher les activités illégales de proliférer, car les éradiquer était un vœu pieux, une utopie : tout être abritait en lui l’obscurité.
Un paradoxe faisait que cette frange de population était parfois tolérée par les Jedi, mais aussi que les Chevaliers aient des accointances dans ce milieu, ou au moins des contacts. Cela leur permettait de se débarrasser des plus dangereux. Ceux qui faisaient le moins de mal pouvaient espérer continuer à vivre leur existence vouée aux petits trafics, mais ils savaient que s’ils franchissaient une limite invisible, les Jedi fondraient aussitôt sur eux pour leur couper les ailes.

Tchoo-Nachril cacha sa grande carcasse dans l’encoignure d’une porte dès qu’il entra dans une certaine ruelle sinistre et déserte. Un peu plus loin, il avisa du coin de l’œil son objectif : une porte en duracier, qui abritait, il le savait, un night-club fréquenté par une faune peu recommandable, parmi laquelle se trouvait sa « cible ».
Il n’eut pas longtemps à attendre. Empruntant le même chemin que lui-même peu de temps auparavant, un couple de Zabraks, légèrement éméché, entra à son tour dans la ruelle et se dirigea vers la porte blindée. Il leur emboîta le pas comme si de rien n’était, après avoir implanté dans leur esprit l’idée que sa présence avec eux était tout ce qu’il y avait de plus normale. Exercice facile au vu de la confusion alcoolisée dans laquelle ils se trouvaient déjà.
Lorsque l’un des deux toqua à la porte, un compartiment s’effaça à sa surface et dévoila l’objectif d’une caméra. Le Zabrak bredouilla quelques mots. Quelques secondes plus tard, la porte pivota sur ses gonds, vers l’extérieur, et tous trois entrèrent.

Un mélange d’odeurs exotiques assaillit les narines sensibles du Whiphid : drogues éthérées, sueur d’une demi-douzaine d’espèces différentes. La chaleur qui régnait dans ce lieu était étouffante, et voulue, afin de doper les ventes de boissons rafraîchissantes au sein de l’établissement. Le pire était les sons qui saturaient l’atmosphère et qui lui semblèrent s’attaquer directement à son cerveau. Certains appelaient cela « musique », mais Tchoo-Nachril n’y vit qu’une agression sauvage de décibels, bien décidés à ronger ses tympans.
Il se pinça mentalement les nerfs auditifs et se retrouva aussitôt plongé dans le monde salvateur du silence. Il déploya le reste de ses sens pour pallier à cette carence, qui n’en fut bientôt plus une, quand il adapta son esprit à la perception des vibrations des ondes sonores.

Dédaignant le vestiaire, tenu par une accorte Twi’lek, il avança vers un portique de sécurité qui détectait les armes, passage obligé pour qui voulait rejoindre l’une des nombreuses pistes de danse baignant dans un brouillard psychotrope. Autour du portique, trois Trandoshéens ne le quittaient pas des yeux. Sa carrure et sa haute taille avait toujours tendance à provoquer la méfiance instinctive de tous les gros bras de l’univers.
Il se demanda brièvement si les détecteurs étaient capables d’identifier son sabrolaser comme une arme, mais ne réussit pas à se souvenir si l’un des rapports d’activités des Jedi en mission mentionnait ce fait. Il se sermonna intérieurement, y voyant une lacune dans la préparation de sa mission, et se décida de franchir le portique sans fioritures pour obtenir la réponse. Après tout, maintenant qu’il était dans la place, le reste n’avait pas grande importance. Le portique ne réagit pas quand le couple de Zabraks y passa, mais il vira intégralement au rouge vif quand ce fut le tour de Tchoo-Nachril.
Il soupira. Les Trandoshéens empoignèrent leurs blasters et les pointèrent sur lui. Lentement, les mains bien en évidence, il dégrafa le haut de sa cape, et la laissa tomber à ses pieds, dévoilant ainsi sa tenue caractéristique de Chevalier Jedi. Il croisa les bras sur sa poitrine, le plus tranquillement du monde, et dit :
– Veuillez annoncer au directeur de votre établissement que le Chevalier Tchoo-Nachril sollicite un entretien avec lui. Je suis venu en paix.
Il tenta de propager des ondes apaisantes de Force aux alentours, mais il ne sut pas juger de l’efficacité de cette technique car il était peu familier des Trandoshéens en général. Il fut soulagé de voir que l’un d’eux, après avoir donné un ordre bref à ses pairs, sortit un comlink et prononça quelques mots dedans. Il hocha la tête, coupa la communication et vient se planter face à Tchoo-Nachril.
– Ton sabrolaser, ordonna-t-il avec hargne, en tendant la main.
Le Whiphid le lui donna sans hésiter. Le Trandoshéen cracha un ordre à la Twi’lek s’occupant du vestiaire, et celle-ci posa le sabrolaser dans l’un des petits coffres-forts qui tapissaient le mur derrière elle. Dès qu’elle l’eut fermé hermétiquement, le Trandoshéen se tourna à nouveau vers Tchoo-Nachril et lui fit signe de le suivre, ce qu’il fit, talonné par les deux autres gardes qui ne cessèrent pas un instant de pointer leurs armes sur lui. Ils franchirent une porte à usage privé, après que l’homme de tête eut composé un code sur un petit boîtier adjacent. Ils arpentèrent un couloir sobre et violemment éclairé, au bout duquel deux autres Trandoshéens, armés eux aussi, encadraient une porte blindée.
L’un des deux gardes de la porte resta à l’extérieur, et le second se joignit au groupe qui franchit la porte.

La pièce dans laquelle ils entrèrent n’aurait pas déparé dans un intérieur de riche bourgeois. Le mobilier, les riches tapis, les sculptures et œuvres d’art qui ornaient les murs indiquaient un luxe certain, sans tomber pour autant dans le clinquant et le tape-à-l’œil. L’être assis derrière un bureau, face à Tchoo-Nachril, était à l’évidence un collectionneur, un esthète. Pas un arriviste superficiel qui jouait un rôle.
Le Jedi se permit tout de même d’être surpris intérieurement, car il ne s’attendait pas du tout à rencontrer tant de raffinements chez un truand notoire, Wookiee de surcroît.

– Salutations, Vegrafoluk, fit Tchoo-Nachril en s’inclinant devant le Wookiee, dont la fourrure châtain était barrée d’une longue zébrure noire qui prenait naissance au niveau de son crâne.
– [J’hésite à vous retourner ce salut tant que je ne sais pas pourquoi vous êtes là], rétorqua le Wookie en Shyriiwook.
– Je suis en quête de renseignements, et je pense que vos contacts peuvent m’y donner accès.
– [Je ne crois pas être votre débiteur, Jedi.]
– En effet, Vegrafoluk.
– [Mes tarifs sont très élevés en matière de renseignements, et je n’ai pas pour habitude de livrer des informations à des personnes qui ne font pas partie de mon cercle de connaissances. Et je ne vous apprendrais rien, Jedi, en vous disant que vous n’en faites pas partie.]
– C’est vrai. Mais il est également vrai que vous vous livrez à des activités illicites. Bien que votre organisation et vous ne soyez pas en tête de liste des problèmes dont s’occupent les Jedi, ce fait pourrait changer selon que vous m’apportiez votre aide ou non.
– [Du chantage, Jedi ?]
– Un échange de bons procédés, dirais-je plutôt. Vous ne cessez de m’appeler « Jedi » : vous savez qu’à ce titre, la demande que je vous fais est exceptionnelle, et que je n’abuserais pas de cette manière de faire. Le jour où vous tomberez, et soyez sûr que ce jour se rapproche, je serais peut-être là pour témoigner que vous m’avez aidé un jour.
Vegrafoluk resta pensif plusieurs minutes, puis congédia ses gardes d’un geste. Dès qu’ils furent seuls, il demanda :
– [Que voulez-vous savoir ?]
– Je traque une organisation de pirates qui portent le nom d’Archanges de Norkaï, et je cherche à savoir où se trouve leur repaire.
– [Vous devriez tenter votre chance du côté du champ d’astéroïdes de Belsémas. Ils ne restent jamais très longtemps au même endroit, mais leur installation là-bas est toute récente.]
– Je vous sais gré du temps que vous avez bien voulu m’accorder, Vegrafoluk, répondit Tchoo-Nachril en se levant pour prendre congé.

***
Quand Nassil Veraian sortit de l’hyperespace, tout près du champ d’astéroïdes de Belsémas, il n’en menait pas large. Les longues heures oisives qu’il venait de passer lui avait laissé tout le loisir nécessaire pour faire le point sur sa situation. Mais il arrivait invariablement à la même conclusion, quel que soit le bout par lequel il prenait ses réflexions : il était en grand danger. Avoir tué un sénateur de la République, même involontairement, le destinait à être traqué sans pitié, par des chasseurs de primes sans nul doute, et peut-être même par des Jedi.
Les Archanges de Norkaï, puissante organisation pirate à laquelle il appartenait, ne pourraient pas le protéger. Au contraire, il était fort possible qu’ils le livrent pour toucher la prime : la vie de pirate pouvait s’avérer très lucrative, tant qu’on n’avait pas trop de scrupules. Il allait devoir disparaître, et le plus rapidement possible, mais préféra rejoindre les siens une dernière fois, pour récupérer ses maigres possessions et prendre congé. Ensuite…il ne savait pas de quoi serait fait cet ensuite, mais il y avait de fortes chances qu’il se passe dans les régions Inconnues.

Mais il n’eut pas le loisir d’aborder la question de son départ car, dès qu’il eut posé son vaisseau à l’intérieur réaménagé de l’immense astéroïde qui abritait les pirates, ses camarades, surexcités, lui apprirent qu’ils avaient reçu une mission. Tous partiraient une heure plus tard, lui y compris : ils avaient un Skelor à abattre sur la Station Spatiale Carolusia.
Nassil Veraian éprouva une double contrariété : il venait déjà de passer de longues heures en hyperespace et ne rêvait que d’une douche, et voilà qu’il y retournerait sous temps. Il n’était en effet pas question, et c’était le deuxième point noir, de laisser tomber ses camarades maintenant. Ils ne l’auraient jamais accepté. Résigné, il se mit en quête de la salle de bains la plus proche.

***
Le transporteur PX-7 de Séis fut facile à trouver pour Tel’Ay, une fois qu’il eut connecté la carte qui l’ouvrait à un terminal de l’astroport. Dès qu’Anaria avait fait mine de se réveiller, il l’avait replongé dans un sommeil artificiel, car le moment était mal choisi pour une explication entre eux. Cela attendrait qu’ils soient en sécurité dans l’hyperespace.

Il installa la Wookiee sur une couchette et commença ses calculs hyperspatiaux en vue de trouver une route qui les conduirait sur Meros V. Il devait absolument se rendre sur la planète de la Confrérie, même s’il risquait de n’y trouver que mort et désolation. Son devoir l’exigeait. Il lui fallut plus de quatre heures avant d’être à peu près satisfait de ses calculs.

Une fois en hyperespace, il se détendit enfin. Il avisa un message en attente dans le système de communications, et le visionna. L’hologramme d’une silhouette encapuchonnée apparut et dit :
« J’ai une nouvelle mission pour vous, mon jeune apprenti. Vous allez vous rendre sur la Station Spatiale Itinérante Carolusia et abattre un jeune Skelor du nom de Ver’Liu So-Ren. Cet imbécile vient de se dévoiler comme étant l’héritier du trône des Skelors, et cela ne peut qu’interférer dans nos plans. Eliminez-le au plus vite ! »
Ce message laconique laissa Tel’Ay pensif. L’être qu’il venait de voir était donc le nouveau maître de Séis, un Sith d’une autre obédience. L’homme à cause duquel la Confrérie avait été éradiquée. Tel’Ay avait trahi les siens un an plus tôt, mais il était aujourd’hui le seul à pouvoir les venger. Et maintenant, il connaissait le visage de son ennemi.
Le contenu du message, en revanche, ne lui fit ni chaud ni froid. Il n’avait jamais connu précisément ses origines en tant que Skelor, et le sort de ce soi-disant héritier du trône n’était absolument pas son problème. Qu’il tente de reconquérir sa planète si cela l’amusait ! Tel’Ay, lui, avait d’autres chats à fouetter.
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Chapitre 5



D’après ce que Tel’Ay put décrypter des panneaux de contrôle du PX-7, il leur faudrait une semaine pour atteindre Meros V. Il fit le tour du bâtiment, autant pour s’assurer qu’il ne s’y trouvait aucune mauvaise surprise, que pour vérifier que l’approvisionnement en carburant et en ressources de première nécessité étaient suffisantes pour leur voyage. Il fut amplement rasséréné sur ce dernier point : avec tout ce qu’il y avait à bord, ils pouvaient tenir deux mois minimum sans avoir besoin de se réapprovisionner.
Tel’Ay trouva un kit de premiers soins bien plus complet que la normale et il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire : les Tanietiens n’avaient jamais été réputés pour leurs dons de guérisseurs, et malgré les progrès dont il s’était vanté, Séis n’avait pas l’air de s’être grandement amélioré dans ce domaine.
Il veilla à ce que Anaria reste plongée dans l’inconscience et soigna ses plaies, les anciennes ainsi que celles qu’elle avait récoltées lors de leur fuite face à Séis. Repensant à la vision qui l’avait saisie à la vue du sabrolaser rouge de Séis, il finit par glisser ses doigts sur la crâne de la Wookiee et ne tarda pas à y trouver la vieille blessure, vestige d’une brûlure au sabrolaser. Elle partait du dessus de son front et courait verticalement sur l’arrière de son crâne, jusqu’à l’occiput.
Il était probable que ses séquelles mentales provenaient de là, et qui donnaient chez elle cet étrange mélange de douceur et de terreur. Mais avoir recouvré l’intégralité de ses pouvoirs n’en donnait pas de nouveaux à Tel’Ay, et il était d’autant plus impuissant que ses compétences de soigneur se bornaient aux premiers soins.

Il se demanda si le Gant de Vèntorqis ne pouvait pas l’aider. En fouillant le vaisseau, il avait trouvé un écrin luxueux, qui servait manifestement à le ranger, et il l’y avait déposé. Le Gant de Vèntorqis…Tel’Ay en avait une impression mitigée. Lorsqu’ils avaient été mis en présence, il s’était établi comme une connexion, une sorte de signe de reconnaissance mutuel. Comme si un partenariat pouvait être possible entre l’artefact Sith et Tel’Ay. Ce fait rendait Tel’Ay perplexe : se pouvait-il que le Gant soit doté d’une volonté propre ? Il convenait de faire preuve de prudence : Tel’Ay ne considérait la Force et le Gant de Vèntorqis que comme des outils. Il était le manipulateur, le maître, et devait le rester.
La répulsion et l’attirance se côtoyaient en lui, mais les avantages qu’il pouvait retirer de la maîtrise du Gant finirent par l’emporter sur son hésitation. Il l’enfila et retourna auprès de sa camarade, en espérant que le Gant lui montrerait plus de choses sur son état qu’il n’était capable d’en percevoir par ses propres moyens.
Dès qu’il fut près de la Wookiee, dont les pieds dépassaient de la couchette sur laquelle il l’avait allongée, son apparence changea. Elle sembla se transformer en amalgame de couleurs ternes, en des couches qui semblaient se superposer au hasard. Du blanc, du noir et diverses teintes de gris apparurent. Certaines des taches grises semblaient tourbillonner sur elles-mêmes, et quand Tel’Ay toucha l’une d’elles, il sentit un pansement de bacta sous ses doigts. Intéressant. Il renouvela l’expérience sur d’autres taches « agitées » et constata qu’à chaque fois, il s’agissait de blessures béguines qu’il avait soignées.
Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre à quoi correspondait les couleurs noires et blanches. La cicatrice sur le crâne d’Anaria était intégralement noire, et des filaments de même couleur semblaient s’en écouler, tels des affluents de fleuves, pour se propager dans diverses parties de son cerveau.
Tel’Ay était aussi stupéfait qu’excité par ses découvertes et décida de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il entreprit d’entrer dans une méditation profonde, qui lui permettrait de la canaliser la Force et de s’en gorger. Il perdit toute notion de temps, concentré sur son objectif. Il effleura ou fut effleuré par des êtres liés à la Force, mais il les ignora consciencieusement, jusqu’à ce qu’ils disparaissent de son champ de perception.
Quand il estima être prêt, il apposa instinctivement ses mains sur les taches du crâne d’Anaria, au niveau des tempes. Il ouvrit alors un canal de Force entre eux et un déversa un flot continu et régulier, lentement, très lentement, afin d’en évaluer les éventuels effets.
Il parvint à maîtriser son ébahissement quand, à un niveau presque microscopique, il vit certains des filaments virer du noir au gris foncé, puis continuer à s’éclaircir. Il persévéra, s’attaquant à tous les filaments tour à tour, avant la blessure en elle-même. Il lui semblerait par la suite que la conduite de ce processus avait duré le temps de plusieurs existences. En fait, il s’y adonna quatre jours sans discontinuer, sans même s’en rendre compte.

Quand Tel’Ay ouvrit les yeux, il se sentit faible mais aussi régénéré, paradoxalement. Il était allongé sur une couchette du navire et un drap le recouvrait. Il portait encore le Gant de Vèntorqis, mais celui-ci semblait être « au repos ». aucune pulsation de Force n’en émanait. Si Tel’Ay n’avait pas su à quoi s’en tenir à son niveau, il l’aurait pris pour un gant tout ce qu’il y avait de plus normal. Mais son premier geste fut tout de même de l’enlever et de le poser sur le lit, à ses côtés.
Il se redressa en grognant, ankylosé. La couchette en face de la sienne, qui avait été occupée par Anaria, était vide. Il allait se lever quand il entendit des bruits de pas se rapprochant dans la coursive, et Anaria entra, les dents retroussées en un rictus joyeux, et un plateau empli de victuailles entre les mains.
– [Enfin tu te réveilles, mon ami], dit-elle en Shyriiwook. [Je commençais à me demander si tu sortirais un jour de l’inconscience].
Elle posa le plateau sur les genoux du Skelor et s’assit au bord du lit.
Tel’Ay ne perçut nulle trace de terreur en elle, et ses yeux n’abritaient plus la lueur de folie mais qui les avait hantés jusque-là. N’y restait que de la douceur et de la compassion. Un être nouveau lui faisait face, estima-t-il.
– [J’ai l’impression de me réveiller d’un long cauchemar], poursuivit-elle. [Je me souviens de tout, et surtout de l’impuissance dans laquelle j’étais plongée. C’était comme si mes choix de vie étaient réduits à des options extrêmement limitées. Aujourd’hui, je suis libérée de ce carcan. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais je sais que c’est à toi que je le dois. Je te remercie, mon ami. J’ai une dette de vie envers toi, désormais].
– Une quoi ? fit Tel’Ay, trop médusé par les changements survenus chez Anaria pour être capable d’en dire plus.
– [Une dette de vie. C’est l’une des coutumes les plus fondamentales chez les Wookiees. Elle implique que tant que tu vivras, je serais à tes côtés pour te protéger, et que si je meurs avant toi, un autre membre de mon clan prendra le relais].
– Euh…c’est très gentil de ta part, Anaria, mais ce ne sera pas nécessaire.
Ses petits yeux pétillèrent de malice et de détermination quand elle lui rétorqua :
– [Je ne me souviens pas avoir dit que tu avais le choix, mon ami].
Tel’Ay ne sut quoi répondre, et décida de laisser tomber le sujet pour l’instant. A ses yeux, seules les circonstances avaient fait d’eux des compagnons de route, et il estima que d’autres circonstances les sépareraient à un moment ou à un autre.
Repensant à la manière dont il l’avait guérie, il tenta de se « réaccorder » sur la ligne de Force qui le lui avait permis. Instantanément, la Wookiee se transforma en une multitude de taches monochromes. Toute trace de noir avait disparu de son crâne et, plus important encore, Tel’Ay semblait désormais être capable de se passer du Gant de Vèntorqis pour se servir de ce nouveau pouvoir. Il n’eut pas le loisir d’y réfléchir plus avant, car Anaria reprit la parole :
– [Comment t’appelles-tu, ami Skelor] ?
– Tel’Ay Mi-Nag.
– [Que fais-tu dans la vie ? Quel but poursuivons-nous ?]
Tel’Ay tiqua sur le « nous » mais ne le releva pas. Il réfléchit soigneusement à la réponse qu’il allait lui donner. Faire d’une Wookiee à l’esprit atrophié était une chose, mais qu’est-ce qui se cachait dans la tête d’Anaria, maintenant qu’elle avait récupéré son intégralité psychique ? Il choisit de jouer la carte de la sincérité, de manière à savoir dès le départ comment elle prendrait le fait d’être associée à un être tel que lui. Ainsi, il s’éviterait tout malentendu ultérieur.
– Je suis un utilisateur de la Force. J’en maîtrise le Côté Obscur, et le Devaronien qui nous poursuivait a fait partie de la même confrérie que moi, avant de la trahir et d’éliminer nos condisciples. Quand il nous a retrouvé, ma connexion avec la Force est réapparue, je l’ai éliminé et me suis approprié son navire.
Un long silence s’instaura, pendant lequel Anaria resta méditative, avant de finir par le briser :
– [Et maintenant ?]
– Je ne sais pas trop. La première chose à faire est de se rendre sur Meros V. c’est là que se cachait la confrérie à laquelle j’appartenais, et je veux m’assurer de visu que Séis m’a dit ma vérité, à savoir qu’il a tué tout le monde, y compris mon maître. A vrai dire, je n’ai aucun doute à ce sujet, mais je dois le constater de mes propres yeux. Ensuite, nous verrons. Je veux redevenir le Skelor que j’étais, un Sith de mouvance tanietienne ; le Gant de Vèntorqis, symbole secret de notre Ordre, est en ma possession et il semble me reconnaître comme son maître légitime, ou son allié, je ne suis pas sûr. Même si j’ai moi aussi trahi les enseignements de mon maître, je suis aujourd’hui le seul à pouvoir faire revivre et perdurer les traditions mises sur pied par Maal Taniet, fondateur de l’Ordre auquel j’appartenais…et auquel j’appartiens à nouveau désormais.

Dès le début de son discours, Tel’Ay avait rivé son regard dans celui d’Anaria. Il y lut une trace fugace de peur, mais elle dissimula parfaitement ses sentiments. Il fut en revanche étonné de n’y lire aucun dégoût. Tout au plus put-il simplement percevoir une vieille blessure se rouvrir en elle, mais malgré sa curiosité, il ne voulut pas la questionner. En lui montrant qu’il respectait son intimité et des pans de sa vie dont elle ne voulait rien dévoiler, il espérait que de son côté, elle ferait de même à son égard. Et de fait, ni l’un ni l’autre ne chercha à en savoir plus.
Anaria hocha la tête et conclut leur conversation :
– [Qu’il en soit ainsi].
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***
Aar Gamonn, sénateur Duro et chef de file de l’opposition à la politique menée par le Chancelier Marcus Valorum, redressa la tête et prit un port altier, fruit de nombreuses séances d’entraînement devant son miroir. Sa capsule sénatoriale se détacha de son support et vint flotter paresseusement au milieu de l’hémicycle de la chambre du Sénat.
Le Grand Chambellan et Porte-Parole du Chancelier, le Rodien Antargo, annonça :
– Aar Gamonn, estimé et auguste sénateur Duro, souhaite nous entretenir de la question skelorienne.
A cette présentation, des murmures s’élevèrent dans les rangs des sénateurs. Les Skelor ? quel intérêt avait donc Aar Gamonn de s’intéresser à ce peuple, chassé de sa planète quelques trente années auparavant, et qui depuis constituait une main d’œuvre bon marché et surexploitée partout dans la galaxie ? Qui plus est, jamais le système skelorien n’avait fait partie de la République.
– Mes chers collègues, votre excellence Valorum. Vous le savez tous, une horrible tragédie a eu lieu dans le système skelorien il y a trente ans (il fit un signe discret à son assistant, assis près de lui, qui transmit un rapport sur Skelor I à toutes les plates-formes sénatoriales, ainsi qu’au perchoir du Chancelier). La République ne s’y est pas intéressée, à l’époque, car le système en question n’en était pas membre. Cette injustice, ce coup d’Etat, n’a donc pas été sanctionné, et nous avons depuis honteusement profité de la détresse des Skelors, qui se sont retrouvés dans l’obligation d’accepter les emplois les plus décriés et les plus dévalorisants, à cause du dénuement et de la misère dans lesquels ils ont été plongés.
« La République a donc cautionné ce renversement du pouvoir légitime skelorien. Et ceci, n’ayons pas peur de le dire, est un scandale innommable qui ne nous fait pas honneur, loin de là. Les valeurs fondamentales de la République sont la tolérance, la justice et la paix, or ce jour-là, elle a failli à son rôle en laissant perpétrer un tel acte. Aujourd’hui, mes amis, s’offre à nous une chance unique de réparer ce tort. Les Services Diplomatiques de la République ont reçu un rapport émanant de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, entité indépendante mais alliée de longue date avec la République. Ce rapport indique que l’héritier légitime du Trône des Skelors, le jeune Ver’Liu So-Ren, nous tend la main et nous demande notre aide pour réparer l’injustice que les siens ont subi.
– Je ne vois quel intérêt nous aurions à nous mêler de politique extra-républicaine, intervint Marcus Valorum, méfiant car il ne voyait pas où le Duro voulait en venir. Nous avons déjà fort affaire pour renforcer la cohésion entre les membres de la République.
– Je suis désolé, votre éminence, rétorqua Gamonn sur un ton montrant clairement qu’il n’en pensait rien, mais notre vision de la justice ne devrait pas, selon mon humble avis, se cantoner à une simple donnée frontalière. Si un génocide survenait dans un système surpeuplé, situé en lisière mais en-dehors de la République, nous devrions donc, selon vous, détourner les yeux, hausser les épaules et nous dire que cela ne nous concerne pas ? Ce serait un crime, mes chers collègues, comme l’a été notre passivité lors du coup d’Etat de Skelor I. le jeune Ver’Liu nous demande notre aide aujourd’hui, et au nom de la justice et du respect de la paix à travers la galaxie, nous devons nous ranger à ses côtés pour combattre la barbarie qui s’est abattue sur lui et les siens. Toutes les valeurs que nous chérissons sont mises à l’épreuve par sa demande, et nous ne pouvons pas nous permettre de détourner les yeux de sa juste et noble cause. Une deuxième chance nous est offerte de réparer une erreur, et nous devons la saisir !

Un tonnerre d’applaudissements s’abattit dans l’hémicycle. Aar Gamonn avait su trouver les arguments pour convaincre ses pairs de le suivre. Intérieurement, il jubila. Que lui importait le sort de Ver’Liu, il venait de faire un pas décisif vers sa future élection en tant que Chancelier de la République. Il s’était montré pugnace, avait fait appel aux valeurs traditionnelles prônées par la République. Il se délecta de ce coup politique magistral, d’autant plus que Valorum, qu’il observait du coin de l’œil, ne le lâchait pas du regard, décontenancé et méfiant. Aar Gamonn savait reconnaître quand quelqu’un était aux abois, et c’était exactement la sensation qu’il éprouva en déchiffrant les expressions faciales du Chancelier.

***
Tchoo-Nachril sortit de sa transe Jedi dès que la console de son chasseur déclencha une alarme, qui indiquait une sortie imminente de l’hyperespace. A travers le cockpit, le malstrom de traits étoilés se stabilisa et il s’orienta rapidement, avant de plonger dans le champ d’astéroïdes de Belsémas, tout proche.
Ses senseurs ne lui étaient d’aucun secours pour localiser les Archanges de Norkaï. Il y avait trop d’interférences dues à un champ magnétique local mais puissant. Il se plongea dans la Force et la laissa guider ses mains cramponnées sur le manche à balai. Une demi-heure de pérégrination instinctive plus tard, une petite alarme tinta dans un coin de son esprit. Il reprit sciemment le contrôle de son appareil et déploya ses sens. Il perçut une concentration d’êtres vivants non loin de là. Scrutant le champ d’astéroïdes, il avisa une énorme roche tourbillonnante de la taille approximative d’un croiseur, et sut qu’il avait atteint son objectif. Sa certitude fut vite renforcée quand des tirs en provinrent, émanant d’une tourelle d’une taille assez grande pour tenir la dragée haute à une corvette.
Non sans mal mais sans se départir de son calme souverain, il esquiva les tirs, les astéroïdes qui dansaient autour de lui en un ballet mortel, et se rapprocha de sa cible en suivant une trajectoire oblique, qui lui permit de se mettre rapidement hors de la trajectoire des tirs de la tourelle. Comme il s’y attendait, il vit une nouvelle tourelle surgir et verrouiller sa position. Il l’ajusta le premier et la détruisit d’une série de tirs dévastateurs. Elle explosa et il ne resta bientôt à la place qu’un cratère noirâtre.

Pilotant avec brio à moins de deux mètres de la surface de l’astéroïde, Tchoo-Nachril en fit le tour, cherchant une ouverture pour pénétrer à l’intérieur. Il repéra une écoutille mais s’en désintéressa : se frayer un chemin avec son sabrolaser aurait été un jeu d’enfant, mais il ne portait pas de combinaison spatiale, et n’était même pas certain que le couloir, corridor ou simple conduit dans lequel il aurait débouché soit pressurisé et respirable. En revanche, il finit par trouver ce qu’il cherchait : une lueur bleuâtre apparut sous sa position, qui projetait des ombres inquiétantes sur de petites roches en perdition. L’entrée d’un hangar, qui permettait à des navires d’aller et venir.
Il réfléchit et décida rapidement de la marche à suivre. Il s’éloigna de l’astéroïde, sous le couvert de météores à la trajectoire erratique, et effectua une large boucle qui allait le ramener en face de l’ouverture. Il se faufila et se prépara à lancer des torpilles à protons, qu’il désarma au préalable : hors de question de dépressuriser la base ennemie et d’anéantir des vies. Tout ce qu’il lui fallait était un bel écran de fumée pour faire une entrée discrète. Il continua à rapprocher son chasseur, en prenant bien soin de rester caché, avant de surgir et de lancer trois torpilles à protons sur la baie, protégée par un champ d’énergie.
Tchoo-Nachril eut la satisfaction de voir ses torpilles traverser le champ sans coup férir. Il ne s’agissait donc pas d’un bouclier, comme il l’avait craint, mais d’un champ de rétention d’atmosphère. Des tirs sporadiques jaillirent de la baie, mais il survolait déjà l’ouverture et, déployant ses volets d’atterrissage, il se posa deux mètres au-dessus.

Tout allait se jouer sur sa prochaine action. Entrer en force dans le hangar en tirant à tout va pour se débarrasser de toutes les défenses lui paraissait hasardeux, car il en ignorait la puissance. Et son chasseur ferait une trop belle cible pour qu’une telle attaque soit efficace, pensait-il.
En revanche, les pirates ne s’attendraient sûrement pas à le voir arriver en personne, « à pied », de l’espace ! C’était pourtant ce qu’il allait faire. Il devrait pouvoir faire une entrée discrète, surtout si la fumée et l’incendie qu’avaient du provoquer ses torpilles duraient quelques minutes. Il se concentra intensément et se forgea un champ protecteur de Force. Sans combinaison spatiale, un Whiphid pouvait espérer survivre dans l’espace environ trente secondes, mais la Force devrait doubler ce chiffre…en théorie, car il n’avait jamais testé jusque-là cette technique dans de telles conditions.
Il retint sa respiration quand il déclencha l’ouverture du cockpit, et un froid glacial le darda de mille piqûres. Un mal de crâne l’assaillit sur-le-champ et il sentit son sang cogner contre ses tempes. Il s’extirpa du cockpit et bien qu’il eut envie de courir, il avança prudemment, à quatre pattes : ce n’était pas le moment de faire de mouvements brusques, propres à le décrocher de l’attraction gravifique de l’astéroïde.
Il eut du mal à rester concentré sur son objectif, « sous » ses pieds, alors que la voûte étoilée semblait prise de folie et tourner sur elle-même, « au-dessus » de sa tête. Il serra les dents et arriva au niveau du champ de rétention. Il se pencha et jeta un coup d’œil rapide dans le hangar, avant de se cacher derechef. Mais la vision fugace qu’il avait eu le rassura amplement, et il se laissa tomber à l’intérieur.
Traverser le champ de rétention le laissa groggy, et il s’affala lourdement au sol, une vingtaine de mètres plus bas. Des alarmes ululaient autour de lui, et une épaisse fumée âcre lui fit monter les larmes aux yeux. Il rampa vers une paroi, à demi aveugle, et s’y colla, le souffle court. Il entendit des voix s’interpeller, qui parlaient d’un bouclier de protection mis en place, et qui aurait du l’être depuis longtemps. Il vit vaguement, à travers l’épaisse fumée, des lances crachant de la mousse carbonique en direction des flammes qui léchaient le mur du fond du hangar.
Reprenant ses esprits, il chercha une grille de ventilation dans les hauteurs, et en trouva une à une dizaine de mètres de sa position. Il s’y rendit le plus vite qu’il put, en clopinant : il s’était réceptionné sur le genou lors de sa chute, et il sentit qu’il allait vite être handicapé par cette blessure. Dès qu’il fut sous la grille, il concentra la Force en lui et effectua le saut de cinq mètres qui lui permit d’arriver à sa hauteur. Il s’y cramponna et regarda à travers. Par bonheur, le conduit était assez grand pour qu’il puisse s’y faufiler. Il s’y était attendu : seules les installations récentes disposaient de conduits d’aération bien plus petits, et dont la maintenance était assurée par de petits droïds onéreux. Il avait compté sur le fait que les Archanges de Norkaï ne seraient pas à la pointe de la technologie et fut grandement rassuré de voir que son pari s’avérait gagnant.

Tchoo-Nachril ouvrit la grille, se faufila dans le conduit puis la referma par télékinésie, car il n’avait pas la place de se retourner. Il se demanda s’il n’allait pas prendre le risque de se reposer. Son séjour dans l’espace sans protection avait laissé des traces, il le sentait clairement, et son genou menaçait de le lâcher, surtout s’il lui fallait ramper dans le conduit. Il choisit de se plonger dans une transe curative pendant un cycle de sommeil, soit une heure et demi. Il semblait peu probable que les Archanges l’aient repéré : si tel avait été le cas, les réactions se seraient déjà faites sentir, et il l’aurait senti. De plus, il estimait peu probable qu’ils inspectent la ventilation, sans indice d’effraction. il ferma les yeux et, avant de plonger dans l’inconscience, se conditionna pour se réveiller en cas d’activité sonique impromptue.

Il eut le loisir de profiter pleinement de son cycle de sommeil, et se sentit beaucoup mieux en ouvrant les yeux. Tout paraissait calme, et quand il projeta ses sens, il sentit de la tension dans l’atmosphère, mais pas d’inquiétude vive. Bien : jusque-là, tout se déroulait comme il l’escomptait. Il adapta sa vision à l’obscurité du conduit et se mit à ramper vers une intersection en forme de T, qu’il voyait quelques mètres devant lui. Une douleur sourde allait et venait dans son genou, et ramper n’améliorait pas la situation, mais la douleur lui sembla plus gênante qu’handicapante. Et s’il existait des techniques de guérison afin d’anesthésier cette gêne, il n’y eut pas recours, car il devait savoir quel était son état exact et ses limites.
Tchoo-Nachril réajusta ses sens : il augmenta l’acuité de son audition et limita ses autres sens. Il filtra ensuite tous les bruits qui l’assaillaient, à la recherche d’une pulsation basse et régulière, qu’il finit par appréhender : le générateur principal de la base des Archanges de Norkaï. Il se focalisa sur cette cible, mit en perspective sa propre position, et laissa la Force agir : elle allait lui indiquer le chemin qui mènerait à son objectif. Il se remit à ramper.

Il lui fallut une bonne heure pour atteindre la salle du générateur. A travers la grille qui obturait le conduit et surplombait la salle, il put voir à quoi il s’exposait. La salle était basse de plafond, pas plus de trois mètres. Toute en longueur, elle comprenait le générateur et tous les systèmes vitaux de l’astéroïde modifié. Dans un souci d’économie de place, les pirates avaient fait de cette salle leur centre de commandement et leur salle des machines. Quatre êtres, tous humains, scrutaient attentivement des consoles en contrebas. Il ne lui restait plus qu’à passer à l’attaque. Comme la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir, il se gorgea de Force : ce pis-aller ne restaurerait pas ses forces, mais elle aurait le mérite de masquer sa fatigue une heure ou deux. Bien plus de temps qu’il ne lui en fallait pour arriver à ses fins. Dès lors, il passa à l’action.
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H@n Solo
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

Message par H@n Solo »

Il ouvrit discrètement la grille et la détacha silencieusement de ses gonds. Il l’empoigna, visa l’humain le plus éloigné et la lança sur lui, aidé par la Force. Dans le même temps, il sauta vers les trois qui restaient, assis les uns à côté des autres devant leurs écrans. Il se réceptionna en même temps que la grille percutait violemment l’un des hommes, qui s’écroula en grognant, accompagné dans sa chute par la grille qui s’écrasa bruyamment au sol.
Les trois autres tournèrent la tête vers le bruit et mirent une seconde supplémentaire à voir le Whiphid. Celui-ci ne leur laissa aucune chance de réagir. Il assomma celui de droite d’une manchette sur la jugulaire, et un coup de pied partit cueillir celui de gauche au niveau du menton. Le dernier eut tout juste de se retourner avant de mordre la poussière à son tour, le nez fracassé par un magistral coup de tête. Pour plonger « Nez Cassé » dans l’inconscience, Tchoo-Nachril n’utilisa pas la Force mais se contenta de l’étrangler d’une clé imparable. Quelques secondes, le corps de l’humain devint flasque entre ses mains puissantes, et le Jedi relâcha la pression : hors de question de tuer qui que ce soit.

Sans plus attendre, il verrouilla les ouvertures de cette salle avant de se mettre à fouiner dans les systèmes informatiques de la base. Il fit défiler le manifeste des départs et arrivées des vaisseaux, afin d’en trouver un qui serait récemment rentré, en provenance de Coruscant. Il ne fallut que cinq minutes pour trouver ce qu’il cherchait. Il téléchargea les informations glanées sur un bloc de données et trouva le nom du propriétaire du vaisseau, un certain Nassil Veraian. Il vit que quinze vaisseaux des Archanges de Norkaï, soit presque l’intégralité de leur « flotte », avaient quitté la base peu de temps auparavant, en direction de la Station Spatiale Itinérante Carolusia, ce qui lui indiquait où chercher l’assassin du sénateur Bothan.
Juste au cas où, il essaya de récolter d’autres informations sur les Archanges. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que ces fous, pensant sans doute leurs ordinateurs inaccessibles pour quelqu’un venant de l’extérieur, avaient consigné toutes leurs opérations et autres méfaits de ces derniers mois. Tout y était : les dates, le montant de leurs émoluments, les commanditaires quand ils les connaissaient, et le nom de leurs victimes. Il téléchargea également ces données, et pendant les vingt minutes que prit cette opération, il fit le tour des hommes inconscients, en mettant la Force à contribution pour prolonger leur évanouissement.
Dès que le transfert fut terminé, il copia le contenu du bloc de données sur une clé informatique, glissa les deux objets dans ses poches et bondit dans le conduit. Par télékinésie, il récupéra la grille, qu’il remit en place. Même si les camarades des hommes de garde entraient, il leur faudrait un peu de temps avant de comprendre par où Tchoo-Nachril était entré, et il leur serait impossible de réveiller les dormeurs. Et tout répit était bon à prendre pour le Jedi.

Comme il connaissait désormais le chemin pour revenir sur ses pas, il ne mit qu’une demi-heure à se retrouver devant la grille du hangar. Dix minutes auparavant, des alarmes stridentes avaient retentis, lui indiquant que les corps des hommes des gardes avaient été découverts. Mais il avait pu gagner sa position sans être inquiété.
Mais quand il regarda le hangar à travers la grille, il comprit que les choses risquaient d’être plus compliquées pour sortir qu’elles ne l’avaient été pour entrer. La fumée des explosions, qui l’avait masqué lors de son arrivée, avait disparu, et dix gardes armés et sur le qui-vive étaient disséminés dans le hangar.
Tchoo-Nachril faillit empoigner son sabrolaser, mais une idée lui vint, ce qui le remplit d’aise : ses maîtres avaient coutume de répéter que recourir à la force et au sabrolaser était un signe d’échec pour les Jedi, et le Whiphid partageait cette opinion. Il cherchait toujours les solutions les plus pacifiques à la résolution des missions qui lui étaient confiées, et s’il ne pouvait faire autrement, tentait de faire en sorte que les dommages collatéraux soient les moins minimes possibles.

Comme pour la salle de contrôle, il détacha discrètement la grille de ventilation, et la fit léviter vers le plafond haut. Espérant que nul ne la remarque, il l’envoya jusqu’au coin opposé à sa propre position, avant de relâcher son emprise. La grille tomba comme une pierre et se fracassa bruyamment au sol, faisant instantanément se retourner les gardes. Certains tirèrent, par réflexe. Tchoo-Nachril avisa un tas de décombres métalliques, sans doute formé des débris provoqués par ses torpilles. Il les fit bouger par le truchement de la Force, tandis qu’il sautait souplement de son perchoir.
L’attention des gardes détournée, il put se faufiler jusqu’au champ de rétention d’atmosphère. Tout en continuant d’agiter les débris, sur lesquels les gardes s’évertuaient à tirer, il s’entoura d’un champ de Force et fit le pas en avant qui l’envoya dans le froid mortel de l’espace.

Il fut tellement surpris par la sensation glaciale qui s’empara de lui qu’il faillit se déconcentrer. Il eut l’impression que la sensation en question était dix fois pire que celle qu’il avait enduré en venant, alors qu’il avait pensé au contraire que ça aurait été plus facile, vu qu’il avait déjà vécu cette expérience. Il escalada l’astéroïde le plus vite possible, mais assez prudemment pour ne pas être décroché, et soupira de soulagement en retrouvant son chasseur intact. Ce ne fut qu’une fois assis dans le cockpit, les systèmes de survie activés, qu’il se détendit enfin. L’impression de compression due à son bref séjour dans l’espace commença à se dissiper lentement, le laissant tout de même tremblant de tous ses membres. Quelques exercices de contrôle respiratoire vinrent à bout de la plupart de ses maux.
Il se sentait las, épuisé, mais puisa encore dans ses réserves : il avait encore besoin de la Force pour quitter le champ d’astéroïdes. dès que cela serait fait, et son rapport envoyé au Temple Jedi, il mettrait le cap sur le Carolusia.

***
Rien que de voir la boule écarlate qu’était Meros V donna chaud à Tel’Ay, tandis que les souvenirs de la chaleur torride qui y régnait en permanence remontaient à sa mémoire. Il avait beau y avoir vécu la majeure partie de sa vie, et y avoir été élevé, il n’eut pourtant aucunement l’impression de faire un retour dans son foyer.
Il resta contempler longtemps le globe de feu, tandis qu’Anaria enclenchait les procédures qui leur permettaient d’enter dans l’atmosphère. Tel’Ay lui indiqua le cap à suivre, et ils furent bientôt en vue du complexe de cavernes qui avait abrité et vu mourir la Confrérie de Maal Taniet, installée là depuis cent cinquante ans, sous l’égide de Maal Eddun.
L’aire d’atterrissage était criblée d’impacts de petits astéroïdes. Il était évident que le site était à l’abandon. Ils se posèrent et abaissèrent la rampe d’atterrissage. Il furent aussitôt enveloppés par une fournaise digne d’une chape de plomb. Anaria ne pipa mot, mais il fut vite évident pour Tel’Ay qu’elle souffrait énormément des températures infernales qui régnaient sur la planète. Les Wookiees n’étaient pas faits pour fréquenter des planètes chaudes, leurs fourrures épaisses les prédisposant plus à arpenter des mondes gelés. Mais elle se figea dans le silence et emboîta le pas de Tel’Ay.

Le Skelor ne tergiversa pas et se dirigea aussitôt vers les appartements de son maître. Il sentit toute la colère de la Force gronder dans son esprit, au fur à et mesure qu’il avançait, et ne porta nul regard sur les squelettes qui croisèrent dans les galeries souterraines.
Il s’arrêta un instant à l’entrée de la caverne personnelle de Maal Gami, opressé malgré lui. Ses genoux tremblèrent brièvement, puis il entra. Face à lui, en hauteur, était creusée une petite niche. Elle avait abritée le Gant de Vèntorqis, comme le lui avait avoué et montré son maître plusieurs années auparavant. En tant normal, cette niche était cachée par un champ holographique, mais la corrosion et le manque d’entretien avait détruit le « camouflage ». Ne restait qu’un trou, vide.
Mais ce qui attira surtout l’attention de Tel’Ay Mi-Nag fut le fauteuil de son maître. Le squelette de Maal Gami y était toujours, en position assise, et il semblait encore trôner fièrement sur son royaume fantomatique. Des larmes jaillirent spontanément des yeux du Skelor, qui tomba à genoux devant les restes de son maître, la tête inclinée, en signe de soumission.
– Je suis revenu, maître, dit-il d’une voix éraillée par l’émotion.
Un long silence s’installa, finalement troublé par une voix sépulcrale :
– Je vois cela, traître. Que viens-tu chercher en ses lieux ?
Redressant la tête, Tel’Ay vit une projection astrale de Maal Gami le toiser avec mépris et dédain. Le Skelor se sentit fier de voir que son maître avait surmonté le passage de la mort, ce dont il n’avait jamais douté en son for intérieur.
– Votre châtiment, maître. Par le passé, je me suis égaré de la voie des Sith, mais me revoilà aujourd’hui, prêt à mourir pour mes erreurs. Ordonnez et j’obéirais, maître. Je suis votre serviteur et le serais à jamais.
– Mourir ? Pauvre imbécile, est-ce que tu crois vraiment que je vais laisser mourir un être tel que toi ? Tu es le seul qui puisse perpétuer mes enseignements, bien que tu aies été loin des espoirs que j’avais placé en toi.
– Je ne m’excuserais pas, maître. J’ai fait ce que j’ai fait, et estime avoir appris de mes erreurs. Si vous me pensez indigne de paraître devant vous, je suis prêt à donner ma vie sur-le-champ.
– Cesse donc d’ânonner des idioties, jeune imbécile ! Que je le veuille ou non, tu es le dernier des Tanietiens, et je n’ai pas la puissance nécessaire pour me maintenir longtemps sur ce plan d’existence. tu es donc le dernier espoir de la Confrérie de renaître de ses cendres. Je vais te confier une mission, et sa réussite décidera ou non de la pérennité de l’Ordre de Maal Taniet.
– Je suis à vos ordres, mon maître, aujourd’hui et à jamais.
– Tais-toi donc, imbécile ! Tes platitudes m’horripilent. Tu sais d’où tu viens mais tu ne sais absolument pas où tu vas. Moi-même, je ne saurais le dire, même si je connais les chemins qui s’offrent à toi et vois clairement où chacun d’eux peut te conduire. Mais là n’est le problème ! Puisque tu reviens enfin à moi en signe de rédemption, voici les ordres que je t’ordonne de suivre : Séis, tu ne l’ignores pas, nous a tous trahi, encore plus que toi ! Il a été corrompu par un autre seigneur Sith, du nom de Dark Omberius. Ce Sith est l’héritier des enseignements de Dark Bane, qui a créé son Ordre caché il y a six cent ans, tout comme Maal Taniet a créé le sien. Aujourd’hui, Dark Omberius s’est proclamé maître de tous les Sith et a ordonné la destruction de tous ses rivaux. Je t’ordonne de reprendre le flambeau de notre confrérie, et de la faire revivre. Ta mission consiste à anéantir les Sith de l’école de Dark Bane, à savoir Dark Omberius et son apprenti. Séis n’était le seul de ses élèves, il en possède un autre, qui se donne le nom de Dark Glaro. Trouve-les tous les deux et élimine-les !
– Il en sera fait selon votre volonté, maître.
– Tu es désormais, par défaut, le maître de la Confrérie de Maal Taniet. Ton nom de maître sera désormais Maal Kuun, en hommage à ton camarade qui, contrairement à toi, est resté fidèle à mes enseignements jusqu’au bout, jusqu’à en mourir.
– Kuun…murmura Tel’Ay.
Kuun Hadgard avait été son ami, le frère qu’il n’avait jamais eu, et il avait fini par le tuer. Cette blessure qu’il avait cru refermée se rouvrit brutalement, et une honte impérieuse le submergea.
– Maintenant, va, Maal Kuun. Lance-toi sur les traces de Dark Omberius : il a déclenché des événements qui doivent le placer à la tête de la galaxie, après avoir mis à genoux la République. Je me moque éperdument que la République survive ou non, mais élimine Omberirus ! Tu as compris ?
– Il est d’ores et déjà mort, mon maître, rétorqua froidement Tel’Ay en se redressant fièrement.

Le spectre de Maal Gami disparut lentement, et Tel’Ay tourna les talons. Il vit Anaria derrière lui, les yeux dans le vague. Elle sortit de sa « transe » quand il la secoua rudement, et il comprit rapidement qu’elle n’avait rien perçu de l’échange qui venait d’avoir lieu. Voilà qui était parfait.

Ils regagnèrent le navire de Séis et, pendant qu’Anaria lançait les procédures de décollage, Tel’Ay repassa le message que Dark omberius avait envoyé à Séis.
« J’ai une nouvelle mission pour vous, mon jeune apprenti. Vous allez vous rendre sur la Station Spatiale Itinérante Carolusia et abattre un jeune Skelor du nom de Ver’Liu So-Ren. Cet imbécile vient de se dévoiler comme étant l’héritier du trône des Skelors, et cela ne peut qu’interférer dans nos plans. Eliminez-le au plus vite ! »
Ainsi donc, Dark Omberius craignait que l’héritier du trône skelorien ne soit un obstacle pour lui ? Parfait ! Tel’Ay sut par où il devait commencer pour assouvir la vengeance de son maître : lui vivant, il n’arriverait rien à son frère de race, qui remonterait sur son trône ! Il rejoignit Anaria dans le poste de pilotage et lui ordonna de mettre le cap sur le Carolusia.
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Message par H@n Solo »

Chapitre 6


Dark Glaro soupira en entendant la console de communications biper. Que lui voulait son maître, Dark Omberius, cette fois-ci ?
Humain originaire de Jabiim, Dark Glaro avait dépassé la quarantaine depuis peu. Ses longs cheveux blonds étaient tressés et cascadaient jusqu’à ses épaules. Il arborait en outre une épaisse moustache. De haute taille, il était souvent mésestimé par ses ennemis, du fait de son léger embonpoint. Mais celui-ci n’était qu’un leurre. Dès qu’il le fallait ou qu’il le décidait, il bougeait avec une grâce et une rapidité impressionnantes, que plus d’un combattant plus jeune lui aurait envié.
Aussi loin que ses souvenirs remontaient, il avait été l’apprenti de Dark Omberius, et lui avait longtemps servi d’agent de terrain, simple outil entre les mains du maître. Aujourd’hui, il avait dépassé ce stade et Omberius le considérait de plus en plus comme un collaborateur plutôt que comme un séide. Du moins était-ce l’impression que Glaro en avait, même s’il savait que Omberius était passé maître dans l’art de manipuler autrui.

– A votre service, maître, fit-il après avoir ouvert la communication.
– Seigneur Glaro, vous savez que nous entrons dans une phase critique pour nos plans. Nulle interférence ne saurait être tolérée maintenant, or voilà que la République semble sur le point de soutenir ce jeune et stupide Skelor dans la reconquête de son trône. Cette alliance ne doit pas se produire, à aucun prix. Vous allez vous rendre sur Coruscant et éliminer le sénateur Duro, Aar Gamonn. Comme il est le soutien numéro un de Ver’Liu So-Ren, face à Marcus Valorum qui refuse d’engager la République dans ce conflit, sa mort apportera une belle dose de confusion dans un Sénat déjà divisé. De notre côté, cette situation nous permettra de gagner assez de temps pour finir nos préparatifs en vue d’entrer en guerre avec la République.
– A vos ordres, maître. Comment dois-je procéder ? Commanditer le meurtre ou l’exécuter en personne ?
– Occupez-vous en personnellement, seigneur Glaro, rien ne doit être laissé au hasard dans cette histoire. J’ai envoyé les Archanges de Norkaï éliminer le Skelor. Ainsi, ces deux fauteurs de trouble disparaîtront et rien ne s’opposera plus à nous. Que la Force soit votre servante, Dark Glaro.
– Que la Force soit votre servante, maître, conclut Dark Glaro avant de couper la communication.
Le maître ayant parlé, Glaro n’avait plus qu’à obéir. Pourvu d’une longue expérience en matière d’assassinats, fruit de décennies de pratique au service d’Omberius, des idées portant sur la manière de procéder jaillirent spontanément dans son esprit aiguisé. Le temps de rallier Coruscant, son plan serait parfaitement au point.

***
Escorté par quatre gardes de la sécurité du Carolusia, Veckmar Talorin parcourait des corridors de sa station tombés en décrépitude depuis des années. Une semaine s’était à peine écoulée depuis qu’il avait rencontré Ver’Liu So-Ren et transmit sa demande d’aide à la République. Jamais il n’aurait pensé que le demande du jeune Skelor provoquerait un débat aussi passionné au sein du Sénat, les projetant tous deux sous les feux de l’actualité.
L’affaire avait pris une dimension politique d’envergure quasiment galactique, contre toute attente, à partir du moment où le Duro Aar Gamonn avait décidé de se faire le champion de la cause skelorienne. Beaucoup d'êtres, dont Talorin, étaient parfaitement conscients qu’en temps normal, le message de Ver’Liu aurait atterri sur une déjà longue pile de plaintes et d’injustices, et noyé dans les méandres de la bureaucratie.
Aar Gamonn lorgnait vers la Chancellerie de la République, et le prétexte de la « crise » skelorienne était survenu au bon moment pour lui. A deux mois des élections, le Duro avait fédéré tous les ennemis politiques du Chancelier actuel. Ce dernier était candidat à sa propre succession, mais les sondages le donnaient désormais perdant.
Talorin était écœuré par toutes ces manœuvres. Il avait beau être lui-même un homme politique, en tant que commandant du Carolusia, sa philosophie de vie était aux antipodes de celles des sénateurs. Il dirigeait la station en ne perdant jamais de vue le plus important à ses yeux, à savoir le bien commun. D’aucuns l’auraient qualifié de naïf ou d’idéaliste, ce dont il se moquait éperdument. Il menait sa vie en se basant sur ses propres convictions, et refusait d’en changer sous prétexte que le reste de la galaxie était dur et égoïste.

Dans les heures qui avaient suivi la diffusion du discours d’Aar Gamonn, les services de sécurité du Carolusia avaient rapporté à Talorin une certaine agitation dans l’un des secteurs les plus pauvres de la station. Les Skelors avaient appris l’existence de leur roi potentiel et avaient commencé à se regrouper, surexcités par la nouvelle et désireux de le rencontrer.
Talorin avait écarquillé de surprise ses grands yeux globuleux, quand il avait appris que deux cent Skelors vivaient sur la station. Ce peuple d’humanoïdes reptiliens, à l’épiderme composé d’écailles blanchâtres, n’avait jamais attiré son attention jusque-là. Il n’avait pu s’empêcher de ressentir une certaine honte d’avoir côtoyé ces pauvres hères sans les voir, en quelque sorte. Les Skelors étaient catalogués comme des sous-êtres, ou presque, population miséreuse à laquelle nul ne prêtait attention, même pas lui. Un peuple fantomatique avant ces événements.

Quand Talorin avait rejoint Ver’Liu, celui-ci tentait de faire face à ses compatriotes, agglutinés dans et autour des appartements de sa famille d’accueil. La situation menaçant de vite devenir ingérable, le commandant et Ver’Liu étaient tombés d’accord pour octroyer une partie désaffectée de la station aux Skelors. Là, ils pourraient se regrouper à leur aise. Les anciennes salles des machines, désaffectées depuis des décennies, furent choisies pour ce rôle, sur proposition du jeune Skelor, qui y vivait.
Une équipe technique du Carolusia avait donc été dépêchée sur place pour rendre l’endroit vivable et le sécuriser. Elle s’était assurée que les équipements étaient décidément inopérants, pour anticiper tout risque d’accident, et beaucoup d’antiques ordinateurs et de consoles avaient été désossés pour gagner de la place. Des cloisons préfabriquées avaient été montées à la hâte pour créer des quartiers d’habitation, des salles de réunion et une infirmerie. L’électricité et l’eau avaient été très vite acheminés. Il n’avait fallu que deux jours pour que les premiers Skelors, qui avaient participé activement à la réfection des lieux, puissent commencer à s’y installer.
Talorin avait supervisé tous ces changements avec compétence, et son flegme typiquement calamarien. A ses yeux, le seul point inquiétant aurait pu être la réaction de Ver’Liu face à l’écrasante pression qui s’était soudainement abattue sur ses épaules trapues. Il avait vite été rassuré : le Skelor s’était fondu avec une facilité déconcertante dans son rôle de leader, sans rien perdre de sa spontanéité et de sa simplicité. Si on lui en laissant l’occasion, le gamin irait loin, il en était persuadé.

Veckmar, son escorte sur les talons, arriva en vue de l’entrée de la zone skelorienne. Il avait fait aménager une large porte en duracier, à double battant, et dont l’ouverture était automatisée, mais il fut, comme à chaque fois qu’il venait en ces lieux, émerveillé par ce qu’en avaient fait les Skelors.
La porte était ouverte en permanence, pour symboliser que quiconque en franchissait le seuil recevrait accueil et aide. La Force seule savait où les Skelors avaient récupéré du bois de volin, essence célèbre de Skelor I et produit important d’exportation de la planète avant l’invasion zabrak. Quoi qu’il en fut, ils en avaient ornementés l’entrée de leur zone, transformant la porte en une arche végétale finement ouvragée. Deux Skelors montaient la garde, en faction de part et d’autre de l’ouverture, les mains dans le dos. Ils étaient vêtus pauvrement mais arboraient un foulard noir sur le crâne, signe de leur appartenance au semblant de Garde Royale Skelorienne nouvellement reconstituée, ainsi que des vibro-dagues accrochées bien en évidence, sur le devant de leurs ceintures. Veckmar Talorin les soupçonnait aussi de cacher des blasters dans leur dos, mais n’y voyait pas d’inconvénient tant que cela ne provoquait pas de débordement. Les gardes se fendirent d’un bref hochement de tête sur son passage, et demeurèrent par ailleurs impassibles, les sens aux aguets et l’œil brillant de vigilance.
Comme à chaque fois, Talorin ne put s’empêcher de frissonner. Ces gardes, comme l’ensemble des Skelors qu’il croisait désormais, avaient dans les yeux une lueur d’orgueil et de fanatisme qui ne lui inspirait rien de bon. Ils s’étaient jetés à corps perdu dans la cause de leur roi présomptif, et semblaient prêt à tout pour lui. Si jamais Ver’Liu venait à se prendre trop au sérieux ou à déclencher des troubles, il serait suivi aveuglément par ses sujets.

La zone skelorienne était assez fréquentée, et Talorin eut vite l’impression d’être entré dans un ghetto, ce qui n’était au demeurant pas très éloigné de la vérité. Les Skelors, quand ils n’étaient pas esclaves, étaient souvent employés à travers la galaxie comme main-d’œuvre bon marché. Les plus nantis de ceux qu’il croisait étaient vêtus de simples toges sans fioritures. Les plus pauvres d’entre eux portaient des haillons, mais ils étaient de moins en moins nombreux. En effet, suite au discours d’Aar Gamonn, la situation et les espoirs des Skelors étaient connus de tous. Depuis lors, des mécènes et des contributeurs plus ou moins désintéressés ne cessaient de faire des dons pécuniaires au peuple skelorien. Les premières mesures de Ver’Liu avaient été de faire vêtir plus convenablement ses compatriotes, qui le rejoignaient petit à petit, et d’assurer un approvisionnement décent en nourriture.
Ver’Liu avait été sidéré de voir cette solidarité inimaginable se mettre en place, d’une manière aussi spontanée. Il avait dû très vite s’organiser pour gérer cette manne financière et surtout décider quoi en faire. A ce problème s’en étaient ajoutés de nombreux autres, apparus en même temps que son nouveau statut. Et tout ce qu’il croyait savoir et vouloir était tombé en miettes, confronté à la réalité.
Son rôle diplomatique lui avait complètement échappé jusque-là, et les premiers jours furent très difficiles. Plongé au milieu d’une situation totalement inédite pour lui, et qui se complexifiait jour après jour, il avait tenté de faire face à tout directement, avant de se rendre compte qu’il lui fallait impérativement déléguer.

Veckmar Talorin rejoignit Ver’Liu dans la pièce austère et d’importance moyenne qui lui servait de bureau. Le jeune Skelor se leva pour l’accueillir, les yeux gonflés de sommeil et un fin sourire aux lèvres. Il apprenait tout juste à diriger une communauté et Talorin eut un élan de compassion en voyant la lassitude qui imprégnait ses traits. Lui avait eu la chance de grimper peu à peu dans la hiérarchie de la station, ce qui lui avait permis d’en appréhender les rouages. Quand il avait été élu, le Carolusia n’avait plus de secret pour lui.
Ver’Liu, de son côté, devait apprendre sur le tas et rapidement, ce qui nécessitait une force de caractère certaine. Le Skelor semblait bien s’adapter à cette situation, et Talorin en était fort aise, car le gamin était décidé à assumer son rang d’une manière que le comandant approuvait totalement. Hermétique aux corruptions du pouvoir, Ver’Liu n’avait en tête que le bien-être de sa communauté.
– Commandant, c’est un plaisir de vous voir ici, fit Ver’Liu en lui serrant la main. Que se passe-t-il ? ajouta-t-il, après l’avoir enjoint à s’asseoir.
– Et bien…disons que la situation est de plus en plus confuse. La cause skelorienne est toujours âprement débattue au sénat républicain, avec Aar Gamonn en ferveur défenseur de vos droits, tandis que le Chancelier Valorum cherche à faire valoir son autorité en prônant une stricte neutralité.
– Ils se moquent éperdument de Skelor I, commenta Ver’Liu, amer. Pour eux, cette crise n’est qu’un prétexte pour faire avancer leurs propres intérêts.
– En effet. Les élections à la Chancellerie avancent à grands pas., et les manœuvres politiques battent leur plein. J’aurais préféré une aide franche et objective, se basant sur les principes de justice défendus par la République. J’étais bien naïf de penser que la justesse de ma cause suffirait à me donner des alliés.
– C’est de la politique, répondit le Calamarien en haussant les épaules. Nous ne pouvons guère agir de ce côté-là. En fait, je suis venu vous voir car un autre problème est apparu, et qui devient plus préoccupant chaque jour.
– Je vous écoute.
– Cette partie de la station, que je vous ai octroyé, ne va bientôt plus suffire eu regroupement des vôtres. Depuis une semaine que votre cause est connue, il y a déjà une centaine de Skelors à vous avoir rejoint, et il est évident que cet afflux de réfugiés va aller en augmentant.
– Nous allons manquer de place pour accueillir tout le monde, comprit Ver’Liu.
– Exactement. Ces installations provisoires risquent très vite de ne plus suffire. Je pense que vous devriez d’ores et déjà réfléchir sérieusement à un lieu plus approprié pour rassembler votre peuple. Une planète serait sûrement l’idéal.
– Reste à savoir laquelle…il y aura sûrement des dirigeants politiques pour nous accueillir quelque part, mais la colonisation d’un endroit par les Skelors risque de créer des conflits avec des autochtones.

Talorin acquiesça de la tête, sans rien ajouter. De telles tensions surviendraient quel que soit le lieu où les Skelors se rendraient, à moins de trouver un monde vierge de toute occupation…ce qui poserait le problème du manque d’infrastructures d’accueil. En attendant, sur le Carolusia, les conflits commençaient à émerger. Des Zabraks avaient été pris à partie ces derniers jours, et ils en accusaient invariablement les Skelors.
Ces événements risquaient d’aller en augmentant, et les deux dirigeants en avaient parfaitement conscience. Ver’Liu ferma les yeux, las. Tant de problèmes à régler…
Ce qui l’inquiétait le plus était qu’il n’avait pas encore eu le temps de développer une stratégie pour reconquérir son trône. Son tempérament modéré le poussait à privilégier un accord pacifique, mais une petite voix intérieure lui susurrait de temps à autre qu’il était le roi légitime, et que s’il lançait un djihad contre l’occupant zabrak, son peuple le suivrait aveuglément. Il devait être très prudent, à chaque instant, pour éviter que les choses s’enveniment jusqu’à l’explosion.

La sonnerie du comlink de Talorin vint dissiper le silence tendu. Le Calamarien y répondit prestement :
– Oui, Kahaan ?
– Commandant, nous venons de recevoir un appel d’un Chevalier Jedi, du nom de Tchoo-Nachril. Il dit qu’il arrivera dans quelques heures et qu’il mène une enquête pour le compte du Conseil Jedi. Il affirme qu’il a des suspects à appréhender sur le Carolusia et demande officiellement, en vertu des accords qui nous lient à la République, à obtenir toute latitude dans l’accomplissement de sa mission.
– Donnez l’accord, Kahaan. Il y a autre chose ?
– Oui, commandant, diverses affaires réclament votre attention. Rien de grave, néanmoins.
– Je vous rejoins dans quelques minutes, Kahaan, soupira Talorin.
Il prit rapidement congé de Ver’Liu, le laissant se débattre avec la problématique du regroupement skelorien.
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Re: Tel'Ay Mi-Nag II : Rédemption (by Minos)

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***
Les huit Archanges de Norkaï enfilaient les larges coursives du Carolusia, tendus vers leur but : abattre l’héritier du trône, le jeune Skelor à la tache de naissance noire sur le front. Parmi eux, Nassil Veraian n’en menait pas large. Il n’avait pas osé parler à ses camarades du rôle qu’il avait joué dans l’assassinat du sénateur bothan, et espérait que les choses se tasseraient d’elles-mêmes avec le temps. Si ses pairs l’apprenaient, ils se sentiraient sûrement en danger et le chasseraient…dans le meilleur des cas. Au pire, ils seraient fort capables de le livrer pour toucher la substantielle prime que la République n’avait pas dû manquer d’offrir pour sa capture.
Pendant leur voyage en hyperespace, ils avaient mis leur plan au point avec méticulosité : leur cible n’aurait aucune chance de s’en sortir.
Ils passèrent des heures à fouiner dans la station, repérant les caméras de surveillance, notant la fréquence des rondes des gardes, ainsi que leurs parcours. Quand ils s’estimèrent satisfaits de leurs investigations, ils attendirent que le cycle nocturne, avec ses lumières tamisées, se mette en place sur le Carolusia, et ils passèrent à l’action.

Au poste de sécurité 42, deux Calamariens scrutaient avec attention les écrans de surveillance, prêts à alerter leur hiérarchie et les patrouilles de tout incident, notable ou potentiel. Sur l’un des quatre écrans sous sa responsabilité, l’un des Calamariens vit plusieurs silhouettes encapuchonnées apparaître. Elles marchaient dos à la caméra, qui surplombait une coursive peu fréquentée. Son instinct lui souffla que quelque chose se tramait, et il en eut confirmation quand la dernière silhouette se retourna vers la caméra. Le garde eut le temps de voir un bas de visage se tendre vers l’objectif. deux secondes plus tard, l’image sauta et disparut. Le garde se pencha prestement sur sa console de communications, inquiet, et prit contact avec la patrouille la plus proche.

Le Falleen et Archange de Norkaï Roghmar, dès qu’il eut désactivé le caméra, murmura à ses compagnons :
– C’est fait, les gars. En repassant l’enregistrement, la sécurité pensera avoir affaire à un Skelor, fit-il en commençant à enlever la crème dont il s’était enduit le visages et les mains.
Sa carnation naturelle, verte, réapparut vite. Ils parcoururent une cinquantaine de mètres supplémentaires et s’arrêtèrent devant une porte métallique. L’un d’eux s’affaire sur le panneau de contrôle et la porte coulissa quelques secondes plus tard. Ils entrèrent tous les sept, tandis que Roghmar restait faire le guet dans le couloir, et terminait de se débarrasser de son maquillage. Des bruits de coups portés, d’os cassés et des cris d’agonie se firent entendre derrière la porte.

***
Anaria, assise au poste de pilotage du transporteur de Séis, soupira d’aise quand l’astronavigateur l’avertit du passage imminent dans l’espace normal. Elle n’avait jamais été très férue de voyages en hyperespace : rares étaient les navires adaptés à la morphologie wookiee, et le transporteur n’en faisait pas partie. Elle grogna dans l’intercom pour réveiller Tel’Ay et le prévenir qu’ils arrivaient à destination.
Tel’Ay ouvrit les yeux et se redressa aussitôt, pleinement réveillé et reposé. Il avait tenté de mettre à profit ces derniers jours pour mener des expériences avec le Gant de Vèntorqis, mais celui-ci n’avait pas été réactif. Tel’Ay estimait pouvoir reproduire le processus de guérison qu’il avait employé sur Anaria. Même après plusieurs essais, en revanche, il n’avait pas réussi à acquérir d’autres techniques de soins.
Ayant gardé en mémoire les paroles de son maître, prononcées plus ‘dune année auparavant, il avait utilisé la Force et le Gant de Vèntorqis pour ressentir la technologie et pouvoir agir sur elle, en vain. Il n’était pas parvenu à ne faire qu’un avec le navire. Pensant avoir été trop ambitieux, il s’était concentré sur l’astronavigateur, puis un blaster, avant de finir par un simple fusible. Rien. Il ne parvenait pas à les ressentir dans la Force.

Le Gant de Vèntorqis ne semblait vouloir l’aider qu’à ses heures, ou en des circonstances précises, peut-être. Tel’Ay ne connaissait pas la réponse et n’était pas loin de s’en moquer. Pragmatique, il se consola en sachant qu’il existait d’autres moyens d’apprentissage, qu’il finirait bien par découvrir.
Il enfila rapidement une tunique vert foncé de Séis, légèrement trop grande pour lui, mit sur ses épaules un long manteau à capuche et rejoignit sa compagne de voyage. Il la salua de la tête en réponse au grognement de bienvenue qu’elle émit. Il s’assit dans le siège de copilote et se plongea dans les courants sinueux de la Force.
Par-delà le cockpit apparaissait la station spatiale itinérante Carolusia, amalgame chaotique d’anciens navires de toutes sortes et tailles, et qui semblait être issue du rêve d’un architecte fou.
Un léger picotement prit naissance dans sa nuque. Impression que les prochaines heures seraient déterminantes. Danger latent, calme avant la tempête. Tel’Ay détestait subir ce type « d’avertissement », trop vague pour apporter quelque éclaircissement précis. Encore une chose qu’il devrait travailler à l’avenir, s’il voulait se montrer digne du statut de maître que Maal Gami lui avait octroyé.
– [Comment procédons-nous, Tel’Ay Mi-Nag ? Nous prenons contact avec ton roi et offrons nos services pour le protéger ?]
– Ce n’est pas mon roi, comme je te l’ai déjà expliqué. A mes yeux, il est juste bon à servir d’appât pour attirer mes ennemis. Dès qu’ils se seront dévoilés, il n’aura plus aucune importance et, en ce qui me concerne, il pourra mourir dans la seconde sans que je lève le petit doigt pour l’aider.
– [ Il n’est qu’un outil pouvant s’avérer utile, si je te suis bien, et pas un être vivant à part entière ?], demanda Anaria, tristement.
– Exactement.
– [ Et moi, que suis-je pour toi ?]
– Je l’ignore pour l’instant. je sens juste que tu es à ta place, en quelque sorte. Que ta présence ici et maintenant est…adéquate, en quelque sorte.
– [ Ton cœur est froid comme de la glace, Tel’Ay Mi-Nag. Je te souhaite sincèrement de le voir se réchauffer, pour ton propre bien.]
Tel’Ay planta ses yeux noirs dans ceux d’Anaria et rétorqua sèchement :
– Je n’ai pas besoin de cœur pour accomplir mon destin. Si ça ne te convient pas, tu peux toujours t’en aller, mais nous savons tous deux que tu n’en feras rien, puisque tu t’es liée à mon sort avec ton truc de dette de vie. En outre, sache ceci : si nous survivons à la guerre contre mes ennemis, nos chemins se sépareront.
– [ Seule la mort peut mettre fin à une dette de vie.]
– Je sais.
– [Alors mon sort est d’ores et déjà scellé ?]
– Tu as tout compris, conclut froidement Tel’Ay, tout en sondant Anaria.
Il fut surpris de ne sentir aucune trace de peur en elle. De son être n’émanaient qu’une tristesse lancinante, de la sérénité et de la réflexion. Il en fut troublé mais n’en montra rien. Les êtres rongés par la peur étaient des proies faciles pour les Sith, et Tel’Ay avait toujours été quelque peu désarçonné par ceux qui parvenaient à la tenir à distance, même après qu’on leur eut annoncé leur fin.

La console de communications bipa, et Anaria répondit. Il s’agissait des contrôleurs aériens du Carolusia. Ils donnèrent le cap à suivre, puis demandèrent et obtinrent les codes d’asservissement du navire. Bientôt, ils purent prendre à distance les commandes du vaisseau, qu’ils firent se poser dans une baie protégée par un champ de rétention d’atmosphère.
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***
La patrouille du secteur 42 ne parvint pas à mettre la main sur les huit silhouettes encapuchonnées. Par sécurité, en revanche, ils explorèrent minutieusement le secteur, à moitié abandonné, et dont certaines zones étaient squattées par des êtres miséreux.
Dès qu’ils firent la macabre découverte, ils prévinrent aussitôt le chef de la sécurité, et mois d’une demi-heure plus tard, Veckmar Talorin et Ver’Liu So-Ren étaient sur les lieux, révoltés. Le Skelor tremblait
d’indignation, de rage et de honte.

Le médecin légiste qui s’occupa des corps déclara, blême, que les victimes étaient toutes zabraks, et au nombre de quatre. Un couple d’adultes et deux enfants en bas âge.
Les corps étaient méconnaissables, réduits à l’état de pulpe sanguinolente. Tous les os de leurs corps semblaient avoir été brisés, et ils présentaient d’innombrables morsures et autres griffures. Ils
avaient été tués d’horrible manière, sans arme.
Ver’Liu eut du mal à croire que des Skelors aient pu perpétrer un tel acte, mais se rendit à l’évidence quand on lui montra les dernières images de la vidéo-surveillance, avant qu’elle n’ait été désactivée.

La tension allait immanquablement monter dans les prochains jours entre les ressortissants zabraks et les Skelors. Il devenait plus que jamais urgent pour Ver’Liu de se trouver un nouveau lieu pour rassembler son
peuple.


***
Tout se passait comme prévu pour les huit Archanges de Norkaï. Le meurtre des Zabraks et Roghmar se montrant à la caméra « grimé » en Skelor avait suffit à faire sortir Ver’Liu d’un lieu où il était inaccessible. Disséminés entre les quartiers skeloriens et la scène du crime, ils tablaient sur le fait que l’héritier du trône et son escorte – quatre Skelors armés de dagues courbes – prendraient le même chemin quand ils retourneraient auprès des leurs.

Ils repérèrent trois endroits propices à une embuscade et, après en avoir choisi un au terme d’un rapide conciliabule, ils le rejoignirent prestement. Le lieu en question avait peut-être été un hall, au temps où il était entretenu. Désormais, ce lieu de passage était laissé à l’abandon et peu usité. Beaucoup d’appliques lumineuses murales ne fonctionnant plus, le hall baignait dans une lumière crépusculaire permanente.
Ils arrachèrent sur les murs des bouts de tuyaux métalliques pour s’en faire des matraques, ou des bâtons
rudimentaires. Ils n’avaient en effet pas pris le risque d’essayer de faire rentrer des armes sur la station, lors de l’inspection douanière qu’ils avaient subis en arrivant.

Ils se scindèrent ensuite en deux
groupes : un pour empêcher Ver’Liu et ses hommes de revenir sur leurs pas, et l’autre pour attaquer de front. Chacun se fondit dans les ombres et l’attente commença.


***
Tel’Ay et Anaria passèrent le poste douanier sans la moindre difficulté, d’autant que le Skelor ne tenta pas de faire passer le sabrolaser de Séis, ni le Gant de Vèntorqis. Un sabrolaser était certes extrêmement utile, mais il était tout à fait capable de se débrouiller sans.
Il fit presser le pas à sa compagne dès qu’ils se retrouvèrent dans les larges coursives. En tant que Sith, il pouvait ressentir facilement une atmosphère imprégnée de violence contenue, qui n’allait pas tarder à exploser : exactement la sensation qui l’assaillait en cet instant.


***
Quand les échos lointains de pas se rapprochant lentement se firent entendre, Nassil Veraian serra instinctivement son bout de tuyau. Lourd d’une dizaine de kilos, il suffirait amplement à fracasser les crânes
et les os des Skelors qui se dirigeaient droit vers le guet-apens.
Autour de lui, dans l’ombre, il sentit que ses camarades étaient eux aussi prêts.
Les Archanges de Norkaï avaient su en arrivant qu’ils ne parviendraient pas à faire passer des armes à la douane de la station, mais ils avaient appris depuis longtemps à improviser avec ce qui leur tombait sous la main, même en dans des lieux où ils n’avaient pas de contacts pour les armer, comme c’était le cas présentement. Il fallait si peu de choses pour donner la mort.

Des ombres se dessinèrent dans le couloir éclairé d’où provenaient le bruit des pas, et les silhouettes des humanoïdes reptiliens qu’ils attendaient ne tardèrent pas à apparaître à leur tour. Comme prévu, ils étaient cinq, les quatre gardes encadrant leur suzerain.
Dès qu’ils eurent franchis l’arche du corridor sombre, Veraian vit quatre de ses congénères se détacher des ombres derrière eux. Sur un signe discret de leur chef, Veraian et les trois Archanges restants se dévoilèrent à leur tour, face aux Skelors.


Les Reptiliens comprirent vite ce qui se passait, et les gardes resserrèrent leurs rangs, tout en sortant
leurs dagues courbes. Veraian sourit. Leurs lames ne faisaient que quarante centimètres de long, contre un bon mètre du côté des bâtons improvisés des Archanges de Norkaï. Avec une allonge aussi supérieure, il y allait bientôt y avoir de la bouillie de Skelor sur les murs, se dit Veraian, hilare intérieurement.


Alors que les Archanges marchaient en silence d’un pas déterminé vers leurs victimes, tout en soupesant leurs gourdins, Veraian vit de nouvelles ombres apparaître dans le couloir éclairé. Avant qu’il n’ait eu le temps de jeter un cri d’alarme, un petit humanoïde trapu surgit en courant. Le nouvel arrivant lança son poing en avant, dans le vide, et Veraian vit avec stupéfaction ses quatre collègues être renversés comme des quilles dans un improbable jeu de bowling.

L’être sauta par-dessus les Skelors et se réceptionna fermement sur ses pieds, face à Veraian et ses amis.
Roghmar abattit son lourd tuyau sur l’être, qui l’attrapa avec une facilité déconcertante. Il le lui arracha des mains sans effort, avant de le retourner pour porter un coup fulgurant sur le crâne du Falleen.
Il n’eut pas le temps d’esquiver, et après un craquement sinistre à l’impact, il s’écroula à terre sans un mot.

Veraian tenta d’attaquer à son tour, mais son adversaire était trop rapide et trop fort, bien plus que le laissait présager sa morphologie. Veraian eut l’impression de frapper un mur de duracier quand leurs tuyaux se téléscopèrent. Il mit toute sa force dans ses deux mains, pour tenter de faire reculer ce démon, mais rien n’y fit.
Du coin de l’œil, Veraian vit un autre Archange attaquer l’être par-derrière, mais ce dernier semblait avoir des yeux dans le dos : sans même se retourner et sans rompre l’engagement avec Veraian, il détendit son pied en arrière.
Son talon percuta le menton de l’Archange, dont les dents s’entrechoquèrent, avant de partir à la renverse et tomber sur les fesses, sonné.

Dans le chaos grandissant, Veraian entendit un hurlement sourd et vit un Wookiee se jeter sur ses camarades, tandis que les gardes skeloriens se lançaient à leur tour à l’attaque. Il comprit que tout était perdu, à défaut d’avoir compris comment, aussi tourna-t-il les talons et tenta-t-il de s’enfuir.
Il réussit à faire deux pas, avant de ressentir une grande douleur à la jambe et de s’affaler lourdement au sol, le souffle coupé. Il n’essaya pas de se relever et jeta un regard derrière lui. L’être avait lancé son tuyau
dans les pieds de Veraian. Dans un nouvel effort, l’Archange voulut attraper le tuyau, mais il le vit s’élever dans les airs et se loger doucement dans la main tendue de l’inconnu.

C’est à ce moment qu’il comprit réellement que tout était perdu pour lui. Et que l’acceptation de son sort, face à une créature aussi surnaturelle, le rendit incapable du moindre mouvement. Il put enfin distinguer les traits de son ennemi et reconnut avec surprise qu’il avait affaire à un Skelor.
Ce dernier lui adressa un sourire sinistre, se pencha sur lui et lui murmura :
– Point de repos pour ton âme. Va donc rejoindre le Chaos.
Tel’Ay Mi-Nag posa sa main sur le front de Nassil Veraian, tétanisé, et broya son âme avec des griffes psychiques. Il resta se délecter de la dissolution de l’esprit de l’Archange de Norkaï, et perdit conscience de son environnement pendant ce bref instant de déconcentration. Pas assez bref, néanmoins. Ce court laps de temps fut suffisant pour le perdre.


Simultanément, il prit conscience d’une nouvelle présence dans la Force, juste derrière lui, et entendit le grésillement caractéristique d’un sabrolaser s’allumer. Il n’eut pas besoin de se retourner pour savoir que l’arme des Jedi était pointée sur lui, à quelques centimètres de sa nuque.
La voix grave de Tchoo-Nachril fit :

– Au nom du Conseil Jedi, tu es en état d’arrestation, adepte du Côté Obscur de la Force.
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