La Force de l'Amitié (by Yamarus)
Publié : 26 août 2010, 14:05
La Force de l'Amitié
De loin, le Centre Impérial ressemblait à une énorme ampoule flottant dans l’espace, presque plus brillant que son soleil distant et froid. D’après les brochures touristiques procurées par les services des douanes de l’Empire Galactique, c’était sur cette planète qu’était née la race humaine, qui comptait aujourd’hui parmi les plus répandues dans toute la galaxie. Peuplé par un nombre astronomique d’habitants, ce qui était le cœur de la galaxie avait depuis quelques temps perdu de sa splendeur. Du moins c’était l’avis d’un des passagers de l’élégant paquebot corellien Fantaisie Stellaire. Debout devant l’une des grandes baies vitrées, qui donnaient une vue époustouflante sur l’immensité de l’espace, Mon Mothma, Sénatrice de Chandrila, se remémorait avec une certaine nostalgie son adolescence passée sur sa planète natale, un havre de paix et de calme où avaient depuis des temps immémoriaux régnés la démocratie et la liberté. Depuis la fin de la Guerre des Clones et l’extermination des Jedi, il semblait à la jeune femme que c’était l’univers tout entier qui avait pris une teinte plus maussade.
- Mesdames et messieurs, ici le commandant de bord. Nous amorçons notre dernière phase d’approche vers le Centre Impérial avant l’amarrage à la station de transit dans une petite dizaine de minutes. Je vous invite à observer le spectacle époustouflant que propose l’orbite de la capitale dans les salons panoramiques réservés à cet effet pendant que nous terminons nos manoeuvres. Je vous remercie, au nom de l’équipage et du personnel commandant, d’avoir choisi la Compagnie Spatiale du Noyau pour votre voyage et espère vous revoir bientôt à bord de l’un de nos navires.
Etant un délégué officiel du congrès galactique, Mon Mothma pouvait se soustraire aux formalités mises en place dans la station de transit (un des rares reliquats de privilèges autrefois accordés aux Sénateurs de la République). Elle quitta donc le poste d’observation et se dirigea vers une baie-hangar VIP où était posée sa petite navette personnelle, pilotée par un fidèle droïde répondant à la désignation très impersonnelle de R2-N9. Un instant plus tard, le véhicule quitta le mastodonte corellien et prit la direction de l’orbite planétaire. Les moments vécus par les habitants de la galaxie et du Centre Impérial en particulier étaient depuis quelques mois devenus un peu irréels. Après une guerre à l’ampleur sans précédent qui avait vu l’annihilation de milliers de mondes et de dizaines de trillions de vies, voilà que la République intemporelle n’existait plus, ses gardiens Jedi réduits au rang de traîtres corrompus et complètement éradiqués de la face de l’univers. Maintenant, un Empire Galactique se tenait à sa place, mené par un homme vénéré par tous pour sa droiture et son sens de la justice. Palpatine. Pas un jour ne passait sans que l’Empereur ne fasse passer de nouvelles lois ou modifie le budget pour grossir encore l’énorme Marine Impériale, à tel point qu’on venait à se demander si l’espace était assez grand pour contenir tous ses vaisseaux. « Contrer la menace extragalactique » était l’argument de la cour. Et tout le monde semblait s’en contenter, alors que les fonds normalement alloués à l’amélioration des conditions de vies des réfugiés non-humains des secteurs détruits par la Guerre des Clones s’engouffraient dans le chantier titanesque de ce qui devait devenir, dans une petite année, le Palais Impérial. La navette de Mothma passa à proximité des échafaudages de l’une des pyramides presque achevée de la « résidence » impériale, donnant l’occasion à la Sénatrice de voir un énorme droïde de construction placer avec une précision et une rapidité extrêmes des plaques de transpacier sur son sommet.
Quelques minutes plus tard, le véhicule se posa sur le toit de l’ambassade de Chandrila, un gratte-ciel aux dimensions modestes, surtout en comparaison avec ses voisins, qui abritait également les offices d’une centaine d’autres planètes membres et de colonies. Après s’être fait souhaitée la bienvenue par ses collègues de travail, Mon Mothma pénétra dans son grand bureau, dont la fenêtre donnait directement sur le Sénat Impérial. Elle s’installa dans son fauteuil et lu le journal du jour. En information principale, on pouvait y lire que « la rébellion Jedi était prévue depuis bien avant que la Guerre des Clones débute ». La propagande impériale est partout, se dit Mothma. Il lui arrivait parfois d’avoir une montée de larmes en observant les ruines du Temple Jedi, saccagé et pillé par les troupes de l’Empereur cinq mois auparavant. Un autre article attira son attention, et celui-ci fit parcourir un frisson dans son échine. « Les signataires de la Pétition des Deux milles dans le collimateur de la justice pour haute trahison envers l’Empire ». Le document, émit peu avant la fin des hostilités, enjoignait le Chancelier Suprême Palpatine à retourner au Sénat les pouvoirs d’urgences qui lui avaient été conférés au début de la crise séparatiste, trois ans plus tôt. Il contenait, entre autres, la signature de la Sénatrice Mon Mothma. Depuis le jour où elle avait consenti à adhérer à la pétition, elle se savait épiée par les services secrets de Palpatine. Cependant, il semblait qu'elle n'était pas surveillée de manière systématique, si bien qu’elle avait été en mesure de poursuivre ses réunions hebdomadaires avec Bail Organa, à la Maison Cantham, sans attirer les soupçons du Bureau de la Sécurité Impériale. D’ailleurs, c’était ce soir qu’elle revoyait son estimé collègue d’Alderaan. Sur son terminal informatique, elle vit qu’elle avait un message en attente.
- Chère Mon Mothma, nous faisons face à un problème délicat. Je pense ne pas pouvoir vous inviter ce soir à la Maison Cantham, comme il a été prévu. Des circonstances inattendues me forcent à vous donner rendez-vous au 19 025 Avenue des Pionniers. (La Sénatrice prit consciencieusement note de l’adresse sur un bout de papier.) J’ai en ma possession un nouvel élément qui risque bien de nous donner ce que nous recherchons depuis des mois. A ce soir, signé Bail Organa.
Pensive, Mothma éteignit l’écran et se retourna vers le superbe tableau floral aldéranien qu’Organa lui avait offert pour la féliciter de son investiture au Sénat Galactique. Les deux politiciens avaient, depuis qu’ils s’étaient rencontré, entretenus une relation très cordiale qui s’était révélée à plusieurs reprises être à l’épreuve des pressions les plus extrêmes. De fil en aiguille, dans l’adversité qui s’était élevée à leur encontre lorsque Palpatine avait pris de force le pouvoir, ils étaient devenus plus que des collègues aux vues similaires. Ils étaient devenus des amis. La Maison Cantham, résidence de Bail Organa sur Coruscant, était devenue leur lieu de rencontre favori, où ils passaient en général la nuit entière à discuter en long et en large de l’actualité politique on ne peut plus mouvementée. Ces réflexions étaient souvent entrecoupées de discussions à caractère plus privé, lors desquelles Bail confiait fréquemment ses doutes et ses peurs en ce qui concernait sa fille adoptive, Leia. Mon Mothma ne savait pas exactement dans quelles circonstances Leia avait été choisie par Bail, mais elle était sûre qu’elles étaient la raison des crises d’angoisses passagères qui prenaient le Sénateur d’Alderaan par surprise, parfois en public.
Une voix métallique fit sortir Mothma de ses songes.
- Votre Excellence, je me permets de vous déranger pour vous rappeler votre entrevue avec le délégué Garm Bel Iblis de Corellia, dans dix minutes.
Après avoir remercié son droïde de protocole et l’avoir observé se retirer d’une démarche maladroite de l’anti-chambre qui menait à son bureau, Mon Mothma tenta de reprendre le cours de ses pensées, qui lui avaient procurées un sentiment de bien-être inattendu. Elle réalisait en effet à quel point sa vie en tant que politicienne avait bouleversé tout le reste. Son mari et leur jeune fils étaient restés sur Chandrila après son départ définitif de son monde natal huit mois auparavant, et elle s’avouait à elle-même qu’ils ne lui manquaient pas énormément. Son tour du Secteur de Borméa à bord du Fantaisie Stellaire, qu’elle venait d’achever, aurait pu lui permettre de reprendre des nouvelles et de revoir sa famille. Mais elle ne l’avait pas fait, son travail passait avant tout. Et dans cette vie faite de négociations, de pressions et de menaces voilées, Bail Organa lui faisait l’effet d’un matelas relaxant, dans lequel elle se lovait pour évacuer son anxiété.
De loin, le Centre Impérial ressemblait à une énorme ampoule flottant dans l’espace, presque plus brillant que son soleil distant et froid. D’après les brochures touristiques procurées par les services des douanes de l’Empire Galactique, c’était sur cette planète qu’était née la race humaine, qui comptait aujourd’hui parmi les plus répandues dans toute la galaxie. Peuplé par un nombre astronomique d’habitants, ce qui était le cœur de la galaxie avait depuis quelques temps perdu de sa splendeur. Du moins c’était l’avis d’un des passagers de l’élégant paquebot corellien Fantaisie Stellaire. Debout devant l’une des grandes baies vitrées, qui donnaient une vue époustouflante sur l’immensité de l’espace, Mon Mothma, Sénatrice de Chandrila, se remémorait avec une certaine nostalgie son adolescence passée sur sa planète natale, un havre de paix et de calme où avaient depuis des temps immémoriaux régnés la démocratie et la liberté. Depuis la fin de la Guerre des Clones et l’extermination des Jedi, il semblait à la jeune femme que c’était l’univers tout entier qui avait pris une teinte plus maussade.
- Mesdames et messieurs, ici le commandant de bord. Nous amorçons notre dernière phase d’approche vers le Centre Impérial avant l’amarrage à la station de transit dans une petite dizaine de minutes. Je vous invite à observer le spectacle époustouflant que propose l’orbite de la capitale dans les salons panoramiques réservés à cet effet pendant que nous terminons nos manoeuvres. Je vous remercie, au nom de l’équipage et du personnel commandant, d’avoir choisi la Compagnie Spatiale du Noyau pour votre voyage et espère vous revoir bientôt à bord de l’un de nos navires.
Etant un délégué officiel du congrès galactique, Mon Mothma pouvait se soustraire aux formalités mises en place dans la station de transit (un des rares reliquats de privilèges autrefois accordés aux Sénateurs de la République). Elle quitta donc le poste d’observation et se dirigea vers une baie-hangar VIP où était posée sa petite navette personnelle, pilotée par un fidèle droïde répondant à la désignation très impersonnelle de R2-N9. Un instant plus tard, le véhicule quitta le mastodonte corellien et prit la direction de l’orbite planétaire. Les moments vécus par les habitants de la galaxie et du Centre Impérial en particulier étaient depuis quelques mois devenus un peu irréels. Après une guerre à l’ampleur sans précédent qui avait vu l’annihilation de milliers de mondes et de dizaines de trillions de vies, voilà que la République intemporelle n’existait plus, ses gardiens Jedi réduits au rang de traîtres corrompus et complètement éradiqués de la face de l’univers. Maintenant, un Empire Galactique se tenait à sa place, mené par un homme vénéré par tous pour sa droiture et son sens de la justice. Palpatine. Pas un jour ne passait sans que l’Empereur ne fasse passer de nouvelles lois ou modifie le budget pour grossir encore l’énorme Marine Impériale, à tel point qu’on venait à se demander si l’espace était assez grand pour contenir tous ses vaisseaux. « Contrer la menace extragalactique » était l’argument de la cour. Et tout le monde semblait s’en contenter, alors que les fonds normalement alloués à l’amélioration des conditions de vies des réfugiés non-humains des secteurs détruits par la Guerre des Clones s’engouffraient dans le chantier titanesque de ce qui devait devenir, dans une petite année, le Palais Impérial. La navette de Mothma passa à proximité des échafaudages de l’une des pyramides presque achevée de la « résidence » impériale, donnant l’occasion à la Sénatrice de voir un énorme droïde de construction placer avec une précision et une rapidité extrêmes des plaques de transpacier sur son sommet.
Quelques minutes plus tard, le véhicule se posa sur le toit de l’ambassade de Chandrila, un gratte-ciel aux dimensions modestes, surtout en comparaison avec ses voisins, qui abritait également les offices d’une centaine d’autres planètes membres et de colonies. Après s’être fait souhaitée la bienvenue par ses collègues de travail, Mon Mothma pénétra dans son grand bureau, dont la fenêtre donnait directement sur le Sénat Impérial. Elle s’installa dans son fauteuil et lu le journal du jour. En information principale, on pouvait y lire que « la rébellion Jedi était prévue depuis bien avant que la Guerre des Clones débute ». La propagande impériale est partout, se dit Mothma. Il lui arrivait parfois d’avoir une montée de larmes en observant les ruines du Temple Jedi, saccagé et pillé par les troupes de l’Empereur cinq mois auparavant. Un autre article attira son attention, et celui-ci fit parcourir un frisson dans son échine. « Les signataires de la Pétition des Deux milles dans le collimateur de la justice pour haute trahison envers l’Empire ». Le document, émit peu avant la fin des hostilités, enjoignait le Chancelier Suprême Palpatine à retourner au Sénat les pouvoirs d’urgences qui lui avaient été conférés au début de la crise séparatiste, trois ans plus tôt. Il contenait, entre autres, la signature de la Sénatrice Mon Mothma. Depuis le jour où elle avait consenti à adhérer à la pétition, elle se savait épiée par les services secrets de Palpatine. Cependant, il semblait qu'elle n'était pas surveillée de manière systématique, si bien qu’elle avait été en mesure de poursuivre ses réunions hebdomadaires avec Bail Organa, à la Maison Cantham, sans attirer les soupçons du Bureau de la Sécurité Impériale. D’ailleurs, c’était ce soir qu’elle revoyait son estimé collègue d’Alderaan. Sur son terminal informatique, elle vit qu’elle avait un message en attente.
- Chère Mon Mothma, nous faisons face à un problème délicat. Je pense ne pas pouvoir vous inviter ce soir à la Maison Cantham, comme il a été prévu. Des circonstances inattendues me forcent à vous donner rendez-vous au 19 025 Avenue des Pionniers. (La Sénatrice prit consciencieusement note de l’adresse sur un bout de papier.) J’ai en ma possession un nouvel élément qui risque bien de nous donner ce que nous recherchons depuis des mois. A ce soir, signé Bail Organa.
Pensive, Mothma éteignit l’écran et se retourna vers le superbe tableau floral aldéranien qu’Organa lui avait offert pour la féliciter de son investiture au Sénat Galactique. Les deux politiciens avaient, depuis qu’ils s’étaient rencontré, entretenus une relation très cordiale qui s’était révélée à plusieurs reprises être à l’épreuve des pressions les plus extrêmes. De fil en aiguille, dans l’adversité qui s’était élevée à leur encontre lorsque Palpatine avait pris de force le pouvoir, ils étaient devenus plus que des collègues aux vues similaires. Ils étaient devenus des amis. La Maison Cantham, résidence de Bail Organa sur Coruscant, était devenue leur lieu de rencontre favori, où ils passaient en général la nuit entière à discuter en long et en large de l’actualité politique on ne peut plus mouvementée. Ces réflexions étaient souvent entrecoupées de discussions à caractère plus privé, lors desquelles Bail confiait fréquemment ses doutes et ses peurs en ce qui concernait sa fille adoptive, Leia. Mon Mothma ne savait pas exactement dans quelles circonstances Leia avait été choisie par Bail, mais elle était sûre qu’elles étaient la raison des crises d’angoisses passagères qui prenaient le Sénateur d’Alderaan par surprise, parfois en public.
Une voix métallique fit sortir Mothma de ses songes.
- Votre Excellence, je me permets de vous déranger pour vous rappeler votre entrevue avec le délégué Garm Bel Iblis de Corellia, dans dix minutes.
Après avoir remercié son droïde de protocole et l’avoir observé se retirer d’une démarche maladroite de l’anti-chambre qui menait à son bureau, Mon Mothma tenta de reprendre le cours de ses pensées, qui lui avaient procurées un sentiment de bien-être inattendu. Elle réalisait en effet à quel point sa vie en tant que politicienne avait bouleversé tout le reste. Son mari et leur jeune fils étaient restés sur Chandrila après son départ définitif de son monde natal huit mois auparavant, et elle s’avouait à elle-même qu’ils ne lui manquaient pas énormément. Son tour du Secteur de Borméa à bord du Fantaisie Stellaire, qu’elle venait d’achever, aurait pu lui permettre de reprendre des nouvelles et de revoir sa famille. Mais elle ne l’avait pas fait, son travail passait avant tout. Et dans cette vie faite de négociations, de pressions et de menaces voilées, Bail Organa lui faisait l’effet d’un matelas relaxant, dans lequel elle se lovait pour évacuer son anxiété.