Kerdan Majoline

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yoda2000
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Re: Kerdan Majoline

Message par yoda2000 »

il est merveilleux je te note 20sur20
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Merci !

Et voici la suite...

Chapitre VIII : Derniers préparatifs…


Quand la porte de l’appartement s’ouvrit dans son dos, Kerdan ne se retourna pas. Il se contenta de lancer :
– Alors, chère cousine ? Tu as passé une bonne journée ?
– C’était plutôt routinier, Kerdan, répondit Nevella. Par contre, on parle beaucoup de la disparition subite des gangs. Les gens ne comprennent pas ce qui se passe et certains voudraient espérer que cette situation perdure, bien qu’ils restent prudents de peur d’être déçus. Tu es derrière tout cela, n’est-ce pas ?
– En effet.
– Je ne sais pas comment tu t’y es pris mais quoi qu’il en soit, bravo.
– Rien n’est joué, rétorqua Kerdan. C’est bien beau que moi présent, les gangs reculent, mais tel n’est pas mon but. S’ils reviennent une fois que je serai parti, tout ce que j’aurais accompli jusque-là n’aura servi à rien. La dernière étape de mon plan consiste à pérenniser cette paix retrouvée.
– N’empêche, je suis sidérée de voir les progrès accomplis en si peu de temps. C’est vraiment incroyable.
– Bah. J’ai accès à à peu près toutes les sources de Renseignements de la galaxie et je m’appuie sur un solide réseau d’alliés ou d’assistants dans beaucoup de domaines différents. N’oublie pas que mon travail consiste à faire des synthèses, ourdir des plans, apporter des solutions à toutes sortes de problèmes, et que j’ai des années d’expérience derrière moi.
– C’est vrai. Mais d’habitude, tu agis sur une échelle bien plus grande, non ?
– La taille importe peu, comme se plaît à le répéter un gnome de mes connaissances… Et à ce propos, il faut que je fasse vite. Les Jedi sont à mes trousses. J’espère arriver à mes fins dans ce quartier avant qu’ils ne me mettent la main dessus. Car une fois qu’ils m’auront retrouvé, je risque de ne plus pouvoir venir avant un bon bout de temps…

*
**

Le hall d’entrée était vide. Pas un meuble. Aucune trace de vie. Tchoo-Nachril comprit qu’il avait été abusé. Il se livra à une fouille méticuleuse de l’appartement, au terme de laquelle il ne découvrit qu’une seule chose. Un enregistrement holographique, posé au milieu de la pièce principale. Il activa l’objet et un Kerdan Majoline grandeur nature fit son apparition et prit la parole.

Bien le bonjour… Tchoo-Nachril, si je ne m’abuse. Permettez-moi de vous adresser mes félicitations pour votre réussite récente aux épreuves, qui a conduit le Conseil Jedi à vous conférer le titre de Chevalier.
Si vous avez trouvé cet enregistrement, c’est que vous êtes digne de la confiance que vos supérieurs ont placée en vous. Faire le tri entre les multiples fausses pistes que j’ai disséminées partout sur la planète pour brouiller ma piste n’était pas une mince affaire, aussi pouvez-vous être fier de vous.
Malheureusement pour vous, je crains que vous ne sachiez pas à qui vous avez à faire. Je présume que vous avez été mis au courant, mais derrière chaque plan que je dresse s’en cachent toujours plusieurs autres.
Je ne doute pas que vous finirez par me trouver, mais sachez que vous ne disposez plus que d’une journée pour réussir. Car j’aurais alors achevé la tâche que je me suis fixée et votre mission n’aura plus lieu d’être.
Quoi qu’il en soit, je vous souhaite bon courage pour vos recherches. Parvenir à me retrouver dans le laps de temps qui vous est imparti sera très difficile mais pas impossible. Gardez confiance en vous et exploitez au mieux vos capacités.

Au plaisir de vous rencontrer…


Tchoo-Nachril mit quelques minutes à remettre de l’ordre dans ses idées et ses émotions. Une fois sa sérénité toute jediesque retrouvée, il analysa ce qu’il venait de ressentir et parvint à mettre un nom dessus : humiliation. Un concept qu’il connaissait intellectuellement parlant, mais qu’il n’avait jamais réellement expérimenté avant ce jour.
Il avait été fier de lui quand il avait écarté les pistes une à une, s’était cru plus malin que sa proie. Sa défaite n’en était que plus cuisante. Son adversaire l’avait manipulé et mené exactement où il le voulait. Il avait fait preuve d’orgueil et de suffisance, lui qui s’était cru au-dessus de tels sentiments. Il n’avait rien vu venir, alors que depuis sa plus tendre enfance, ses formateurs l’avaient mis en garde contre ce genre d’état d’esprit insidieux, qui s’emparait de vous sans même que vous vous en rendiez compte. S’il s’était jusque-là toujours considéré comme imperméable à ce type d’attitude, il comprit qu’il s’était fourvoyé. Il venait d’être remis à sa place, de recevoir une leçon d’humilité dont il n’avait même pas eu conscience d’avoir besoin.
Voilà pourquoi des Jedi se perdaient parfois en route, comprit-il. En se leurrant sur eux-mêmes, en perdant le recul nécessaire à l’analyse de leurs propres actions. Il avait toujours éprouvé un certain mépris envers les Jedi dévoyés dont il avait étudié l’histoire. Désormais, il avait conscience que le Mal était bien plus puissant qu’il ne l’avait pensé jusque-là. Il se promit qu’en rentrant au Temple, il aurait une longue conversation à ce sujet avec son ancien maître, Yoda.

Tchoo-Nachril contacta les analystes du Temple Jedi qui l’avaient aidé à remonter la piste de Kerdan Majoline. Il était important qu’ils comprennent comment ils avaient été bernés afin qu’une telle situation ne se reproduise plus. Puis il décida de se passer de leur aide pour la suite de leur enquête.

Après coup, il s’en voulait d’avoir mené son enquête en s’appuyant sur des méthodes traditionnelles. Il était un Jedi. Il avait la Force. Rien d’autre ne devrait lui suffire.

Il quitta l’appartement et s’ouvrit à l’univers, tous ses sens tournés vers la recherche d’une personne. Il mit un pied devant l’autre, à l’écoute de son instinct.

*
**

Alors que Kerdan enfilait son costume désuet, prêt à sortir pour s’acquitter d’un rendez-vous, une alarme de son communicateur se fit entendre. Le message holographique qu’il avait laissé à l’attention de Tchoo-Nachril venait d’être activé.
L’étau se resserre

Une fois en bas de la rue, sa sempiternelle mallette à la main, il n’eut pas longtemps avant de voir arriver un speeder-limousine. Le véhicule s’arrêta devant lui, et huit gardes du corps en sortirent, aux aguets.
– Majoline ? fit l’un d’eux en se plantant face à Kerdan, l’air menaçant.
– Lui-même.
– Montez, répondit l’autre en montrant la limousine. Elle vous attend.
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yoda2000
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Re: Kerdan Majoline

Message par yoda2000 »

très bien mais qui sont les méchants Kerdan ou Tchoo-Nachril
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Réponse dans le tout dernier chapitre... et il en reste deux avant !
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yoda2000
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Re: Kerdan Majoline

Message par yoda2000 »

MERCI
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Notsil
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Re: Kerdan Majoline

Message par Notsil »

Et la suite, que Minos m'a demandé de poster :

Chapitre IX : Dame Brennala


Kerdan entra dans la speeder-limousine et s’y assit. Le siège s’adapta aussitôt à sa morphologie. Dans ce genre de véhicule luxueux, le confort était l’un des maîtres-mots. Il posa sa mallette sur ses genoux, fit un signe de tête à l’unique autre passager – en l’occurrence une passagère – installée face à lui.
Sa petite taille et ses grandes oreilles tombantes frappaient au premier regard et l’identifiaient clairement comme étant une Lannik. De longs cheveux noirs et bouclés cascadaient jusque sur ses épaules. Ses grands yeux noirs débordant de tristesse mangeaient ses traits fins.
Bien que mariée à un homme aussi riche que puissant, elle n’arborait aucun signe extérieur d’ostentation : une robe trop commune pour être l’œuvre d’un grand couturier, quelques bijoux et un maquillage discrets. Au premier abord, elle semblait ne pas être à sa place dans un tel véhicule, comme si elle y était entrée par erreur.
Quand elle prit la parole d’un ton gêné, sa voix cristalline ne résonna guère. Comme si élever la voix risquait d’attirer l’attention sur elle.
– Je vous présente mes condoléances pour la perte tragique de votre cousine, monsieur Majoline.
– Je vous en remercie, dame Brennala. Même si à proprement parler, ce serait plutôt à moi de vous présenter les miennes. Après tout, Évanie n’était-elle pas votre meilleure amie ?
– Une bien piètre meilleure amie, répondit la Lannik, les yeux embués de larmes. Je n’étais même pas présente à la cérémonie funéraire. Je ne voulais pas vous mettre dans l’embarras, vous et Nevella, la sœur d’Évanie.
– Vous auriez pu venir, cela ne nous aurait posé aucun problème. Vous la connaissiez bien mieux que moi. Mes activités font que je n’ai jamais eu l’occasion de fréquenter régulièrement mes cousines.
– Je n’aurais pas été à ma place. Évanie a été tuée par un membre de gang… et vous connaissez la vie que je mène. Ma présence aurait été par trop inconvenante.
– C’est en effet ce que vous expliquiez dans le message que vous m’avez fait parvenir, à Nevella et moi. Mais je vous trouve dure envers vous-même : il n’y a aucun rapport, ni de près ni de loin, entre le meurtrier et vous.
– Peu importe. Il aurait tout aussi bien pu être sous les ordres de mon mari.
– D’une, il ne l’était pas. Deux, vous n’avez jamais été impliquée dans les activités de votre mari. Vous n’avez donc pas à culpabiliser.
– Je suis néanmoins très affectée par ce qui s’est produit. Ça a été un choc terrible. Rien ne pourra jamais être comme avant.
– Oui, je l’ai bien compris suite à la correspondance électronique vous nous avons entretenue depuis. Vous êtes toujours résolue à mettre vos projets à exécution ?
– Je ne changerai pas d’avis. J’aime mon mari mais la mort d’Évanie m’a ouvert les yeux. Je ne veux pas continuer à partager la vie d’un dirigeant de gang, et je refuse que mes enfants grandissent dans un tel environnement.
– Vous m’avez pourtant expliqué que vos enfants et vous ne vivez pas dans le cercle du gang.
– J’ai été lâche, monsieur Majoline. Nous évoluons dans un cocon doré : des appartements luxueux, des domestiques stylés, des précepteurs éminents à domicile pour mener à bien l’éducation des enfants, des gardes du corps pour assurer notre sécurité. On peut se sentir protégés en menant une telle vie, mais aujourd’hui elle m’étouffe. Pire encore, je l’exècre en songeant que tout mon confort est basé sur le racket, les meurtres, les escroqueries et que sais-je encore ! Je refuse de me voiler la face une seconde de plus. Je veux pouvoir marcher la tête haute et m’investir auprès des autres. Il est plus que temps que je donne, après avoir tant reçu.
– Oui, et je vous ai répondu que mon aide vous serait acquise. Chacun devrait être maître de son destin.
– Êtes-vous sûr de vouloir m’aider, monsieur Majoline ? Vous m’avez assuré que oui, mais j’ai peur pour votre vie. Si quelque chose devait vous arriver, ce serait de ma faute. Je ne sais pas si je le supporterai.
– N’ayez aucune crainte, dame Brennala. Je n’ai pas peur de votre mari.
– Mais il est très dangereux. C’est un Vigo du Soleil Noir, l’organisation criminelle la plus puissante de la galaxie !
– Peu m’importe, répliqua Kerdan. Il ne fait pas bon se frotter au Vigo Ryudug, mais la réciproque est également vraie : dans certains milieux, nul n’ignore qu’il ne faut pas trop chatouiller Kerdan Majoline. Et Ryudug le sait, il appartient à ces « certains milieux ».
Elle ne se l’expliquait pas, mais dame Brennala avait envie de faire confiance à Kerdan, malgré son apparence terne, d’une banalité affligeante.

De l’extérieur de la speeder-limousine, une voix grave et profonde retentit :
– Kerdan Majoline, je t’ordonne de sortir de là et de me suivre. Tu vas répondre de tes actes devant le Conseil Jedi.
Tchoo-Nachril.
À la peur qui s’afficha sur le visage de Brennala, Kerdan répondit par un haussement d’épaules.
– Demandez à vos gardes du corps de ne rien faire d’inconsidéré. Ils ne sont pas de taille à lutter contre un Jedi et il est hors de question de risquer des dommages collatéraux. Je reviens de suite, le temps de m’occuper de ce gêneur.
Kerdan posa sa mallette à côté de lui et sortit du véhicule.
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yoda2000
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Re: Kerdan Majoline

Message par yoda2000 »

mais pourquoi le jedi cherche kerdan majoline ?
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Notsil
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Re: Kerdan Majoline

Message par Notsil »

Relis depuis le début ;)
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yoda2000
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Re: Kerdan Majoline

Message par yoda2000 »

Ah c'est bon j'ai compris , merci :)
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Allez, retour aux affaires, voici le chapitre suivant !


Chapitre X : Sur la piste de Kerdan


Une multitude de prédateurs dans toute la galaxie était capable de flairer la piste d’une proie, la plupart grâce à un odorat particulièrement développé ou une perception étonnante des champs magnétiques ténus enveloppant chaque être vivant.
Les Jedi, dont certaines techniques résultaient d’une étude approfondie de la nature et des mœurs de ses habitants, avaient mis au point des millénaires auparavant leur propre version de ce don de pistage.
Dans l’appartement où Kerdan Majoline l’avait berné, Tchoo-Nachril déploya ses sens de Jedi à la recherche d’une empreinte, d’une trace psychique de Kerdan dans la Force. Dès qu’il l’eut trouvée et saisie, il mit un pied devant l’autre pour remonter la piste.
Cela n’avait rien d’un jeu d’enfant, au contraire. La précision était cruciale. Il devait être capable de relier l’empreinte psychique à un passage temporel. Plus la trace était ancienne, moins elle était marquée dans la Force. Mais de pas en pas, les différences étaient pour le moins subtiles. Se rendre compte que telle trace était plus vieille d’une minute que telle autre demandait une concentration et un discernement hors du commun.
Tchoo-Nachril connaissait ses compétences et ses limites, et la tâche lui paraissait être dans ses cordes. À la limite de ses possibilités, mais faisable. À condition qu’il soit capable de garder sa concentration à un très haut niveau pendant une période qui risquait d’être longue.
Sans parler du fait que si Kerdan Majoline avait circulé à bord d’un véhicule, la piste risquait de s’arrêter net. Tchoo-Nachril restait optimiste : d’après ses informations, Majoline n’écumait le quartier qu’à pied.
Le Chevalier Jedi eut de la chance dans sa quête. Par deux fois, la piste de Majoline qu’il suivait fut coupée par une autre plus récente, et donc plus marquée dans la Force, plus facile à suivre. Décidément, Majoline marchait beaucoup. Tchoo-Nachril sut dès lors que sa proie ne lui échapperait pas.
Il dut tout de même y mettre du sien en puisant largement dans ses réserves. Maintenir un pouvoir de la Force actif sur une longue période était pour le moins éprouvant. Mais si Tchoo-Nachril fut satisfait de constater qu’un tel effort n’était pas hors de sa portée, il s’inquiéta pour la suite des événements.
Sa mission consistait à appréhender Kerdan Majoline, or il était bien parti pour épuiser son capital de Force dans cette poursuite. Sans un minimum de puissance, il ne ferait pas le poids face à Majoline. Il se demanda même s’il serait capable d’en venir à bout en pleine possession de ses moyens. Cet homme était si retors, disposait de tant de ressources…

Au détour de la rue suivante, Tchoo-Nachril s’arrêta : ses sens percevaient la présence de Majoline tout près. Ses yeux se posèrent naturellement sur le seul élément du décor qui sortait de l’ordinaire. Un speeder-limousine garé à cheval sur le trottoir, encadrés par huit malabars patibulaires en costumes et munis d’oreillettes. Gardes du corps, se dit le Jedi. Et pas trop mauvais, ajouta-t-il in petto en constatant que deux d’entre eux l’avaient déjà repéré.
Le langage corporel des gardes du corps ne trompait pas. Tchoo-Nachril était considéré comme une menace potentielle. Rien d’étonnant à cela. Qui pouvait savoir ce qui se cachait sous sa cape ?
Il prit soin de la dégrafer lentement afin de montrer sa tenue de Jedi ainsi que son sabre-laser. Il leva ses mains ouvertes devant lui en signe de paix, tout en déployant des trilles de Forces destinés à endormir la méfiance des gardes.
Le Jedi n’en avait pas après eux et espérait ne pas avoir à les combattre. Dans une rue si passante, même si les autochtones prenaient soin de ne pas s’approcher du speeder-limousine, des innocents risquaient de pâtir d’un affrontement.
Heureusement, à force de vivre dans un quartier miné par la violence, les habitants savaient reconnaître les signes avant-coureurs du danger. La présence des gardes du corps les avait déjà alertés. Un Jedi ajouté à l’équation fit que la rue se vida étonnamment vite.
Tchoo-Nachril fit quelques pas avant de s’arrêter à distance prudente. La présence de Majoline dans le speeder illuminait la Force tel un phare dans une nuit noire.
La voix puissante et rocailleuse du Jedi retentit :
– Kerdan Majoline, je t’ordonne de sortir de là et de me suivre. Tu vas répondre de tes actes devant le Conseil Jedi.

*
**

En sortant du speeder-limousine, Kerdan assura aux protecteurs de dame Brennala qu’il n’y avait aucun danger. Dubitatifs, ils ne relâchèrent pas leur vigilance, prêts à tout.
Tchoo-Nachril était encore plus aux aguets et se demanda si de chasseur, il ne venait pas devenir proie. Il repoussa cette pensée déprimante. Malgré sa fatigue, il fit monter la Force en lui. Kerdan Majoline était trop rusé pour être sous-estimé. Dans le fond de son cœur et malgré ses grands talents, le Jedi n’avait que peu d’espoir d’être à la hauteur si la situation dégénérait.
Il n’était rien à côté de Kerdan Majoline et le savait. Son seul et unique avantage était d’avoir tout l’Ordre Jedi derrière lui en cas de besoin : Majoline n’était pas sans ignorer qu’il était en sursis et que l’Ordre finirait par lui mettre la main dessus tôt ou tard. Même si, sachant de quoi le frêle humain était capable, Tchoo-Nachril ne pouvait s’empêcher d’être rongé par le doute.
Serait-il à la hauteur ou balayé comme le plus insignifiant des insectes ?
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Je n'ai jamais posté la suite de l'histoire, et donc encore moins la fin. Voici déjà l'antépénultième chapitre. Je posterai la suite et fin demain.


Chapitre XI : Un nouvel intervenant


Kerdan et Tchoo-Nachril se faisaient face dans un contraste saisissant. D’un côté, un Whipid musculeux de plus de deux mètres, incarnation de la noblesse et de la puissance de l’Ordre Jedi. En face, un humain qui lui rendait une cinquantaine de centimètres, silhouette si fluette qu’une simple gifle semblait pouvoir la briser en mille morceaux.
L’expression dans leurs yeux en faisait pourtant des jumeaux. On y lisait la même détermination sans faille. Ces deux êtres aux intérêts et aux buts divergents ne semblaient pas connaître le sens du mot « concession ».
Le silence tendu qui s’était instauré entre eux fut rompu par Tchoo-Nachril.
– J’ai été envoyé ici afin de mettre un terme à tes agissements, Kerdan Majoline. Tu vas me suivre jusqu’au Temple Jedi, où tu comparaîtras devant le Conseil.
– Pas question. Je suis occupé, rétorqua Kerdan sur un ton aussi sec que sans appel.
– Justement. Tes « occupations », comme tu dis, mettent en péril la paix et la sécurité de trois secteurs galactiques. La vie de milliards d’êtres est dans la balance. La seule manière de garantir la paix là-bas est de t’enfermer au Temple Jedi.
– Tu te trompes, mais tu ne peux pas le comprendre. Et je n’ai pas envie de t’expliquer ce qui se passe, il est trop tôt. Je te suivrai de mon plein gré… dès que j’en aurai terminé ici.
– Cela va à l’encontre de mes ordres. Ne m’oblige pas à employer la force, Majoline.
Le rachitique humain au visage buriné par le temps esquissa un sourire en guise de réponse. La Force avertit Tchoo-Nachril d’un danger, immédiatement concrétisé par l’apparition simultanée de landspeeders et d’airspeeders semblant de surgir de partout à la fois. Le speeder-limousine, Tchoo-Nachril et Kerdan Majoline étaient encerclés.
– Ne fais rien d’inconsidéré, Jedi, dit Kerdan d’un ton calme. Vous non plus, les gars, ajouta-t-il à l’attention des gardes du corps, déjà postés en position défensive, armes à la main. Tchoo-Nachril, tu ne connais pas les tenants et aboutissements de la situation. Toute intervention de ta part risquerait de provoquer un désastre.
– Tu n’as pas d’ordre à me donner, Majoline, rétorqua le Jedi.
– Écoute, je te jure sur la Force que je te suivrai, dès que j’en aurai terminé avec l’occupante de la limousine… ainsi qu’avec ces nouveaux arrivants.
– Tu sais qui ils sont ?
– Oui. Ryudug et ses hommes.
– Ryudug ? Comme dans « Ryudug, Vigo du Soleil Noir », un des criminels les plus puissants de la galaxie ?
– Lui-même.
– Si tu en viens à frayer avec ce type d’individu, je comprends que le Conseil Jedi veille te retirer coûte que coûte de la circulation, Majoline.
– Le Conseil Jedi n’est pas aussi omniscient qu’il aime à le faire croire.

Pendant ce temps, les véhicules avaient continué de converger lentement vers leurs cibles. Les portières s’ouvrirent et les hommes qui en surgirent pointèrent leurs armes sur le Jedi, les gardes du corps et Kerdan. Un Lannik furibond, vêtu d’un costume noir et fuchsia du dernier cri, sortit du landspeeder le plus proche et apostropha Kerdan.
– Toi !
– Oui ?
– Tu es donc l’auteur de ceci ? demanda le Lannik en activant un communicateur.
Une image bleutée et tridimensionnelle de Kerdan apparut et prononça ces mots :
« Vigo Ryudug du Soleil Noir, prend contact avec moi dès la réception de ce message si tu ne veux pas perdre ta femme et tes deux enfants. Tu me trouveras dans le quartier de Redengton. »
– Ce message est effectivement authentique, annonça calmement Kerdan. Et je te prie de modérer ta colère, ce message est toujours d’actualité.
Tchoo-Nahcril se raidit et s’ouvrit à la Force en entendant Kerdan Majoline prononcer ces paroles. Avait-il donc perdu la raison ? Défier ouvertement un homme tel que Ryudug semblait suicidaire. Et le Jedi se trouvait à la place la moins enviable : entre l’humain et le Lannik. Si Ryudug perdait son sang-froid – et il avait la réputation de le faire régulièrement –, il allait y avoir du grabuge…
Grâce à la Force, Tchoo-Nachril sentit à quel point le conflit intérieur de Ryudug fut intense. Mais en fin de compte, le Vigo se contenta d’émettre un grognement sourd et de froncer les sourcils.
– Je t’écoute, Majoline.
– Voilà qui est mieux, répliqua l’interpellé. Jouons cartes sur table, Ryudug. La situation est très simple : ta femme a décidé de te quitter et de soustraire vos enfants à ton influence. Elle s’est placée sous ma protection et m’a chargé de te faire entendre raison.
– Tu te moques de moi ? rugit le Lannik. Je ne croirai de telles billevesées que si elles sortent directement de la bouche de mon épouse !
Pour toute réponse, Kerdan posa sa mallette au sol et l’ouvrit. Il en sortit un datapad, qu’il activa avant de le présenter à Ryudug.
– Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
– Que lis-tu à l’écran ?
– Une liste de noms, et alors ?
– C’est une liste de mille deux cent treize victimes de la guerre des gangs qui sévit sur Coruscant. Rien que ces trois derniers mois. Sais-tu ce que ces victimes ont en commun ?
– Non, mais je sens que tu vas me faire profiter de tes lumières sur le sujet.
– Toutes comptaient un officier supérieur ou chef de gang dans leur famille. Et aucune d’entre elles ne suivait cette voie. Elles n’ont été tuées que par représailles ou pour affaiblir le membre de gang.
– Peu m’importe ce qui se passe dans les clans inférieurs ! Personne n’oserait jamais s’en prendre à la famille d’un Vigo du Soleil Noir !
– Vraiment ? Ouvre le second document du datapad.
Le Lannik obtempéra d’un geste rageur.
– C’est quoi, cette fois-ci ?
– La liste de quarante-sept personnes assassinées pour la seule unique raison qu’elles étaient très proches d’un Vigo du Soleil Noir : femmes, maris, enfants.
– Peuh ! Tu es remonté de combien de siècles pour établir ta liste ?
– Dix ans.
Le Lannik ne trouva rien à répondre. Sa seule réaction fut de blêmir.
– Ta femme pourrait être le quarante-huitième nom, ajouta perfidement Kerdan.
– Il ne peut rien lui arriver tant que je la protège ! Et même si ça arrivait, je te jure que ma vengeance serait terrible !
– C’est là où je veux en venir, Ryudug. Tu sais que la possibilité que ta femme meure existe, quoi que tu fasses pour la préserver d’un tel destin. Elle aussi en a conscience, c’est pourquoi elle veut couper tous les ponts avec toi.
– Je ne l’accepterai jamais !
– Je ne te pensais pas aussi imbu de ta personne, Ryudug. Pour le plaisir de satisfaire ton orgueil, tu veux la voir rester emprisonnée dans une cage dorée, sans tenir compte de ses propres sentiments et aspirations ? Elle compte donc si peu pour toi ?
– Au contraire, elle est ce que j’ai de plus précieux au monde !
– Que tu dis ! Tout ce que je vois, et elle aussi, c’est qu’elle n’est qu’une morte en sursis en restant à tes côtés. Si tu l’aimes réellement, si tu éprouves les sentiments les plus profonds pour elle, tu dois lui rendre sa liberté. Ce n’est qu’à ce prix que tu assureras sa sécurité, ainsi que celle de vos enfants. Combien de tes ennemis seraient ravis de les torturer, de les éviscérer pour t’affaiblir, te donner une leçon ou un avertissement ?

Tchoo-Nahcril perçut le maelstrom d’émotions qui se déchaînait en Ryudug : de la colère, de la rage, du déni… de la peur, aussi. Des frissons parcoururent le corps du Lannik, et un horrible rictus déforma ses traits. Puis, tel un ballon de baudruche qui se dégonfle brusquement, un grand vide se fit en Ryudug.
Combien de fois Brennala avait-elle eu des conversations similaires avec son époux ? Au bas mot des dizaines. Mais à chaque fois, Ryudug avait rejeté ses arguments d’un revers de main négligent, riant des folles inquiétudes de sa femme. Jamais il n’avait accepté de regarder la situation en face. Jamais il n’avait admis que son activité professionnelle pouvait avoir des conséquences funestes pour les siens.
Jusqu’à ce jour. Jusqu’aux paroles de Kerdan Majoline. Jusqu’à ce que ses yeux tombent sur cette liste de quarante-sept, et qu’il en reconnaisse aisément treize d’entre eux. Tués parce qu’il en avait personnellement donné l’ordre. Pour asseoir sa propre position dans l’empire criminel le plus étendu de la galaxie. Si lui avait accompli de tels forfaits, d’autres en étaient tout aussi capables.

Ruydug crut que son cœur allait exploser avec cette prise de conscience. La vision de Brennala et des enfants baignant dans leur sang s’imposa à son esprit et refusa de le quitter. S’il devait être confronté à une telle abomination, il ne le supporterait pas. Il n’existait qu’une seule solution pour prévenir une telle horreur. Ne plus jamais avoir le moindre contact avec les siens.

Le Vigo du Soleil Noir était vaincu.
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Ici, voici l'avant-dernier chapitre de l'histoire !


Chapitre XII : L’avenir de Redengton


– Aurais-je l’occasion de lui faire mes adieux, ainsi qu’à mes enfants ? murmura Ryudug.
– Bien entendu, répondit Kerdan. Je ne suis pas un monstre.
Le Vigo se contenta d’opiner du chef et tourna les talons, ses hommes dans son sillage.
– Le Conseil Jedi nous attend, Majoline, rappela Tchoo-Nachril.
– Il me reste un dernier point à régler, ainsi que des gens à saluer, et je serai alors tout à toi.
Les Jedi étant censés être des parangons de patience, Tchoo-Nachril se retint de soupirer. Il emboîta le pas de Kerdan, qui remontait déjà dans la limousine-speeder afin de rassurer dame Brennala.
– Vous êtes désormais libre, madame. Votre mari s’est rendu à mes arguments.
– Je m’en veux tout de même que les choses se terminent ainsi. Malgré tout, je l’aime toujours !
– Et c’est un sentiment qui vous honore, madame. J’ai promis à Ryudug qu’il pourrait vous revoir une dernière fois. Je pense que ce sera une bonne chose pour vous deux.
– Mille mercis, monsieur Majoline.
– Êtes-vous prête pour le destin que vous vous êtes choisi ?
– Oui. Je veux réparer autant que je peux le mal commis par les gangs, et je compte commencer ici, dans le quartier de Redengton, là où Évanie a été tuée. Je dispose d’un compte en banque bien garni grâce à Ryudug, et j’estime que ce ne sera que justice si cet argent peut servir à aider les habitants.
– Concrètement, que prévoyez-vous ?
– Je ne sais pas trop, mais j’ai bien envie de créer une école, pour les enfants comme pour les adultes. L’éducation, voilà ce qui peut changer des vies et préparer l’avenir !
– Cela ne suffira pas.
– Comment cela ?
– Une simple école ne serait qu’une goutte d’eau, vite balayée par la misère qui sévit ici. Vous devriez voir plus large, dame Brennala. Créez des associations, culturelles ou sportives, financez des commerces afin de créer des emplois. Bref, voyez grand : transformez radicalement ce quartier !
– Je crains que mes finances ne soient pas aussi importantes, monsieur Majoline.
– Je vous assure que si. J’ai comme qui dirait écarté… et escroqué au passage l’un des gangs qui avait le quartier sous sa coupe, les Lunes Pourpres. Je leur ai confisqué quelques dizaines de millions de dataris, que j’ai fait virer sur un compte.
Kerdan ouvrit sa mallette et en ressortit une datacarte qu’il tendit à Brennala.
– N’ayez aucun scrupule à utiliser cet argent. Tout comme le vôtre propre, il vient des gangs.
– Je… Je ne sais comment vous remercier, monsieur Majoline !
– Vous le faites déjà en étant vous-même, madame. J’ai recruté un administrateur pour votre nouvelle fortune, un homme en qui j’ai toute confiance. Il s’occupera de concrétiser tous les projets que vous jugerez bon de mener à bien.
Quand dame Brennala éclata en sanglots face à tant de magnificence, Kerdan et Tchoo-Nachril, gênés, ne surent pas où poser le regard. Leurs yeux se croisèrent et Kerdan fit signe au Jedi qu’il était temps pour eux deux de tirer leur révérence.
Brennala saisit la main de Kerdan et resta le regarder en silence, très émue. Lui n’osa pas lui dire qu’elle lui broyait la main et supporta ce supplice en s’appliquant à rester stoïque. Puis il hocha la tête et sortit de la limousine-speeder, Tchoo-Nachril à ses côtés.
– N’as-tu pas oublié un détail, Kerdan Majoline ? demanda le Whiphid.
– Je ne pense pas, mais dis toujours.
– Ce quartier est misérable et dangereux, les choses ne vont pas changer d’un coup de baguette magique. Il me semble à peu près certain que d’autres gangs vont venir occuper le terrain à leur tour.
– Ils ne feront pas long feu.
– Comment peux-tu en être aussi sûr ?
– Tu crois peut-être que Ryudug va rester les bras croisés quand il va apprendre que sa femme s’installe ici ? Au contraire, il va tout faire pour assurer sa sécurité, même si elle ne le soupçonnera sans doute jamais.
– Tu marques un point, Majoline.

Il ne fallut pas plus d’une heure à Kerdan et à Tchoo-Nachril pour rendre les trois visites que l’humain tenait à faire avant de quitter les lieux. Au commissariat, ils annoncèrent au capitaine des lieux un avenir meilleur. Ils trinquèrent avec Énanchor Phileas dans la cantina de ce dernier. Enfin, Kerdan alla saluer sa cousine Nevella.

Dès lors, ils prirent un taxi-speeder qui les mena au Temple Jedi, et se retrouvèrent bientôt face à la porte derrière laquelle siégeait le Conseil. Elle ne tarda pas pivoter sur elle-même. Ils entrèrent…
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Notsil
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Re: Kerdan Majoline

Message par Notsil »

Bonne idée ça, c'est pas sympa d'avoir laissé tes lecteurs en plan :p
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Je... Je suis un homme débordé... :roll:
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Hop, fin de l'histoire !


Chapitre XIII : Face au Conseil Jedi


Tchoo-Nachril et Kerdan Majoline firent quelques pas dans la salle abritant les Conseillers, avant de s’incliner en signe de respect envers les dirigeants de l’Ordre Jedi.
Le Jedi Whiphid fit un pas en arrière. La suite ne lui appartenait plus.

Sur les douze sièges que comptait la pièce, onze étaient occupés. Ce fut rien moins que le Grand Maître de l’Ordre, Maddeus Oran Lijeril, Nikto de son état et spécialiste de la politique galactique, qui ouvrit le bal.
– Bon travail, Chevalier Tchoo-Nachril. Vous avez été digne de la confiance que nous avons placée en vous.
– Je vous remercie, Grand Maître, répondit l’interpellé avec déférence.
– Quant à vous, Kerdan, vous avez des explications à nous fournir, ce me semble, et pas des moindres ! Expliquez-moi comment il est possible qu’un homme tel que vous, maître Jedi, de surcroît membre du Conseil, soit allé mener une mission personnelle sans l’aval du Conseil, alors même que vous aviez reçu pour ordre de déminer la situation entre les secteurs Taresh, Admar et Antogar, qui menacent de se lancer dans une guerre généralisée ? Ai-je besoin de vous rappeler que si nous ne nous posons pas en médiateurs dans ce conflit, des milliards d’habitants risquent d’en subir les conséquences ?
– Je suis parfaitement au fait de la situation géopolitique de ces trois secteurs, Grand Maître.
– Alors que se passe-t-il, Kerdan ? Seriez-vous passé du Côté Obscur de la Force suite au meurtre de votre cousine ? Vous êtes-vous lancé dans cette croisade par vengeance ?
– Pas le moins du monde, Grand Maître. En tant que Jedi, je n’ai de cesse d’avoir le bien commun en tête. Ma cousine est morte à cause des gangs, je le déplore et je la pleure, ce qui fait de moi un humain mais pas le moins du monde un monstre. Si je n’ai hélas pas pu la sauver, je n’ai jamais envisagé de la venger. Je voulais juste que personne ne souffre plus comme j’ai souffert. En outre, j’avais honte pour toutes les forces de justice de la République, dont l’Ordre. Nous connaissons l’existence des gangs mais nous ne faisons rien pour lutter contre eux.
– Nous sommes au service de la République, Kerdan, intervint Mecti Laminer, la maître Besalisk. En aucun cas nous ne décidons de nous-mêmes des causes que nous souhaiterons défendre. Nous n’agissons que dans le cadre d’un mandat strictement encadré. En agissant seul de votre côté, non seulement vous avez tourné le dos à notre allégeance à la République, mais vous avez agi avec un égoïsme sidérant : vous avez préféré vous en prendre à des gangs sévissant dans un simple quartier de Coruscant, ce qui touche quelques milliers de personnes au maximum, et vous avez négligé l’ordre de mission que vous avez reçu, à savoir préserver les trois secteurs suscités de la guerre généralisés qu’ils se livreront à coup sûr avant la fin de la semaine !
– Le Conseil Jedi n’est pas omniscient, ce me semble, rétorqua Kerdan sans se laisser démonter. Et être un Jedi ne signifie pas seulement servir la République. Nous servons la Force, la vie, nous protégeons les innocents et œuvrons à mettre en place des mondes meilleurs. Nous promouvons la justice. J’ai donc pleinement agi en tant que Jedi.
– Nos prérogatives sont clairement définies, répondit Lijeril, et intervenir dans les quartiers de Coruscant n’est pas de notre ressort mais de celui des FSC. Vous n’aviez rien à faire dans le quartier de Redengton, Kerdan.
– Premièrement, je ne suis jamais intervenu à Redengton en tant que Jedi, mais en tant que personne indépendante. Ensuite, vous savez tous, autant que vous êtes, que bien que les Jedi agissent dans le cadre d’un mandat donné par le Conseil et encadré par le Sénat, il n’est pas rare que les limites des missions confiées aux Jedi volent en éclats face à la réalité du terrain. Les Jedi doivent le plus souvent improviser et décider de la poursuite d’une mission en suivant leurs propres convictions et non pas des ordres rapidement devenus obsolètes.
– Le rapport je ne vois pas, intervint maître Yoda, nouvellement promu au Conseil.
– Vous m’accusez d’avoir agi en dehors de tout mandat officiel, ce en quoi vous avez parfaitement raison. Mais si on se penche sur la situation récente, que je circonscrirais au mois dernier, souhaitez-vous réellement connaître le pourcentage ridiculement faible des Chevaliers ayant strictement collé aux limites des mandats qui leur avaient été confiés ?
– Argument facile, Kerdan, dit Lijeril. Les Jedi doivent s’adapter au terrain et prendre leurs propres décisions. En l’occurrence, vous avez choisi d’ignorer tout ordre et de faire ce qu’il vous plaisait, ce qui n’a rien à voir.
– Je le reconnais, concéda Kerdan. Ceci dit, je souligne que j’avais décidé d’agir en simple particulier dans le cadre de cette mission.
– Un Jedi n’est jamais un simple particulier, contra Lijeril. Jamais.
– Il est courant que les Jedi s’allient à d’autres composantes de la République pour mener une mission à bien, si je ne m’abuse ? reprit Kerdan.
– En effet.
– Dans ce cas, apprenez que j’ai rencontré le capitaine des FSC chargé du quartier de Redengton. Voici ce qu’il m’a dit lors de notre entretien.
Kerdan posa sa mallette au sol et en sortit un communicateur. La silhouette du gros capitaine des FSC apparut, et il prononça ces mots : « Bon, agissez à votre guise, vous avez mon soutien… au moins tacite. »
– Nous sommes donc bien dans le cadre d’une alliance entre un Jedi et une administration de la République.
– Un peu tiré par les cheveux je trouve votre argumentaire, maître Majoline, fit remarquer Yoda.
– Vraiment, maître Yoda ? Si je ne m’abuse, votre dernière mission, autorisée par le Conseil, a consisté à vous occuper du problème posé par les Pirates de Catilus VII ?
– Exact.
– Vous avez attaqué de front leur citadelle, seul.
– Oui.
– Et vous êtes parvenu à les mettre hors d’état de nuire, ce qui rend le système de Catilus plus sûr, une fois cette menace éliminée. Grâce à vous, des millions de personnes ne subiront plus les exactions des pirates.
– Rien à redire à vos paroles je ne vois.
– Combien de cadavres avez-vous laissé derrière vous, maître Yoda ?
Plus d’un membre du Conseil tiqua en entendant ces paroles, mais personne n’intervint.
– Trente-sept, répondit Yoda.
– Donc on voudrait me faire croire que trente-sept morts provoquées par un Jedi sont tolérées tant qu’il agit sur ordre du Conseil, mais que mon intervention à Redengton, qui a le même résultat que Yoda sur Catilus, à savoir préserver la paix et sauver des innocents, et surtout sans que le moindre sang ne soit versé, ne serait pas tolérée ?
Un long silence s’abattit sur le Conseil tandis que chacun réfléchissait aux paroles de Kerdan. Le maître Tempeï-Liy, Caamasi, Archiviste en Chef et ami – voire complice – de longue date de Kerdan, réprima un sourire de connivence. Étant au fait des intentions de Kerdan, il attendit la suite avec impatience. Et ne fut pas déçu.
– L’Ordre Jedi a un problème, continua « l’accusé ». Il s’appuie trop sur les porteurs de sabrelasers.
– Que voulez-vous dire par là ? demanda Lijeril.
– Depuis leur plus jeune âge, les apprentis Jedi sont habitués à se servir d’un sabrelaser. Forcément, une fois devenus Chevaliers, il n’est pas rare que lors de missions, leur premier réflexe soit de sortir leurs armes. Ce qui me semble aller contre la philosophie de paix et de justice de l’Ordre. Regardez la composition de ce Conseil : à part maître Temeï-Liy et moi-même, vous tous qui siégez ici êtes connus et reconnus à travers toute la galaxie pour vos exploits menés à la pointe du sabrelaser. Et vos réussites, plus sensationnalistes que celles des autres Jedi, sont les plus marquantes vis-à-vis du grand public. Cela ne signifie en aucun cas que vous soyez supérieurs aux Jedi non-combattants.
– Personne ne conteste un tel état de fait, dit Lijeril. C’est dans nos différences que nous trouvons notre force.
– Ce que je veux dire, c’est que la grande majorité des Jedi sont formés en tant que guerriers, ce qui à mon avis est bien trop réducteur vis-à-vis de la Force. Yoda a tué trente-sept personnes, moi aucune. Lui avait un mandat du Conseil, pas moi. Est-il meilleur Jedi que moi pour autant ?
– Le problème n’est pas là, reprit Lijeril. Quand je vois le résultat de vos actions à Redengton, je ne puis que les louer. En cela, vous avez une fois de plus été digne de votre rang de Maître Jedi. Le problème est ce que vous avez négligé, à savoir une cause bien plus importante qu’un simple problème de sécurité d’un quartier de Coruscant. La paix mise à mal dans trois secteurs de la République. Vous avez mis la vie de milliards d’êtres de côté.
– Pardonnez mon outrecuidance, Grand Maître Lijeril, mais vous n’êtes qu’un enfant. Vous raisonnez en guerrier, en homme politique. Vous sous-estimez le pouvoir, et les pouvoirs, d’un ambassadeur Jedi tel que moi. Ma connexion à la Force est bien différente de la vôtre. Je ne sais pas manier le sabrelaser – d’ailleurs, je n’en porte jamais, je risquerais de me blesser avec –, je n’ai pas d’intuitions dans une situation nécessitant une prise d’action instantanée. Par contre, mes capacités cognitives, soutenues par la Force, me permettent d’appréhender une situation dans son ensemble. Des solutions élaborées, que certains qualifieraient de manipulatrices, me viennent d’instinct à l’esprit pour résoudre des conflits. Ma capacité de lecture et d’analyse des données est dix fois plus élevée que la normale humaine, grâce à la Force. Dès que j’ai décidé de me rendre dans le quartier de Redengton, mon but était de faire disparaître les gangs. Grâce à la Force, j’ai analysé les forces et les faiblesses des gangs présents, la psychologie de tous ces dirigeants criminels. À partir de là, ça a été un jeu d’enfant de tous les écarter, notamment grâce à l’aide de Maître Temeï-Liy, qui m’a ouvert en grand les archives de l’Ordre, et de Maître Miks, notre Chef des Renseignements.
– Nous connaissons et reconnaissons vos talents, Maître Majoline. D’autant que l’Ordre compte un intellectuel Jedi de votre acabit une fois par siècle seulement, nous en avons parfaitement conscience.
Kerdan poursuivit sans relever le compliment.
– Vous avez craint pour la paix dans les trois secteurs quand vous avez constaté ma disparition. Si l’Ordre Jedi en est réduit à se reposer sur un seul et unique homme pour prévenir une guerre, le problème est grave. En fait, c’est tout le programme éducatif des Padawans qui est à revoir. Aujourd’hui, l’Ordre ne recherche que des porteurs de sabrelasers ou presque. Or amplifier ses capacités intellectuelles par le biais de la Force est tout aussi important. Tout utilisateur de la Force a sa place chez les Jedi, indépendamment de sa maîtrise d’une arme mortelle. Vous me trouvez important parce que je réfléchis via la Force, ce qui m’ouvre notamment la porte à une immensité de futurs possibles, mais comme vous l’avez souligné, je suis le seul de mon niveau et rares sont les Jedi ayant eu mes capacités à travers les siècles. Plutôt que de s’étonner de me voir utiliser la Force de cette manière, il faut former nos nouvelles générations à cette approche de la Force.
– Vous n’en avez pas moins négligé vos devoirs envers la mission que le Conseil vous a confiée, rebondit un Tempeï-Liy qui connaissait déjà la réponse que Kerdan allait donner.
– Au contraire. Il y a une semaine, le Conseil m’a donné pour mission de ramener la paix entre les trois secteurs. Grâce à mes capacités, il ne m’a fallu que vingt-quatre heures pour trouver la solution : un plan en cent-trente-sept points, qui devrait être aisé à mettre en place. Mais quand j’ai disparu, vous autres porteurs de sabrelasers n’avez pas envisagé une seconde que le problème de la paix entre les trois secteurs était déjà résolu et vous avez envoyé le Chevalier Tchoo-Nachril à mes trousses.
– Nous avons craint le pire pour vous, se justifia le Grand Maître Lijeril.
– Parce que vous ne comprenez pas mes pouvoirs. Parce que je suis unique. Parce que nous ne prenons pas la peine de former d’autres Jedi tels que moi ; nous nous contentons d’attendre qu’ils apparaissent.
– Pardonnez-moi, Maître Majoline, mais vous avez réellement résolu le problème des trois secteurs ? reprit Lijeril.
– C’était un problème complexe, je le concède. Mais là où la Force vous donne des intuitions sur un champ de bataille, elle m’en donne sur des situations géopolitiques et des dirigeants planétaires : je vois les forces des uns et des autres, leurs faiblesses et la manière d’amener toutes les positions dans une direction acceptables pour tous. Nous n’utilisons pas les mêmes pouvoirs mais poursuivons les mêmes buts, et ma manière de procéder est tout aussi efficace que la vôtre. C’est pourquoi je demande officiellement que le cursus des apprentis Jedi soit bien plus diversifié qu’il ne l’est à l’heure actuelle.
Maddeus Oran Lijeril consulta ses pairs du regard, sans oser utiliser la Force. Tous étaient aussi perplexes et penauds que lui, comme si on venait de leur ouvrir les yeux. Kerdan Majoline était décidément un Maître Jedi très précieux, non seulement occupé à déminer des situations explosives à court terme, mais qui plus est simultanément capable de réfléchir au devenir de l’Ordre et à ses méthodes. Il finit par en sourire et dit :
– Vous êtes en train de nous manipuler, n’est-ce pas, Maître Majoline ?
– Naturellement, Grand Maître.
– Et si je vous chargeais de réfléchir à une réforme du cursus suivi par les Padawans… ?
Kerdan farfouilla à nouveau dans sa mallette et en sortit un datapad.
– Tout, est là, Grand Maître.
– Vous vous rendrez dans les trois secteurs afin de ramener la paix ?
– Tel a toujours été mon but.
– Dans ce cas, le Conseil vous octroie officiellement ce mandat, conclut Lijeril en souriant de plus belle. Que la Force soit avec vous, Kerdan Majoline. Et merci pour la leçon. C’était… rafraîchissant.

Les dix autres Maîtres acquiescèrent.


FIN
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Notsil
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Re: Kerdan Majoline

Message par Notsil »

Toujours aussi plaisant à lire !

A quand les prochaines aventures de ce cher Majoline ? :)
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Minos
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Re: Kerdan Majoline

Message par Minos »

Dans "Tel'Ay III"... qu'il faudra que je reprenne un jour !
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